The First : notre interview de Beau Willimon, créateur de la série

The First : notre interview de Beau Willimon, créateur de la série

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Découvrez notre interview de Beau Willimon (House of Cards), showrunner de The First avec Sean Penn. La série se déroule dans un futur proche et suit la mise en place d'une mission d'astronautes pour se rendre sur Mars. Vous pouvez d'ailleurs déjà découvrir l'intégralité de la première saison de The First en exclusivité sur OCS.

Pourquoi l’espace ? Pourquoi Mars ?

C’est une grande question ! Je pense que c’est même l’une des questions que la série se pose. Pourquoi est-ce important ? Pourquoi ça vaut le coup d’y aller ? Et les différents personnages que nous suivons nous aident à répondre à ces deux questions. Pour moi, il y a quelque chose de profondément ancré dans l’esprit humain qui le pousse à aller à la découverte de l’inconnu, de répondre à des questions comme : quelle est notre place ? Qu’est-ce que tout cela veut-il dire ? Nous voulons toujours agrandir nos connaissances et notre compréhension de l’univers autour de nous et je pense que c’est un aspect profond et essentiel de ce que nous sommes.

Qui est Tom Hagerty (Sean Penn) ?

Dans notre histoire, Tom Hagerty est l’un des astronautes les plus accomplis. C’est quelqu’un qui est allé sur la Lune et en est revenu. C’est quelqu’un qui a choisi et entraîné tous les membres de l’équipage qui doit être le premier à se rendre sur Mars. Dans le premier épisode on découvre qu’il ne fait plus partie de la mission sans qu’on ne sache pourquoi et peu à peu on comprend les raisons au fil de la saison. C’est un homme en plein conflit, divisé entre deux sens du devoir : celui de réaliser sa destinée en tant qu’astronaute et son devoir de père et de mari. Et il va se poser la question : que dois-je prioriser si je ne peux pas réaliser ces deux choses ?

Êtes-vous d’accord pour dire que la série est plus centrée sur le développement des personnages que sur Mars ?

Oui, je suis d’accord. On passe beaucoup de temps à parler et décortiquer la mission et son aspect scientifique, mais notre focus est vraiment sur les gens. Quand on parle d’une mission comme celle-ci, il s’agit de vraies personnes et c’est une entreprise dangereuse. Cela force les personnages à se poser des questions bien difficiles sur eux-mêmes. J’ai toujours été attiré par les histoires où les personnages se poussent dans leur retranchement, où ils ont de grandes ambitions et dans cette histoire on voit à la fois la gloire et le prix de cette ambition. Pour moi, c’est vraiment le centre de l’histoire : qu’est-ce qu’une telle mission révèle sur le cœur humain ?

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour créer The First ?

J’ai toujours été intéressé par l’exploration de l’univers et par la science. D’ailleurs, lorsque j’ai commencé l’université mon plan était de devenir un physicien. Mais je me suis vite rendu compte que mon niveau en maths n’était pas assez fort. Donc je suis finalement passé de la science aux arts, et je pense que les deux sont très similaires. Les deux demandent une grande curiosité, de l’imagination et aussi beaucoup de tâtonnements. Ils cherchent tous les deux à mieux comprendre le monde et l’univers mais de façons différentes.

Aussi, mon père était un ingénieur, il a travaillé pour la marine américaine et quand j’étais petit il m’a emmené dans un sous-marin et voir toutes cette technologie, qui ressemblait beaucoup à un vaisseau spatial, je pense que ça a éveillé ma curiosité sur ce que ça pouvait faire de vivre dans un engin pareil et se rendre dans des endroits dangereux.

The First est une série sur l’espace mais aussi sur le deuil, pourquoi avoir traité ces deux sujets ensemble ?

Quand on s’embarque dans ce type de missions, il faut accepter le fait qu’il y a des risques, que des personnes peuvent mourir. Tout le monde ne se demande pas le matin avant d’aller au travail : ‘et si je ne reviens pas à la maison ce soir ?’. Et je pense que c’était important dans cette première saison d’explorer les enjeux et risques d’une mission pareille. Nous rappelons aux téléspectateurs dès le départ que c’est une situation de vie ou de mort et que cela va demander de grands sacrifices, émotionnels et psychologiques. Ignorer ou ne pas s’attarder sur cet aspect aurait été une façon malhonnête de raconter cette histoire.

 

Bien que le personnage principal, Tom Hagerty, soit un homme, la série met en avant quatre personnages féminins (Sadie, Denise, Laz et Kayla). Pourquoi cela était-il important pour vous ? Diriez-vous que The First est une série féministe ?

Le personnage de Sean Penn est certainement au centre de l’histoire, mais je dirais que The First est plus une série chorale. Votre travail en tant qu’artiste est d’explorer le monde autour de vous et la moitié du monde est composé de femmes. Donc si vous racontez une histoire sur le monde autour de vous, je pense que c’est important que vous ayez autant de personnages féminins intéressants et complexes que de personnages masculins.

Aussi, l’histoire se déroulant dans les années 2030, c’était bien d’imaginer un monde avec plus de femmes astronautes et c’était un choix très excitant à faire. Si par le passé, le monde des astronautes a été largement dominé par les hommes, il n’y a pas de raisons d’imaginer un futur avec plus de femmes.

Si imaginez un monde plus égalitaire entre les genres est considéré comme étant féministe, alors la série est féministe. Mais je pense que c’est juste une représentation de ce que le monde pourrait faire et devrait être.

Il y a beaucoup de nouvelles technologies dans The First, quelles étaient vos inspirations pour les créer ?

C’est très difficile d’imaginer un futur proche. Parce que quand on pense à un monde qui se déroule seulement 13 ans dans le futur, il faut que ce soit assez proche de ce qu’on connait en 2018. Alors que quand l’intrigue se déroule dans 100 ou 1000 ans, on peut avoir des voitures volantes, des gens qui se téléportent et on se dit que tout aura été résolu.

On s’est principalement concentré sur les outils de communication et les voitures. On a spéculé que la majorité des voitures se conduiraient toutes seules et seraient électriques. On a aussi beaucoup réfléchi à la façon dont les gens communiquaient. Il y a 20 ans, très peu de gens avaient de smartphones et maintenant ils sont une grosse partie de nos vies et donc on s’est demandé : ‘qu’est-ce que ce sera dans 13 ans ?’. Nous avons dû créer des technologies qui n’existent pas pour le moment et cela nous a demandé beaucoup de travail. Mais tout ce que vous voyez dans la série est le résultat de beaucoup de recherches et vous pouvez mettre pause sur les lunettes par exemple et voir tous les petits détails, rien n’est fait au hasard.

Une saison 2 est-elle planifiée ?

On a des plans pour continuer l’histoire et notamment voir le deuxième équipage pendant son voyage vers Mars. Mais pour le moment, on se concentre sur la saison 1 et si elle intéresse assez de personnes, on pourra parler d’une saison 2.

Marion Le Coq

Marion Le Coq

Journaliste

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