Star Trek : Picard, interview de Patrick Stewart et Michelle Hurd
Publié le Mise à jour le Par Romain Cheyron
Star Trek Picard débarque ce vendredi 24 janvier 2020 sur Amazon Prime Video, et pour l'occasion Serieously a rencontré l'immense Patrick Stewart aux côtés de la nouvelle venue Michelle Hurd, qui se sont confiés sur la série.
Pourquoi avez-vous décidé de revenir dans l’univers Star Trek ?
Patrick Stewart : Au début je ne voulais pas. Ces dernières années il y a eu de nombreuses approches, discussions, idées proposées, et j’ai toujours refusé de le faire parce que ce que nous avons fait entre 1987 (le début de Star Trek : Next Generation) et 2002 (année de sortie du dernier film), c’est très bien, c’était suffisant. Et il n’y avait plus de choses à ajouter, à raconter. J’ai dit ‘au revoir’ (en français, ndlr) à Jean-Luc. Mais Alex Kurtzman (créateur de Star Trek : Picard et producteur et scénariste des deux derniers films sortis) a persisté à plusieurs reprises et m’a apporté de nouvelles idées fraîches pour le personnage et l’unvers, et ça a attiré mon attention.
Ces 10 dernières années j’ai été Prof X dans la franchise X-Men au cinéma, et alors que je pensais en avoir terminé, il y a quelques années on m’a apporté le script de Logan, et c’est un des trucs les plus dingues que j’ai lu. Je n’avais jamais rien vu de tel dans les précédents films de la saga. J’ai adoré parce qu’on ne continuait pas simplement l’histoire, là le passé était complètement effacé, et on se trouvait dans un monde totalement différent. C’était incroyable d’être dans ce nouvel univers. Alors lors des premières réunions pour Star Trek : Picard, j’ai beaucoup fait référence à ce film, pas parce que je voulais qu’ils le copient, mais pour trouver la même essence, de raconter l’évolution du personnage à travers son âge maintenant avancé, dans un monde totalement différent qu’il y a 17 ans. Un changement radical. Voilà pourquoi j’ai dit non au début, et pourquoi j’ai accepté ensuite.
Et vous, pourquoi avez vous accepté ?
Michelle Hurd : Comment j’aurais pu refuser ? L’opportunité de travailler avec Patrick Stewart est quelque chose qu’aucun acteur, et je dis bien aucun, ne refuserait. Tout le monde sauterait sur l’occasion. Travailler avec lui est quelque chose qui n’a pas de prix. Et j’aurais cette expérience pour moi pour le reste de ma vie. Mais je voulais aussi faire partie d’un héritage aussi important et iconique. Stark Trek n’est pas seulement une série, c’est un mode de vie pour des millions de fans, quelque chose qui a pu les sauver. Des représentations importantes pour ces gens qui se pensaient peut-être seuls. Je suis métisse, j’ai une mère blanche et un père noir, et je me souviens quand j’étais plus jeune que mon père voulait qu’on regarde seulement des séries inclusives et en tant qu’enfant je ne comprenais pas vraiment pourquoi. L’une des séries qu’on regardait toujours en famille était Star Trek. Quand j’ai eu ce boulot j’ai eu des flashback de mon enfance, quand on la regardait et j’ai compris. Il y avait une femme noire, à la télévision, et elle n’était pas une femme de ménage, ou la concubine, elle avait une grande importance. Et c’était le premier couple interracial, et mes parents ont dû se battre pour pouvoir s’embrasser ou se marier.
Patrick Stewart : Quand Whoopy Goldberg a rejoint la série lors de la deuxième saison, elle venait juste de remporter un Oscar. C’était une vraie star venue jouer un personnage dans une série de science-fiction, et le premier jour je lui ai demandé : ‘mais qu’est ce que tu fais là ?’ (rires) et elle m’a raconté une histoire similaire à la tienne. Elle a grandi dans le quartier d’Hells Kitchen à New York, et elle regardait la série et elle m’a dit ‘quand j’ai vu Nichelle Nichols à l’écran, je me suis dit que l’une d’entre nous avait réussi. Une femme noire est importante’. Alors c’était sa façon de dire merci.
Star Trek a eu un énorme impact culturel année après année, décennie après décennie. Et c’est encore le cas aujourd’hui, est-ce parce que les gens ont encore besoin de ces représentations ?
Michelle Hurd : Oh oui. C’est fou qu’encore aujourd’hui en 2020 ces batailles et ces luttes existent toujours. Nos scénarios parlent d’humanité, de ces luttes, de ces personnes qui sont négligés et discriminés. C’était le cas dans les séries précédentes de Star Trek, et c’est toujours le cas dans celle-ci. Quand on fait des panels et que le moment des questions de fans arrive, voir toute cette diversité c’est magnifique, c’est beau. On sent qu’ils sont fiers et heureux d’être représentés dans une franchise aussi importante. C’est une série incroyable pour ces raisons, pour ces gens qui ne sont plus du tout invisibilisés. Et ça a toujours été le pouvoir de Star Trek, garder l’importance de nos voix, de nos luttes, et d’une façon divertissante et intelligente.
A quel point le Jean-Luc Picard d’aujourd’hui diffère par rapport à celui d’il y a 17 ans ?
Patrick Stewart : Il est retraité, il est devenu amiral entre temps, et il est de retour chez lui au Château Picard. Où on l’a vu une seule fois dans la série originale. Maintenant c’est sa vie. Mais il se rend rapidement compte que les choses ne vont pas. Et une preuve que le monde a considérablement changé, c’est la présence des Romuliens travaillant avec lui, dans son domaine. Quelque chose qui n’aurait jamais pu arriver dans la série Next Generation.
La saison 1 de Star Trek Picard est disponible chez Paramount Vidéo.
Romain Cheyron
Journaliste