"Quel couillon..." : pourquoi le réalisateur du Corniaud a-t-il rendu furieux Louis de Funès pendant le tournage ?

« Quel couillon… » : pourquoi le réalisateur du Corniaud a-t-il rendu furieux Louis de Funès pendant le tournage ?

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Sorti en 1965 au cinéma, Le Corniaud est depuis devenu un film culte, et l’un des plus gros succès de Bourvil et Louis de Funès. Fine fleur de la comédie, le tournage du film français a pourtant été semé d’embûches et de moments moins drôles que d’autres, tels que la « grève du masque » de la star de Fantômas et du Gendarme de Saint-Tropez.

Six mois, c’est le temps qu’aura duré le tournage du Corniaud. Du 31 août au 7 décembre 1964, Bourvil et Louis de Funès se sont donc glissés dans la peau d’Antoine Maréchal et de Léopold Saroyan, sous la direction de Gérard Oury, réalisateur du Corniaud à qui l’on doit également La Grande Vadrouille. Et si sur le tournage, l’ambiance était au beau fixe, il y a néanmoins eu quelques moments de friction entre de Funès et Oury, qui ont mis à mal la production du long-métrage.

« Puisque c’est comme ça, je ne joue plus ! » : la surprenante décision de Louis de Funès sur le tournage du Corniaud

Bourvil (Antoine Maréchal) et Louis de Funès (Léopold Saroyan) dans Le Corniaud
© Valoria Films

Nous sommes à Rome, fin août 1964, la veille de début du tournage du Corniaud, quand les premiers ennuis commencent pour son réalisateur, Gérard Oury. Dans ses mémoires, ce dernier raconte en effet qu’après qu’un des enfants d’un de ses assistants ait emprunté en secret et accidenté la Jaguar verte dans laquelle le personnage de Louis de Funès doit suivre celui de Bourvil à travers l’Italie, le tournage a complètement été chamboulé. En attendant de recevoir une nouvelle voiture, celui qui incarne Saroyan prend donc son mal en patience, tandis que l’interprète d’Antoine Maréchal enchaîne les scènes.

Problème résolu jusqu’ici, mais quand quinze jours plus tard, Gérard Oury présente les premiers rushes à l’équipe du film, Louis de Funès ne rit plus. « Quel couillon j’ai été, quel manque de psychologie ! Inviter Louis à des rushes dont je sais qu’il est presque totalement absent« , se désole dans ses mémoires le réalisateur. Affligé par la mise en avant du personnage de Bourvil qui ne correspond pas à la promesse d’égalité vendue par Oury, l’acteur s’agace, et menace l’équipe de faire la « grève du masque » : « Puisque c’est comme ça, je ne joue plus !« .

louis de funès dans le rôle de léopold saroyan dans le corniaud
© Valoria Films

En réalité, cette dernière, durant laquelle le comédien joue ce qu’on lui demande sans grimace ou expression particulière, ne durera que 24 heures. Pourtant, des années plus tard, cet épisode était toujours douloureux à évoquer pour le réalisateur. « Mon cœur se serre chaque fois que je revois Le Corniaud. Je sais exactement à quel endroit du film se trouve le plan où Louis ne joue plus. Il pense que son ami l’a trahi. Cela me rend rétrospectivement très malheureux« , déclarait-il dans son autobiographie publiée en 1988.

« Je crois que nous nous complétons merveilleusement » : les tendres confidences de Louis de Funès sur son ami Bourvil

Louis de Funès et Bourvil dans le film Le Corniaud.
© Valoria Films

Si des frictions sont donc apparues entre Gérard Oury et Louis de Funès, l’acteur n’a néanmoins eu aucun problème avec sa co-star, Bourvil. Tout au long du tournage de la comédie française, les deux comédiens ont travaillé main dans la main, sans accroc, tout comme il l’avait déjà fait en partageant l’affiche de Poisson d’avril, des Hussards, d’Un clair de lune à Maubeuge mais aussi de La Traversée de Paris dans les années 50-60.

S’ils étaient donc déjà habitués à travailler ensemble, au moment du tournage du Corniaud, les deux acteurs n’en étaient néanmoins pas au même niveau de popularité. Depuis Le Jour le plus long ou encore La Cuisine au beurre aux côtés de Fernandel, Bourvil a enchaîné les succès, et est désormais au sommet de sa célébrité. Tandis que du côté de Louis de Funès, la gloire tarde à arriver, malgré une belle consécration dans Le Gendarme de Saint-Tropez et Fantômas. S’il faudra donc attendre la sortie du Corniaud pour que ce dernier puisse être élevé au même rang d’acteur que son comparse, sur le tournage du film, aucune différence de traitement n’existe entre les deux hommes.

bourvil et de Funès dans le corniaud
© Valoria Films

« On m’a souvent demandé si ça ne m’avait pas gêné de travailler avec Bourvil. Pas le moins du monde. Je crois que nous nous complétons merveilleusement« , avait ainsi confié le comédien à un journaliste du magazine Ciné-Revue. Accueillant à bras ouverts de Funès, Bourvil a permis au comédien de lancer véritablement sa carrière, en ne le reléguant pas au second plan.

« Il a été d’une grande gentillesse avec moi. Il a accepté mon nom à côté du sien, au-dessus du titre, comme l’avait fait d’ailleurs Jean Marais dans Fantômas. C’étaient pourtant eux les stars alors que je n’étais pas grand-chose. Grâce à eux, celui qui était toujours en bas de l’affiche s’est retrouvé un jour en haut. C’est important dans une carrière. S’ils m’avaient laissé en bas, j’aurais pu y rester longtemps« , avait dévoilé, ému, Louis de Funès au média français. Une belle preuve de confiance, qui a porté ses fruits, et qui a inscrit à tout jamais le duo mythique dans les annales du 7ème art.

Eloïse Judéaux Legendre

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