Pourquoi les héroïnes Disney d’aujourd’hui ne tombent-elles plus amoureuses ?

Pourquoi les héroïnes Disney d’aujourd’hui ne tombent-elles plus amoureuses ?

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Pendant longtemps, les studios d’animation Disney nous ont habitués à de belles histoires d’amour, qui se terminaient bien souvent par un mariage et beaucoup d’enfants. Mais alors qu’un vent de féminisme souffle de plus en plus fort sur le monde enchanté, les héroïnes embrassent désormais le célibat. Un célibat choisi et assumé. 

« Un jour mon prince viendra, un jour on s’aimera ». Voici les paroles d’un rêve révolu, qui n’enchante plus les jeunes filles d’aujourd’hui. Blanche-Neige, Aurore, Cendrillon et Ariel font maintenant partie d’un autre temps et leurs désirs aussi. Si elles songeaient toutes à l’homme idéal en parlant aux oiseaux, les héroïnes du XXIème siècle ne sont plus pensées sur le même modèle. Qu’il s’agisse d’Elsa, de Vaiana, de Mirabel ou encore d’Asha, les dernières stars animées créées par les studios Disney ont bien d’autres ambitions que celles de tomber amoureuses. Et c’est bien pourquoi la maison aux grandes oreilles n’a proposé aucune romance depuis plus de dix ans.

Des héroïnes fortes et indépendantes chez Disney

Elsa dans La Reine des Neiges 2
© Disney

Ainsi en 2013, Anna tombait sous le charme de Kristoff dans La Reine des Neiges. Une jolie romance enneigée qui a, cependant, signé l’arrêt des histoires d’amour chez Disney. Depuis, aucune héroïne des studios n’a plus vécu la moindre idylle. Vaiana a pris le large, aspirant à sauver son île d’une sombre malédiction, Elsa s’est concentrée sur son développement personnel et sur des problématiques écologiques, Raya s’est battue pour sauver son peuple et Mirabel pour maintenir la magie au coeur de sa famille.

Autant de projets et de batailles importantes, qui leur ont permis de gagner en indépendance, tout en prouvant leur valeur, tant intellectuelle, que physique ou émotionnelle au public. Une nouvelle direction plus féministe choisie par la maison Disney, lassée d’essuyer des critiques visant ses princesses, jugées trop lisses.

Jamais motivées par de grandes ambitions autres que le mariage et la famille, toujours sauvées par des hommes et jamais vraiment décisionnaires de leur vie, les héroïnes Disney ont effectivement mené une existence assez effacée pendant de nombreuses années. Ce n’est que dans les années 90, que les films d’animation du monde enchanté ont commencé à mettre en lumière des femmes fortes, courageuses et dotées de tempérament de feu. 

Esmeralda dans le film d'animation Le Bossu de Notre-Dame
© Disney

En 1996, les spectateurs découvraient ainsi Esmeralda, une bohémienne haute en couleur, capable de ridiculiser un juge sur la place publique, d’affronter un chevalier avec un simple chandelier ou encore de se battre pour ses convictions. Une femme ardente et passionnée, qui dévoilait donc un sacré caractère !

Peu après, c’est Mulan, qui a été mise sous le feu des projecteurs. Déguisée en homme pour rejoindre l’armée chinoise afin de sauver son père, cette dernière a montré au monde entier que l’intelligence d’une femme, combinée à sa détermination, pouvait sauver tout un empire. Et ce, avec bien plus de panache que les hommes !

Mulan combat Shan-Yu à la fin du film Disney
© Disney

A partir de là, les héroïnes de Disney sont véritablement sorties de la cuisine dans laquelle elles étaient jusque-là enfermées pour connaître des intrigues plus intéressantes, qui les autorisaient à mettre en avant leurs nombreuses qualités, mais aussi parfois leurs défauts. Eh oui, pour dresser des portraits de femmes authentiques, les scénaristes des studios ont cherché à créer des personnages nuancés, pleins de blessures et de fragilités.

Ces héroïnes sont donc devenues de plus en plus détaillées et réalistes, suivant également les tendances de la société. Plus de diversité, plus de responsabilités, plus de liberté… Tellement de nouveaux éléments qui ne laissent finalement plus tellement de place aux histoires d’amour. 

Les princesses peuvent-elles être féministes et amoureuses ?

Image Vaiana 2
© Disney

Si les personnalités des nouvelles héroïnes Disney ont été bien accueillies par le public, heureux d’avoir de nouveaux modèles féminins, autonomes, courageux et inspirants, certains regrettent néanmoins que ces jeunes femmes n’aient plus droit à l’amour. Être indépendante est-il incompatible avec le fait d’être amoureuse ? C’est ce que les studios Disney semblent vouloir dire, ou du moins penser. La firme ayant visiblement été refroidie par les critiques et remarques négatives liées aux romances des anciennes figures de l’animation, il semblerait que les nouvelles directives tendent désormais à maintenir les personnages dans un célibat éternel. 

Ainsi, même les héroïnes dont les aventures s’étendent sur plusieurs volets ne font plus la moindre rencontre amoureuse. Elsa n’a, par exemple, pas eu d’intrigue romantique dans La Reine des Neiges 2, tandis que Vaiana ne devrait pas en connaître non plus dans le deuxième film centré sur elle, qui sortira le 27 novembre prochain. 

Elsa chante Libérée, délivrée dans le film La Reine des Neiges
© Disney

Cela peut notamment s’expliquer par le fait que les équipes des films Disney cherchent avant tout à créer des exemples féminins inspirants, pour se faire pardonner les erreurs passées. Et inclure un personnage masculin risquerait de prendre trop de place dans le scénario, empêchant de développer certains axes intéressants autour de la personnalité complexe de la jeune femme au coeur du récit.

Par ailleurs, Disney étant toujours en quête de nouveauté, les auteurs essaient aussi de raconter de nouvelles histoires, abordant différents pans de la vie. L’amour et le mariage ayant été mis en scène dans des dizaines et des dizaines de films, l’intérêt réside aujourd’hui dans d’autres thèmes, comme l’amitié, le voyage, la solitude, la peur, le rêve ou encore la vengeance.

En plus de cela, de nombreuses études montrent que les jeunes se détournent de plus en plus de l’amour, construisant leur vie autour de nouveaux objectifs. La romance n’est donc plus tellement au centre des préoccupations de la société contemporaine et ne reflète plus non plus les désirs et aspirations des jeunes des années 2020.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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