Buzz l’éclair : Angus MacLane, « L’idée était de faire un thriller de sci-fi cool » [Interview]

Dérivé de la franchise Toy Story, Buzz l’éclair suit les aventures du Ranger de l’espace qui a inspiré le célèbre jouet d’Andy. Un long-métrage d’animation intergalactique, qui propulse les studios Pixar vers l’infini et au-delà. A l’occasion de la présentation du film au festival d’Annecy, Serieously a eu la chance d’échanger avec le réalisateur Angus MacLane. Rencontre. 

. Comment l’idée de réaliser un film centré sur Buzz l’éclair a-t-elle germé dans votre esprit ?

Je me suis vraiment lié au personnage quand j’ai commencé à travailler en tant qu’animateur sur Toy Story 2. Alors, quand le temps est venu de proposer un nouveau projet après Le monde de Dory, j’ai eu envie de me lancer dans un film d’aventure et de science-fiction. Un long-métrage sur Buzz l’éclair m’a semblé être le parfait compromis entre une histoire sympathique à raconter et un film intéressant à voir. 

. En plus d’être un film d’animation, Buzz l’éclair est un film de genre. Quelles ont été vos inspirations pour écrire cette aventure et créer un univers aussi riche ?

Même si j’ai puisé des idées dans un large panel de films de science-fiction, j’ai surtout été inspiré par les thrillers. Je voulais faire un thriller dans l’espace où Buzz l’éclair serait confronté à des situations difficiles et devrait se battre pour survivre. J’ai regardé beaucoup de films de Hitchcock, mais aussi des thrillers et films d’action modernes, comme Mission Impossible ou Star Trek, ce genre de choses. Esthétiquement, en revanche, il y a beaucoup d’éléments issus de la période sci-fi comprise entre 1977 et 1987.

. Pour la première fois chez Pixar, l’un des personnages principaux est ouvertement homosexuel. Comment avez-vous travaillé et écrit cette partie importante de l’histoire en sachant qu’elle marquerait un grand pas pour les studios et susciterait de nombreuses polémiques ?

Nous savions que nous voulions un personnage comme Alisha. Il fallait qu’elle soit un leader, un mentor et une partenaire pour Buzz, mais pas dans le sens romantique du terme. Donc le fait qu’elle soit queer a permis d’instaurer de la clarté dans leur relation. Il était évident qu’il n’y avait pas de romance entre eux, c’était plutôt une relation de frère et soeur. Cela nous a aussi aidés pour le second acte, lorsque nous rencontrons Izzie. Nous ne voulions pas que cela apparaisse comme une deuxième chance bizarre pour Buzz, étant donné que cette dernière fait partie de la famille d’Alisha. 

Nous avons donc travaillé par étapes. Nous avons écrit, fait les storyboards et les planches. Nous nous sommes assurés que cela semblait authentique et nous avons d’ailleurs pris des avis de la communauté queer pour vérifier que cela était bien fait et approprié.

. Vous avez également introduit un nouveau genre d’animal de compagnie en la qualité de Sox. Comment cette brillante idée est-elle née ? 

Nous avions besoin d’un personnage avec lequel Buzz puisse parler à travers le temps et nous avons d’abord imaginé un singe assistant. Nous pensions qu’un singe robot serait amusant, mais il était difficile de l’animer et le faire bouger proprement. Alors, j’ai imaginé qu’un chat en train de taper sur un clavier d’ordinateur serait amusant et c’est comme cela que Sox est né. Nous voulions un personnage mignon qui puisse être le fidèle compagnon de Buzz et qui soit drôle, mais pas de manière sarcastique. Il fallait qu’il soit sincère et que son charme vienne de ses mouvements limités et de son hilarante positive attitude. 

. Un chat roux dans l’espace… Cela fait penser à Jones (ou Jonesy en VO), le chat dans Alien. Doit-on y voir une référence ? 

Oui…mais non. Nous avons parcouru un long chemin afin de trouver la bonne couleur pour Sox. C’est vrai que le chat de Alien a eu une certaine influence et ce n’est pas le seul… Morris le chat, célèbre aux Etats-Unis est orange tigré, Garfield est orange tigré également, Le chat qui vient de l’espace est aussi orange tigré… Buzz portait un costume rouge à un moment, puis un costume blanc par la suite et ce qui se mariait le mieux avec ça était la couleur orange. C’était le meilleur contraste pour le chat. C’est sympa que ce soit une sorte de clin d’oeil à Alien, mais ce n’était pas vraiment voulu. C’était simplement la bonne couleur. Sox n’est d’ailleurs pas un chat tigré, il est juste orange. 

. Le film aborde la question du foyer et de ce qui nous permet de nous sentir à la maison. Pourquoi avoir choisi de traiter ce sujet-là ? 

Le temps pour nous, cinéastes de l’animation, est très particulier. Entre le moment où nous entamons le film et le moment où nous le terminons, il s’écoule plusieurs années. Quand nous achevons enfin le projet, le monde a changé. Les gens autour de vous semblent plus vieux, mais vous avez l’impression d’avoir le même âge, même si ce n’est pas le cas. Et, je pense que le sentiment d’être chez vous, où de ce que vous identifiez comme chez vous, évolue avec l’âge. Plus jeune, c’est votre ville de naissance, puis petit à petit cela devient le groupe de personnes avec lequel vous passez le plus de temps. Et, je trouve que c’est un sentiment très fertile et fascinant à creuser. 

. Y-aura t-il davantage de spin-offs de Toy Story à l’avenir ?

Je ne crois pas qu’il y ait des projets de ce type. On était uniquement intéressés par l’histoire de Buzz et l’idée d’en faire un film de sci-fi cool, c’est tout. 

Découvrez Buzz l’éclair au cinéma à partir du 22 juin 2022.