Pauvres Créatures : l’obsession cinéma de la semaine
Publié le Mise à jour le Par Alexia Malige
Six ans après La Favorite, le réalisateur grec Yórgos Lánthimos revient avec un nouvel OVNI cinématographique porté par l’actrice Emma Stone. Avec Pauvres Créatures, il signe ainsi un conte baroque et fantastique, où humanité et féminisme ont une place de choix.
Sommaire
C’est quoi ?
Après s’être donné la mort pour échapper à son mari violent, Bella est ramenée à la vie par le Dr Godwin Baxter, un médecin aux méthodes peu orthodoxes. Ce dernier remplace alors le cerveau de la jeune femme par celui de son enfant à naître, en faisant une créature tout à fait singulière. A son réveil, elle exprime donc une grande soif d’apprendre et souhaite découvrir tout ce que le monde a à lui offrir. Elle s’enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat débauché qui va lui faire connaître les plaisirs de la chair et de la vie dans une folle odyssée à travers les différents continents de la planète.
Y’a qui ?
Mis en scène par le cinéaste grec Yórgos Lánthimos, multirécompensé pour ses précédents longs métrages – The Lobster, Mise à mort du cerf sacré, La Favorite – Pauvres Créatures jouit d’un casting de première classe, qui a déjà commencé à rafler les prix lors des grandes cérémonies du cinéma de ce début 2024. En tête d’affiche, on retrouve ainsi Emma Stone (La La Land), saluée par le trophée de la meilleure actrice dans un film musical ou une comédie lors de la soirée des Golden Globes du 7 janvier dernier. A ses côtés, on retrouve Mark Ruffalo (Avengers), Willem Dafoe (Spider-Man : No Way Home), Ramy Youssef (Ramy), Christopher Abbott (The Crowded Room), Suzy Bemba (Tout va bien) et Jerrod Carmichael (Ramy).
C’est un peu comme…
Entre humour noir et monde rétro-futuriste, Pauvres Créatures propose un voyage intense et original centré sur la libération de la femme et son affranchissement des codes sociaux. De femme opprimée, Bella renaît femme indépendante. Seules ses envies comptent et ces dernières vont la conduire à explorer sans mesures ni limites dans un monde régi par les règles et les restrictions.
Adaptée du roman éponyme de l’écrivain écossais Alasdair Gray, l’histoire de Pauvres Créatures emprunte à différents genres, mêlant humanité expérimentale à la Mary Shelley et curiosité candide à la Lewis Carroll. Bella Baxter est un peu une Alice au pays des merveilles remodelée à la Frankenstein, qui aurait recouvré ses désirs de découverte grâce aux importantes modifications subies par son organisme. Avec son esprit de nouveau-né, cette dernière n’a donc aucune conscience de la domination masculine instaurée depuis des siècles et entreprend une existence basée sur l’égalité des sexes. De l’épicurisme pour tous qui ne connait pas d’interdit.
Le détail qui change tout ?
Peuplé de personnages singuliers et extravagants, à commencer par celui de Bella, Pauvres Créatures illustre son scénario étonnant grâce à des pièces de mode qui le sont tout autant. Pour assurer cette tâche essentielle, Yórgos Lánthimos a fait appel à la costumière Holly Waddington, qui a notamment travaillé sur le film The Young Lady et la série The Great.
Une habituée des oeuvres d’époque, qui n’a donc eu aucun mal à imaginer une garde-robe épatante, aux inspirations du passé diverses et variées. La jeune femme campée par Emma Stone dans le film surprend alors à chaque changement de tenue, passant des manches gigots XXL, aux jupes vaporeuses, puis aux corsets les plus rigides. Des choix vestimentaires tranchants qui suivent en réalité l’évolution psychologique de l’héroïne.
« J’ai adoré cet élément de ‘Comment Bella assemblerait-elle ses vêtements avec la façon dont son esprit fonctionne à ce stade ?’ », explique Emma Stone lors d’un entretien avec Vogue. « A la fin, il y a ces robes très militaires qui ne ressemblent à rien de ce que vous avez vu Bella porter ; les pièces sont beaucoup plus ajustées et contraintes, mais c’est parce qu’elle est arrivée à un moment où elle a grandi et décidé qui elle est et ce qu’elle va faire. Elle n’assimile pas nécessairement, mais il y a juste plus de structure là dedans ».
Le vêtement a donc un rôle primordial tout au long du film, ne se contentant pas d’habiller, mais offrant une véritable fenêtre sur l’âme et l’esprit de cette mystérieuse femme enfant. L’actrice ajoute d’ailleurs lors d’une conférence de presse à Paris : « Les costumes, aussi beaux soient-ils, sont également très instructifs en ce qui concerne Bella, car ils racontent une histoire sur où elle en est dans son développement ». Vous l’aurez donc compris, devant Pauvres Créatures, il s’agit d’avoir l’oeil partout, aussi bien sur les comédiens, que sur leurs looks ou les décors dans lesquels ils se trouvent. Tout a son importance !
Retrouvez Pauvres Créatures au cinéma dès ce mercredi 17 janvier 2024.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction