Oppenheimer : le secret derrière la scène de l’explosion nucléaire
Publié le Mise à jour le Par Romain Cheyron
Oppenheimer, le dernier film de Christopher Nolan, est sorti au cinéma et s’il ne laisse personne insensible, une scène en particulier marque les esprits : l’essai nucléaire nommé « Trinity test ». Comment le réalisateur a-t-il créé cette séquence impressionnante ? On vous explique ses secrets de fabrication.
Christopher Nolan n’est pas un grand fan des effets numériques et cela se voit à travers sa carrière, que ce soit avec sa trilogie Batman, Inception ou encore Tenet. Quand il peut créer des scènes avec de vrais décors, de vrais éléments, en laissant de côté les effets spéciaux, il va le privilégier. Oppenheimer ne déroge pas à la règle, et pour la séquence de l’essai nucléaire, point culminant du Projet Manhattan, le réalisateur a choisi de créer une véritable explosion. Pour lui, pas question de minimiser l’impact de cette scène cruciale, avec des effets numériques.
Lors de ce « Trinity test », Robert Oppenheimer et son équipe se rendent dans le désert du Nouveau-Mexique, à quelques kilomètres du village du Projet Manhattan, pour faire exploser la première bombe nucléaire et l’histoire. Ils en espèrent la réussite, pour mettre un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale.
Une véritable explosion pour Oppenheimer
Ce moment, qui a changé le monde à jamais, est l’un des plus importants du film et Christopher Nolan le souhaitait réussi en tout point, comme il l’explique dans une interview avec Entertainment Weekly : « Lorsque j’ai terminé le scénario, l’une des premières personnes à qui je l’ai montré était mon superviseur des effets visuels », explique Nolan. « Je voulais éliminer les images de synthèse et voir s’il pouvait trouver des méthodes réalistes pour produire l’effet de la première explosion atomique. »
Christopher Nolan a-t-il fait exploser une véritable bombe atomique pour le tournage d’Oppenheimer ? C’est ce que beaucoup ont pensé, et ce n’est évidemment pas le cas. L’explosion est réelle, mais elle n’est pas nucléaire. Au site SYFY, Scott Fisher, le superviseur des effets spéciaux, a dévoilé la recette qui a permis de donner le résultat que l’on voit à l’écran, de l’explosion aux effets visuels qui traversent toute cette séquence. Ce sont donc de l’essence, du propane, de la poudre noire, de la poudre d’aluminium, mais aussi des fusées éclairantes en magnésium, qui ont été utilisés.
« J’espère que le film laissera les gens avec un sentiment de malaise«
Avec Ruth De Jong, la production designer, ils ont aussi été chargés de construire la bombe physique, à l’image de celle de 1945. Le réalisateur explique : « Lorsque nous avons essayé de boucler notre budget, on s’est demandé ce qu’il fallait voir du gadget lui-même [c’est ainsi que la bombe est nommée par les scientifiques dans le film, ndlr]. Comme on ne la voyait pas forcément entièrement dans tous les plans, je leur ai dit qu’il n’était pas nécessaire de la construire intégralement. Ils n’en ont absolument pas tenu compte et ont construit l’ensemble du dispositif dans les moindres détails, ce qui nous a permis de filmer l’ensemble du processus et la façon dont les différents modules sont insérés et connectés. Nous avons pu faire monter la tension jusqu’à la détonation en montrant le processus qu’ils ont suivi.«
Au delà de la façon de créer cette séquence remplie de tension, si elle est aussi impactante pour les spectateurs, c’est parce qu’ils se retrouvent dans la tête d’Oppenheimer dès les premières secondes du film. Nolan explique à IGN que « une partie de la qualité troublante du film est due au fait que l’on se sent engagé, que l’on a l’impression de comprendre Oppenheimer, que l’on fait ce voyage avec lui. On ne le juge pas. C’est pourquoi, lorsqu’on vous fait ressentir des choses différentes ou que vous remettez en question ce que vous avez déjà vu, c’est un peu inconfortable. C’est un peu déstabilisant. Et j’espère que le film laissera les gens avec un sentiment de malaise.«
Romain Cheyron
Journaliste