Novocaïne : la pathologie dont souffre Nate dans le film existe-t-elle vraiment ?

Novocaïne : la pathologie dont souffre Nate dans le film existe-t-elle vraiment ?

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Arrivé en salles ce mercredi 26 mars, le film Novocaïne suit la folle aventure d’un jeune homme insensible à la douleur, qui voit sa vie basculer le jour où un groupe de braqueurs s’en prend à la banque dans laquelle il travaille. Plongé malgré lui dans ce déferlement de violence, ce dernier va découvrir que sa maladie peut se révéler être un super-pouvoir. Une question taraude alors les spectateurs : cette pathologie existe-t-elle réellement dans la vraie vie ?

Il est employé de banque, il a une vie normale, avec une routine normale. Tout en lui respire la droiture et la gentillesse. C’est bien simple, il a tout du jeune homme bien sous tous rapports, qui ne sort d’aucune case et ne se fait pas remarquer. Pourtant, Nate – incarné par Jack Quaid (The Boys) – possède en lui quelque chose de particulièrement rare qui le rend résolument singulier : il souffre d’une insensibilité congénitale à la douleur. Une condition qui l’a conduit à mener une existence extrêmement prudente et donc un peu monotone…

Il ne peut pas manger de nourriture solide sous peine de se mordre la langue, doit mettre des alarmes régulières sur son téléphone pour se rappeler d’aller aux toilettes et doit arrondir absolument tous les angles de ses meubles pour éviter de se blesser. Une situation particulièrement contraignante donc, qu’il accepte toutefois avec le sourire et sans jamais se plaindre. 

Jack Quaid dans le film Novocaïne
© Paramount

Néanmoins, quand une bande de braqueurs réalise un casse dans l’agence où il travaille et prend sa petite amie en otage, Nate décide d’oublier toutes les règles de sécurité qu’il s’était fixées jusque là et part à la rescousse de sa bien aimée. Peu importe le danger, il prendra tous les risques pour la retrouver, quitte à y laisser sa santé. Car s’il ne ressent pas la douleur comme tout le monde, ses os se brisent bel et bien comme ceux de n’importe qui…

Avec ce scénario original et gentiment déjanté, Novocaïne propose donc une réflexion intéressante sur la douleur à travers une pathologie vraiment intrigante. Les spectateurs peuvent alors se demander si Nate est le pur produit de l’imagination débordante du scénariste Lars Jacobson et des réalisateurs Dan Berk et Robert Olsen, ou s’il est inspiré de véritables individus, touchés par ce même trouble génétique.

L’insensibilité congénitale à la douleur n’existe pas seulement dans Novocaïne

Jack Quaid dans le film Novocaïne
© Paramount

Bien qu’elle soit extrêmement rare, l’insensibilité congénitale à la douleur est une véritable affection qui touche quelques centaines de personnes à travers le monde. Méconnue en raison du nombre de cas très peu élevé – un peu plus d’une dizaine en France – cette condition est généralement due à la mutation d’un gêne directement lié aux nocicepteurs (récepteurs sensoriels de la douleur), mais peut également venir d’une production excessive d’endorphines dans le cerveau. En découle alors une incapacité totale (ou quasi totale) à ressentir la douleur, ce qui peut avoir de très graves conséquences sur la vie de la personne qui en souffre. 

Au vu de l’absence de symptômes, cette condition est généralement détectée dès la petite enfance, après que le patient s’est infligé des mutilations de manière répétée (langue et doigts mordus par exemple) sans exprimer la moindre plainte. Cependant, après avoir posé un diagnostic, les médecins n’ont aucun traitement à proposer au malade, cette affection ne se soignant pas. Les patients n’ont donc d’autres choix que d’adopter des règles de conduite très strictes, à l’image de Nate dans Novocaïne, redoublant de précautions dans chacun des gestes de leur quotidien. 

Une grande souffrance au quotidien

Jack Quaid dans le film Novocaïne
© Paramount

Si les blessures externes peuvent rapidement être détectées et soignées malgré l’absence de douleur, ce sont les blessures internes qui représentent un grand danger pour les personnes souffrant d’ICD. Ainsi, une simple appendicite ou un léger trauma interne peut vite virer au cauchemar pour ces patients, qui risquent de ne pas être pris en charge à temps.

Il en va de même pour les fractures, qui sont souvent détectées très tard et aggravées par l’absence de soin et d’immobilisation, contribuant ainsi à blesser le corps plus qu’il ne l’était déjà. Les sujets atteints d’ICD sont donc très souvent hospitalisés et voient généralement leur état de santé se dégrader assez vite au fil des années, enchaînant les blessures et les maladies non soignées. 

Loin d’être un super-pouvoir comme peuvent parfois le penser les proches de Nate dans Novocaïne, l’insensibilité congénitale à la douleur est donc une véritable souffrance et une source de grande détresse psychologique chez les patients, contraints de vivre dans une angoisse permanente et une liberté de mouvements excessivement restreinte.

Découvrez Novocaïne au cinéma dès ce mercredi 26 mars 2025.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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