Speak no Evil : "Nous vivons à une époque d'anxiété" le réalisateur James Watkins donne la recette d'un bon film d'horreur

Speak no Evil : « Nous vivons à une époque d’anxiété » le réalisateur James Watkins donne la recette d’un bon film d’horreur

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Les films à jump scares, c’est fait. Les productions qui jouent avec nos sens, aussi. On a vu passer un nombre incalculable de slashers, et on connaît presque par cœur le cheminement d’un serial killer. Mais alors, comment fait-on un bon film d’horreur, comment faire pour faire peur en 2024 ? James Watkins, le réalisateur du remake de Speak no Evil qui sort dans les salles obscures ce 18 septembre, nous a donné la réponse.

« Ce qui m’intéresse, c’est une sorte d’horreur plus sociale« , nous a répondu le réalisateur de Eden Lake, lorsqu’on lui a demandé quels sont les éléments essentiels à un bon film d’horreur en 2024. Pour James Watkins, il évident qu’on peut jouer des jump scares, et faire sursauter avec des bruitages bien calibrés. Mais que c’est facile. « Tout le monde peut faire ça« , lance-t-il. Non, ce que lui veut faire, c’est « faire des choses en rapport avec l’anxiété« , car « nous vivons à une époque d’anxiété« . Jouer avec nos angoisses et les raconter, c’est son truc. Ici, il les retranscrit à travers les personnages de Louise et Ben Dalton.

film d'horreur Speak no Evil
©Blumhouse Productions

Dans Speak no Evil, James Watkins attaque notre besoin de trop en faire pour avoir l’air « cool », faire semblant de se sentir bien dans un endroit qui nous déplaît, l’insistance d’un hôte trop intrusif à qui on n’ose pas dire « non », se contenir de dire à son ami qu’il éduque mal son enfant, ou le fait de ne pas réussir à dire à quelqu’un que son comportement dépasse les limites. Des contraintes que l’on se pose souvent nous-mêmes, et motivées par la crainte de la réaction de la personne en face.

Speak no Evil a un lien avec les films d’horreur préférés de James Watkins

En même temps, le réalisateur nous a avoué que ses films d’horreur préférés étaient ceux qui jouent sur l’ambiance et l’angoisse, tels que Fenêtre sur cour, Vertigo et Psychose, tous issus de la filmographie d’Alfred Hitchcock. « Hitchcock, c’est la subjectivité, c’est regarder le monde à travers les yeux du protagoniste, c’est la façon dont il vous fait vous identifier à ses personnages et à leurs angoisses », justifie James Watkins. Mauvais pour la thérapie, bon pour les écrans.

James Watkins : « Nous les cinéastes européens, nous sommes plutôt mauvais dans ce domaine. »

Pour donner un avant-goût de ce qu’est Speak no Evil, dernière production de Blumhouse Productions portée par porté par James McAvoy, James Watkins a expliqué s’être inspiré du film d’horreur Chiens de paille de Sam Peckinpah, sorti en 1971. Les deux se ressemblent sur le contexte : comme David et Amy Summer, Louise et Ben Dalton sont un couple d’Américains qui débarquent dans un coin reculé de la campagne anglaise. Une fois sur place, les habitants vont leur faire vivre un certain cauchemar.

Film d'horreur Speak no evil
©Blumhouse Productions

James Watkins tenait d’ailleurs beaucoup à filmer au Royaume-Uni, et pour une bonne raison. Le fait d’avoir vu de nombreux films américains lui a fait comprendre que leur travail est « incroyable« , eux qui parviennent si bien à mythifier leurs paysages, « qu’il s’agisse de New York, de Los Angeles ou du Grand Canyon« .

« Nous les cinéastes européens, nous sommes plutôt mauvais dans ce domaine. Nous ne le faisons pas assez« , ajoute-t-il. Le cinéaste a donc voulu copier leur manière de faire, mais dans un décor du Royaume-Uni, là d’où il vient, et mythifier cette ferme, au milieu de nul part. En rendant Britannique Paddy, l’antagoniste interprété par James McAvoy, il pouvait aussi ajouter sa touche, son « humour anglais un peu bizarre« , tout en s’inspirant du cinéma américain et tenter une fin costaud, à base de combats et de confrontations. Comme dans son film, il mixe le savoir-faire américain avec une pincée de sel anglais. C’est dérangeant, parfois gênant, un peu marrant, et surtout, ça fait un bon film d’horreur.

Cécile Fischer

Journaliste

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