Nosferatu : l’obsession cinéma de la semaine

Nosferatu : l’obsession cinéma de la semaine

Nouveau film de Robert Eggers, Nosferatu revisite de façon délicieusement horrifique le film original de Murnau. Véritable “conte gothique”, ce film, porté par un casting à tomber, saura pimenter votre fin d’année et vous plonger dans les sombres méandres de la psychologie et du folklore légendaire.

Sommaire : pourquoi Nosferatu est notre obsession cinéma de la semaine ?

C’est quoi Nosferatu ?

© Universal Pictures

Nosferatu est un véritable conte gothique qui nous plonge dans l’Allemagne des années 1830. Le film se concentre sur une obsession maladive et psychique entre une jeune femme, Ellen Hutter, et un vampire transylvanien, le Comte Orlok. Alors que le mari d’Ellen, Thomas, est envoyé dans la région des Carpates, dans les montagnes de Transylvanie, dans le cadre d’affaires professionnelles, sa femme reste en Allemagne avec sa meilleure amie. C’est seule, névrosée et souffrant d’une emprise psychologique incompréhensible et maléfique que la jeune femme devra faire face au mal incarné. On comprend bien vite que le jeune Thomas aura affaire à celui qui torture autant qu’il obsède sa femme : Nosferatu. 

Le voyage de Thomas sera semé d’événements lugubres et sinistres : des habitants d’une taverne qui le mettent en garde contre le terrifiant Comte, l’assenant de rebrousser chemin, des présages oniriques évoquant une chasse aux vampires. Malgré les nombreux avertissements et signes macabres, Thomas continuera sa quête qui la mènera tout droit au château sombre et en ruine du mystérieux et terrifiant comte Orlok, laissant ainsi toute son ombre et sa malveillance s’étendre et semer la terreur, de la Transylvanie à l’Allemagne.

Y’a qui ?

professeur dans nosferatu
© Universal Pictures

Après The Witch, The Lighthouse et The Northman, Robert Eggers s’empare en 2024 de la fameuse légende vampirique pour proposer une relecture fidèle au mythe gothique emblématique, tout en le revisitant et le colorant par son univers sombre et son esthétique reconnaissable.

Le film brille d’autant plus qu’il compte un casting d’acteurs talentueux : Lily-Rose Depp prête ses traits au personnage torturé et névrosé d’Ellen, en exposant de façon merveilleuse ce tourment psychique et cette ambivalence de désir charnel qu’elle ressent à l’égard du Comte. À ses côtés, Nicholas Hoult incarne de façon très juste son mari, Thomas. Willem Dafoe travaille pour la troisième fois au côté de Robert Eggers. Après The Lighthouse et The Northman, l’acteur, qui avait incarné la créature vampirique dans L’ombre du vampire en 2000, s’immisce cette fois-ci dans la peau du professeur Albin Eberhart Von Franz, féru d’ésotérisme et ayant de solides connaissances concernant les forces maléfiques.

Qui de mieux pour incarner le mystérieux Comte Orlok que Bill Skarsgard, qui avait déjà pu prêter ses traits à la terrifiante créature Pennywise en 2017 dans Ça. Et le défi est relevé : le Nosferatu campé par le comédien suédois est tout simplement le plus monumental, le plus sombre et le plus dérangeant du cinéma.

C’est un peu comme…

affiche des films sleepy hollow et la dame en noir
© Paramount Pictures © CBS Film

Avec l’omniprésente et pesante menace de cette créature maléfique, Nosferatu arrive à s’immiscer dans l’esprit même du spectateur pour le terrifier. Robert Eggers a partagé avec nous l’importance qu’il accordait aux fonctionnements de la peur : “Les mécaniques de peur reposent certes sur l’histoire, mais également sur les effets. Dans Nosferatu, le plus intéressant à propos de cette chose, c’est qu’elle revient tout le temps, comme une force de la nature qui revient toujours vous hanter, sans que vous puissiez y faire quoi que ce soit.

La peur repose donc sur les effets et l’atmosphère générale du film. L’esthétique gothique fonctionne de pair avec l’empreinte maléfique du personnage. C’est en ce sens que Nosferatu peut faire penser à La Dame en noir, sorti en 2012. Ce film plonge dans une légende gothique particulièrement dérangeante, où le personnage campé par Daniel Radcliffe, Arthur Kipps, suit la même trame narrative et le même parcours que Thomas : le jeune notaire est envoyé dans un village isolé, rongé par les malédictions, afin d’y assurer la succession d’une cliente fraîchement décédée. Le jeune homme se retrouve dans un manoir lugubre, hanté par une mystérieuse ombre noire, dont l’omniprésence se fait perpétuellement ressentir, alors qu’elle n’apparaît presque jamais au personnage, et dont la menace grandit de façon crescendo, tout comme l’ombre de Nosferatu se dévoile au grand jour au fur et à mesure du film.

Nosferatu se rapproche aussi inéluctablement de Sleepy Hollow. On le comprend d’autant plus que le réalisateur a pu nous confier : « Si je n’avais pas vu ce film lorsque j’étais jeune, Nosferatu n’aurait jamais existé. » Outre son esthétique gothique et sa poursuite d’un même être mystérieux qui terrorise toute une partie de la population, le film de Tim Burton expose également deux visions qui s’opposent fondamentalement, comme dans le film d’Eggers : des personnages rationalistes, d’un esprit que l’on pourrait qualifier de scientifique, face à d’autres plus spirituels, ésotériques et superstitieux, qui croient aux forces du mal et acceptent une vérité autre que celle usuelle et conventionnelle.

Le détail qui change tout

le comte orlok nosferatu
© Universal Pictures

Ce qui amplifie la force horrifique de ce film, le rendant tout à fait authentique, c’est bien cet attachement à un retour aux sources folkloriques du vampire, comme a pu nous confier Robert Eggers lors d’un entretien : “Afin de rendre la figure du vampire effrayant de nouveau, je me suis replongé dans le folklore, dans un temps où les populations croyaient aux vampires et les trouvaient terrifiants. Quand on retourne à ces bases, on se rend compte que les premiers vampires s’apparentent à des créatures zombifiées : le Comte Orlok est tout simplement un corps sans vie, qui continue à pourrir et à se décomposer.” Le Nosferatu Robert Eggers s’impose ainsi comme étant l’un des monstres les plus terrifiants et angoissants du cinéma, justement car le réalisateur opère ce retour à l’essence même du vampire. 

Cette exploration de l’essence folklorique du vampire amène également un retour du traitement légendaire du mythe. La puissance des pouvoirs vampiriques du Comte est soulignée par les superstitions qui parasitent un territoire donné. Le film ne cesse de montrer à quel point les communautés de Transylvanie craignent cette sombre figure vampirique. Cette peur fait partie de leurs traditions, à tel point qu’elle fait partie intégrante de leur identité. La malédiction de Nosferatu parasite les montagnes des Carpates, tout comme elle s’immisce dans la psyché des habitants de la région. 

Découvrez Nosferatu au cinéma, dès ce mercredi 25 décembre 2024.

Lea Goeb

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