Mrs Maisel, Rachel Brosnahan et Alex Borstein : « la saison 2 s’intéresse aux réussites et aux échecs »
Publié le Mise à jour le Par Romain Cheyron
Serieously était à Milan pour l’avant-première de la saison 2 de The Marvelous Mrs Maisel, et a pu interviewer Rachel Brosnahan (Midge) et Alex Borstein (Susie) à l’occasion d’une table ronde. Rencontre.
Qu’est ce que vous aimez à propos de la relation entre vos deux personnages ?
Alex Borstein : Elle est très amusante parce que ça a commencé comme une sorte de mariage arrangé, et maintenant la lune de miel est terminée. C’est un « couple » étrange, et dans cette saison 2 on va voir si elles vont continuer à s’entendre aussi bien en étant tout le temps ensemble, sont-elles compatibles ?
Rachel Brosnahan : Elles ont sauté dans l’inconnu ensemble et leurs deux vies sont liées l’une à l’autre, elles dépendent l’une de l’autre pour réussir et ça amène beaucoup de hauts, très hauts, et de bas, très bas. Si la saison 1 a surtout exploré la montée de Midge, cette saison 2 s’intéresse aussi aux échecs des deux femmes. Il n’y a plus de filet de sécurité.
Vous n’avez fait que des séries dramatiques avant Mrs Maisel, qu’est ce qui vous a attiré dans ce projet de comédie ?
Rachel Brosnahan : Déjà, la comédie est un monde terrifiant, mais j’ai appris à aimer me faire peur. J’ai aussi appris que je pouvais parler vite, et ce projet est un rêve. J’ai toujours voulu avoir cette opportunité de jouer un rôle pareil, si drastiquement différent de ce que j’ai pu faire avant. Et à mes débuts, on m’a toujours dit qu’on ne pouvait pas faire les deux, il fallait choisir entre le drame et la comédie, donc pouvoir jongler entre les deux c’est un véritable rêve, c’est toujours ce que j’ai voulu faire. Et si je peux faire ça jusqu’à la fin de ma vie, je serai la plus heureuse du monde.
Il y a de magnifiques vêtements dans la série, voudriez-vous vivre dans les années 50 pour les porter ?
Rachel Brosnahan : Hum, non. Je suis vraiment reconnaissante pour les leggings, les pantalons de yoga, les baskets et les sous vêtements confortables. Notre costume designer, Donna Zakowska, est une véritables génie. Son cerveau est une source intarissable d’idées extraordinaires. Elle raconte des histoires avec ses costumes. Elle lit les scénarios aussi sérieusement que nous, et imagine les personnages avec leurs vêtements. Elle continue son incroyable travail dans la saison 2, alors que les costumes sont une partie importante du processus de transformation de Midge au cours de la série.
Alex Borstein : c’est la même chose avec Susie, elle a un dressing impressionnant (rires). Non, mais cette saison elle a un nouveau manteau par contre.
Rachel Brosnahan : c’est ce que j’allais dire. Elle a aussi de nouveaux pulls.
Avez-vous pris quelque chose du tournage ?
Rachel Brosnahan : je ne devrais pas le dire mais… J’ai récupéré un manteau. Enfin, je l’emprunte, je le rendrai si on en a besoin pour une scène. Je l’aime tellement, c’est un manteau gris en cachemire, qu’on a utilisé dans une scène dans la saison 1 où avec Susie on parlait de mon nom de scène, Midge se demandait si elle allait le changer.
Une réplique de Susie que j’adore dans le premier épisode : Les seules personnes qui disent que les femmes ne sont pas drôles, sont des hommes qui ne sont pas drôles. Et dans le deuxième épisode, Midge s’attaque justement à ces comédiens sexistes devant toute une salle… Doit-on s’attendre à une saison 2 bien plus féministe ?
Rachel Brosnahan : je ne sais pas si on peut dire qu’elle est plus féministe explicitement. C’est simplement que ces femmes prennent d’avantage confiance en elles sur ce nouveau chemin qu’elle empruntent.
Alex Borstein : Midge devient de plus en plus honnête avec ceux qui l’entoure, que ce soit dans sa nouvelle carrière, ou dans sa vie personnelle. Elle dit les choses telles qu’elles sont et ne met plus de filtre. En ce sens, nous avons deux femmes qui sont déterminer à avoir ce qu’elles veulent.
Rachel Brosnahan : Elles sont qui elles sont, elles ne font plus attention à ce que peuvent penser les autres dans la pièce autour d’elles. Elles sont là pour un objectif, elles l’atteignent et c’est tout ce qui compte pour elles.
C’est rafraichissant de voir une telle amitié entre ces deux femmes, un lien assez unique qu’on voit rarement dans d’autres séries, comment vous-êtes vous préparés pour cette relation ?
Alex Borstein : Si j’étais un homme ou si nous étions lesbiennes on appellerait ça une histoire d’amour parce qu’il n’y a pas vraiment de différence avec notre relation. Ce sont deux personnes qui vont ensemble, qui sont meilleures l’une avec l’autre, qui se défient tout le temps, qui pleurent et rient ensemble.
Rachel Brosnahan : Même si c’est une paire un peu improbable.
Alex Borstein : oui, c’est vrai. Et je dirais que c’est même un triangle amoureux, parce que Susie a toujours peur que Midge la quitte pour retourner à son ancienne vie dans les bras de Joel. Mais ça reste une romance platonique.
Que signifie la comédie pour vos personnages ?
Rachel Brosnahan : c’est un outil pour Midge, elle sert à amplifier sa propre voix. Mais aussi à prendre le contrôle de sa vie, être le centre de son histoire. Mais l’une des choses que je préfère chez Midge, c’est qu’elle s’en sert aussi pour poser des questions sur le monde autour d’elle. Comme dans l’épisode 3 de la saison 1 où elle se demande ‘et si certaines femmes ne sont pas supposées être mères ? Et pourquoi doit-on prétendre d’être désolées alors que nous ne le sommes pas ?’. Elle a plus de questions que de réponses.
Alex Borstein : Pour Susie, c’est tout ce qu’elle connaît. C’est comme quelqu’un qui est né avec l’oreille absolue, elle ressent la comédie, elle sent son rythme, c’est à l’intérieur d’elle. Elle sait quand quelqu’un est doué et veut l’aider à se dévoiler à tout le monde.
Est-ce compliqué de suivre le rythme et la dynamique des dialogues de la série ?
Alex Borstein : C’est difficile. C’est à la fois musical et monotone. J’ai envie de faire certaines répliques à ma manière, mais ce n’est pas possible, même si c’est plus facile.
Rachel Brosnahan : Mais c’est assez libérateur. Amy (Sherman-Palladino, ndlr) pense que c’est de cette façon que les gens parlent dans la vraie vie, 1000 mots à la secondes.
Alex Borstein : Les personnes juives oui (rires).
Rachel Brosnahan : C’est libérateur parce qu’on travaille sur les mots et pas entre les lignes, c’est presque Shakespearien. Mais des fois c’est la chose la plus difficile au monde à faire, surtout lors des scènes émotionnelles. C’est compliqué d’aller aussi vite tout en ayant des émotions en même temps.
Romain Cheyron
Journaliste