Mental : notre interview des acteurs de la nouvelle série événement de Slash
Publié le Mise à jour le Par Clément Rodriguez
Constantin Vidal, Louis Peres, Alicia Hava et Lauréna Thellier sont les quatre acteurs principaux de Mental, la nouvelle série de francetv Slash. Tournage, personnage, difficultés, ils se sont confiés à nous.
Y a-t-il des similitudes et des différences entre votre personnalité et celle de votre personnage ?
Louis Peres (Simon) : J’ai beaucoup de points communs avec Simon. C’est un jeune qui embrasse toutes les émotions de façon exacerbée. Il va passer du rire aux larmes, mais c’est toujours énorme. Tous les deux, on a besoin de faire le show. Mais malheureusement, comme lui, quand je ne me sens pas bien, je me sens très seul. Il y a beaucoup de moments dans ma vie où, comme j’ai besoin d’être avec des gens, je me sens complètement seul quand je suis un peu délaissé.
Lauréna Thellier (Estelle) : Je suis Estelle, une ado qui a des troubles schizoïdes. Je suis très attachée à elle par sa sensibilité mais je suis quand même très loin d’elle. On se rapproche sur le fait qu’on est toutes les deux sur une économie de mots, de paroles et plus dans le ressenti. Ce qui nous éloigne, c’est qu’elle n’a pas énormément de tempérament, qu’elle se laisse marcher dessus.
Alicia Hava (Mélodie) : Je joue Mélodie, et j’aime ce personnage parce qu’elle est très actuelle, et qu’elle me fait rire, elle me touche énormément. Elle a toujours envie que tout le monde se sente bien autour d’elle, elle est assez solaire. Mais en même temps, dans le côté girly, je suis vachement moins superficielle.
Constantin Vidal (Marvin) : Marvin, c’est un petit délinquant. Il a un truc qui me ressemble un peu au niveau de la tension, de l’énervement, c’est ce qui fait que je me suis identifié à lui. Ça m’est arrivé souvent quand j’étais petit de taper dans les murs. Mais je n’aime pas son côté rabat-joie, il est un peu trop renfermé.
Ce n’est pas vraiment une série solaire, il y a des scènes assez dures quand même…
Constantin Vidal (Marvin) : C’est une comédie dramatique, c’est plus profond que cela. On rentre dans l’histoire des personnages, leurs problèmes, leurs contraintes.
Alicia Hava (Mélodie) : Ça alterne des moments très comiques et juste après on peut avoir une scène hyper dramatique et, en cela, c’est assez fidèle à la réalité.
Vos personnages ont des troubles psychiques. Est-ce que c’est une difficulté pour appréhender leurs caractères ?
Constantin Vidal (Marvin) : On ne voulait pas rentrer dans les clichés. On a eu une réunion de trois heures pendant laquelle on a parlé avec des psychiatres qui nous ont expliqué qu’il n’y avait pas de clichés. Rien n’est défini. Des personnes qui ont la même pathologie peuvent la vivre différemment. Moi, je ne me suis pas pris la tête, je n’ai pas cérébralisé la chose.
Alicia Hava (Mélodie) : Les troubles psychiques, surtout à cet âge-là, ne sont jamais arrêtés. C’est vraiment spécifique à chaque personne, à son vécu. Il y a tellement de critères qui entrent en jeu qu’on n’avait pas vraiment d’exemples auxquels se rattacher. J’ai essayé de m’inspirer de documentaires de Raymond Depardon par exemple, avec des gens en clinique qui ont des troubles très forts. Les pédopsychiatres nous ont dit que moins on allait en faire, plus ce serait crédible. J’ai considéré Mélodie comme une adolescente comme les autres. Elle a des soucis pour gérer ses émotions, mais ça reste des problèmes d’adolescent, c’est une période disgracieuse pour tout le monde.
Louis Peres (Simon) : Quand j’ai lu le scénario, je sortais de l’école, c’était mon premier rôle. Je le lis et je vois que le personnage est exceptionnel, il a toutes les palettes de jeu. Tu commences à t’atteler au truc et tu te rends compte que tu ne seras peut-être pas à la hauteur parce qu’il ne faut pas tomber dans le cliché, tu n’as pas envie de tirer la sonnette d’alarme en disant qu’il faut faire attention à ce mec-là. Il fallait trouver des nuances assez dures et c’est pour ça que je l’ai préparé pendant longtemps avec le tournage, je faisais les scènes chez moi, en famille, pour avoir un retour.
Lauréna Thellier (Estelle) : J’ai pris Estelle comme une ado comme une autre, avec des troubles psychiques en plus, mais c’était plus des émotions particulières exprimées de manière surdimensionnée. C’est la seule chose qui la différencie d’une ado quelconque. J’ai eu le temps de m’approprier Estelle et j’en parle comme une copine parce que j’oublie que c’est moi qui l’interprète. J’ai réussi à sortir du personnage mais je l’ai portée sur mes épaules à fond.
Louis Peres (Simon) : On les porte encore un petit peu. On est tellement rentrés dedans, avec un rythme effréné, que moi je porte encore Simon avec moi.
Comment se sont passés les tournages ?
Lauréna Thellier (Estelle) : Le rythme était d’une intensité extrême mais on avait tous envie de faire les choses bien. Pour ma part, je suis restée tout le temps à Clermont-Ferrand, ça a créé une communion de groupe assez forte. C’est ce qui fait que pendant un mois, tu ne lâches pas le personnage, tu es tout le temps dans le mood, mais ça crée un résultat de haut niveau parce qu’on est tout le temps à fond dedans.
Louis Peres (Simon) : Evidemment, on avait des limites de temps qu’on ne pouvait pas dépasser. Il y a des moments où ça pouvait être un peu frustrant parce qu’on avait le sentiment qu’on pouvait donner plus, mais on n’a pas le temps, il faut y aller.
Mental est adaptée d’une série finlandaise. Est-ce que vous l’avez regardée ?
Lauréna Thellier (Estelle) : Pas du tout parce que c’est hyper éloigné. Il y a juste l’idée originale, mais je trouve que le mot “adaptation” est un peu fort. C’est tiré d’une idée originale mais les personnages sont totalement différents, l’histoire n’a rien à voir. Il y a une réelle appropriation, et ça en fait une création originale.
Est-ce que vous diriez que c’est une série d’utilité publique ?
Louis Peres (Simon) : Oui, parce que c’est un domaine dont on n’a jamais vraiment parlé en France. Il y a déjà eu des séries dans le milieu hospitalier mais pas dans cette configuration-là. On ne prend pas le parti d’une série glauque, ce sont des jeunes qui ont des problèmes mais aussi des amours, des amitiés. Ils parlent de leurs soucis, mais en étant entourés, ils se reconstruisent. C’est hyper tabou chez les jeunes, quand on ne va pas bien, on n’en parle pas. Ce serait intéressant que les jeunes qui regardent se posent des questions, savoir comment ils vont, et qu’ils en parlent.
SKAM est l’autre série de Francetv Slash. Est-ce qu’il y a des points communs et des différences ?
Constantin Vidal (Marvin) : Le point commun, c’est qu’il y a des messages à livrer. Ce sont des jeunes qui ont leurs problèmes. C’est fait pour que ces personnes puissent s’identifier aux personnages. Nous aussi, on véhicule des messages qui sont propres à chacun des personnages. Mais c’est un autre cadre quand même.
Interview : Clément Rodriguez et Damien Starbuck
Montage : Anna Cordier
Clément Rodriguez
clement@serieously.com
Je suis le fils spirituel de Jake Peralta (Brooklyn 99) & Roland (Plus Belle La Vie).
En ce moment, mon Snack&Chill idéal c'est des madeleines et du chocolat chaud devant Desperate Housewives.