Ma mère est un gorille (et alors ?) : Linda Hambäck, « La différence est une bonne chose » [Interview]

Ma mère est un gorille (et alors ?) : Linda Hambäck, « La différence est une bonne chose » [Interview]

Présenté en compétition officielle au festival d’Annecy, le film d’animation Ma mère est un gorille (et alors ?) débarque dans les salles de cinéma ce mercredi 22 septembre. L’occasion pour Serieously d’échanger avec la réalisatrice suédoise, Linda Hambäck.

Inspiré par le livre éponyme de Frida Nilsson, Ma mère est un gorille (et alors ?) suit le parcours de Jonna, une petite fille abandonnée qui rêve de grandir dans une gentille famille. Un beau jour, une femelle gorille se présente alors à l’orphelinat et propose de devenir sa maman. Cette rencontre signe ainsi le début d’une aventure unique et riche en émotion.

Pourquoi avez-vous choisi de porter l’oeuvre de Frida Nilsson sur grand écran ?

L’un de mes collègues m’a recommandé le livre, pensant que cela me plairait. Je l’ai donc lu et je suis immédiatement tombée amoureuse de l’histoire. J’ai moi-même été adoptée, donc je comprenais parfaitement le fait d’être dans un orphelinat et d’attendre que quelqu’un vienne vous chercher. Et puis, cela parle avant tout d’une mère et d’une fille et tout particulièrement de la manière dont elles deviennent mère et fille, ce que je trouvais intéressant. Par ailleurs, je pense que Frida est l’équivalent de Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie), car ils ont un peu le même style d’écriture, drôle et direct. J’adore ça ! Je pense que ça fait aussi partie de ce qui m’a attirée dans son travail.

Ma mère est un gorille (et alors ?)
© Les Films du Préau

Vous avez donc vous-même été adoptée. A quel point vous êtes-vous alors connectée à l’histoire de Ma mère est un gorille (et alors ?) et quelle part de votre expérience personnelle avez-vous mis dans le film ?

Je pense que n’importe quel enfant se demande un jour si sa mère et son père sont ses véritables parents et, en étant adopté, on sait que ce n’est pas le cas. On peut alors se poser des questions sur les différentes familles que nous aurions pu avoir, car en réalité, n’importe qui aurait pu nous adopter, même un gorille en quelque sorte. Je pense que c’est ça que j’ai trouvé intéressant et amusant. Puis, les gens vous interrogent régulièrement sur ce que ça fait d’avoir été adopté, si ce n’est pas un problème. Et, c’est ce que j’aime avec cette histoire. C’est que l’adoption n’est pas le problème. C’est plutôt le fait de sortir du moule, de ne pas être comme tout le monde. C’est ce que le film raconte vraiment. Vous pouvez être qui vous voulez et avoir le droit de vivre dans notre société et notre monde.

D’ailleurs, quelle est votre définition de la famille ?

Tous ceux qui vous aiment peuvent être votre famille. De nos jours, quand vous êtes issus de l’immigration, que vous venez d’un autre pays, et que vous arrivez dans un endroit dont vous ne connaissez rien, c’est essentiel que quelqu’un vous soutienne et vous fasse découvrir la ville et sa culture. Cette personne devient alors très importante pour vous et ce, pour le reste de votre vie. De la même manière, nous vivons à une époque où les gens divorcent fréquemment. Alors vous pouvez parfois vous retrouver avec un beau-père ou une belle-mère et ces personnes peuvent aussi devenir votre famille. N’importe quelle personne qui vous apporte de l’amour peut le devenir finalement.

Ma mère est un gorille (et alors ?)
© Les Films du Préau

Comment avez-vous choisi les acteurs et comment avez-vous travaillé avec eux ?

Ça a été une expérience fantastique ! Je connais Stellan Skarsgård (Dune, Pirates des Caraïbes) depuis des années et c’est  la troisième fois que nous travaillons ensemble. Il est incroyable ! C’est le meilleur acteur de Suède et il reste pourtant très humain. Il apporte tellement à la production ! Et une fois qu’il a rejoint le projet, c’est toujours beaucoup plus facile de demander à d’autres acteurs de prêter leurs voix. Tout le monde veut travailler avec lui !

Ensuite, c’est un peu comme du théâtre. Ils jouent ensemble et nous les filmons. Nous donnons alors les enregistrements aux animateurs, afin qu’ils puissent s’inspirer des expressions faciales. Car, en animation, on s’intéresse à la personne qui parle, mais pas seulement. Celui qui écoute est tout aussi essentiel et ses réactions se doivent d’être juste. C’est pourquoi je pense que ce processus apporte beaucoup aux personnages du film.

Quel message voulez-vous faire passer aux spectateurs à travers le film ?

J’espère qu’ils comprendront que la différence est une bonne chose. Être différent est quelque chose de positif, de génial même.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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