Lovecraft Country, Aunjanue Ellis : « Je n’avais jamais rien vu de ce genre à la télévision » (INTERVIEW)
Publié le Mise à jour le Par Amandine Rouhaud
Entre horreur, science-fiction, récit politique et thriller se niche Lovecraft Country. Un récit hybride, effrayant qui dresse le portrait d'une Amérique des années 50 en pleine ségrégation. Rencontre avec Aunjanue Ellis, l'une des héroïnes de la série.
Lovecraft Country, c’est la rencontre de Get Out et de l’Amérique des années 50. Jordan Peele à apporté sa patte à la série qui transporte le téléspectateurs dans un road trip aussi intense qu’effrayant. Entre horreur, science-fiction, thriller et récit politique, Lovecraft Country dresse le portrait d’une Amérique en pleine ségrégation. Serieously a pu s’entretenir avec Aunjanue Ellis, qui joue Hippolyta, l’une des héroïnes de la série. Rencontre.
Pouvez-vous me dire comment vous avez embarquée sur le projet Lovecraft Country ?
Aunjanue Ellis : Bien sûr, ça a été un peu long ! On m’a envoyé le pilote, de mon côté j’étais sur un autre projet et eux avaient trouvé quelqu’un d’autre pour le rôle. Finalement, le job que j’avais trouvé ne s’est pas concrétisé et j’ai eu l’opportunité de refaire une audition. Ce que j’ai fait et le rôle est devenu le mien.
Quelle a été votre réaction quand vous avez découvert pour la première fois le script ?
J’ai eu un sentiment étrange, c’était quelque chose de bizarre et j’ai adoré ça ! J’ai été séduite par cette réalisation, je n’avais encore jamais vu quelque chose de ce genre à la télévision.
Comment décririez-vous Lovecraft Country à quelqu’un qui n’en a absolument jamais entendu parler ?
Je dirais que Lovecraft Country est une combinaison d’une fiction spéculative et de futurisme. C’est l’histoire d’une famille, de la migration noire en Amérique et d’un voyage qui attire les héros.
Et que pouvez-vous me dire à propos d’Hippolyta, votre personnage ? Vous sentez-vous proche d’elle ?
Je joue Hippolyta, c’est une astronome. Une astronome, au milieu du XXe en Amérique, qui a perdu son mari, quitté sa famille et la communauté et elle se sent déprimée. Et ce qu’on voit d’elle, c’est tout le cheminement d’une femme pour se libérer de cette répression. Et ce qui est intéressant, c’est que l’Amérique, les scénaristes, les créateurs de la série, m’ont tous soutenue et surtout, il y a eu d’excellents retours sur Hippolyta de la part des femmes noires. Il faut dire que je me suis vue dans ce personnage, dans ce rôle. Ce qu’on voit à l’écran, c’est une femme noire qui tente de briser les chaînes dans lesquelles elle est enfermée, ses propres chaînes et elle s’en libère devant toute l’Amérique.
Quel a été le plus gros challenge pour vous de tourner dans une série au style hybride ? Cela a-t-il été difficile ?
Non, enfin je veux dire.. Vous savez, j’essaie toujours de faire de mon mieux, de me dire que je pourrais faire ça tout comme je pourrais ne pas le faire du tout. Mais je pense à mes co-stars qui ont travaillé de plus longues heures que moi sur Lovecraft Country et ça a été physiquement et émotionnellement intense. Donc pour moi, non, ça n’a pas été difficile ça n’a été que du bonheur !
Lovecraft Country se passe dans les années 50 mais la série en dit beaucoup sur notre société contemporaine. Est-ce que de jouer dans la série est aussi pour vous un choix politique ?
Je pense que oui, je pense que la série est politique. L’art est politique, tout est politique. Lovecraft est une série mature et politique. La série s’appelle Lovecraft Country car c’est une référence à H.P Lovecraft et c’était un écrivain de fiction qui était aussi raciste. Beaucoup des fictions qu’il écrivait étaient centrées sur la race et sur sa paranoïa autour des personnes noires et des juifs. Ce qu’on a fait, c’est juste montrer qu’H.P Lovecraft n’était pas une personne si géniale ! On est très fiers de la série qui vient éclairer sur les questions, les espoirs et les rêves d’une famille noire.
Pensez-vous que la série puisse ouvrir les yeux des gens sur ce qu’il se passe aux Etats-Unis actuellement ?
Je pense que ce qu’il se passe aux Etats-Unis, c’est que les gens regardent la télévision sans être véritablement dans le pays ! Ce qui est génial avec Lovecraft Country c’est qu’on ne fait pas la sourde oreille sur une question essentielle qui est en train d’être posée, qui se pose dans le pays et qui se pose dans le monde entier.
Lovecraft Country vient tout juste d’être nommé pour la Meilleure Série Dramatique aux Golden Globes, comment vous sentez-vous ?
Je suis si excitée ! C’est génial d’être nommé pour tout un tas de choses. Ça ne fait qu’attirer l’attention sur la série et c’est également un testament du travail aussi merveilleux que difficile accompli par Misha Green et tout le monde. Tout le monde a travaillé si dur pour faire de Lovecraft ce qu’elle est aujourd’hui. J’apprécie cette reconnaissance, j’en suis très heureuse.
Est-ce qu’il y a un souvenir en particulier de Lovecraft Country que vous n’oublierez jamais ?
Il y a peu de choses que je vais oublier de cette série car tout était fou, tous les jours ! Comme j’ai déjà pu le dire, la série parle de cette célébration d’être noir en Amérique. Tous les jours je me réveille avec cette idée. J’ai tellement de plaisir à regarder tout ça, vous savez, tout ce cheminement.
Si on jette un oeil à votre carrière, on se rend facilement compte de votre engagement politique. C’est important pour vous que les séries, les films dans lesquels vous jouez reflètent votre engagement ?
Oui bien sûr ! Si je pouvais choisir tous mes futurs projets jusqu’à la fin de ma vie, tant que je suis capable de travailler, c’est tout ce que je ferais. En dehors de mon travail et de ce qui me permet de gagner ma vie, hors écran il se passe quelque chose comme on a pu le voir ces derniers jours. Je n’appelle pas ça de l’activisme mais c’est une forme d’agitation pour essayer de rendre le monde dans lequel je vis un peu plus juste. (…) C’est une vocation, c’est un travail. Et vous savez, si je dois continuer à le faire je le ferais. Mais à ce précis moment, je peux apporter mes convictions avec moi au travail et pas les garder simplement dans mon coeur.
Avez-vous des nouveaux projets qui arrivent ?
Je pense que je peux dire que j’espère qu’il y aura une saison 2 de Lovecraft Country. Plus tard, je vais jouer dans King Richards avec Will Smith et des jeunes actrices brillantes. Ça va sortir dans les prochains mois !
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Amandine Rouhaud
Journaliste