Love Lies Bleeding : l’obsession cinéma de la semaine
Publié le Par Alexia Malige
Thriller romantique lesbien de Rose Glass, Love Lies Bleeding met en scène Kristen Stewart et Katy O’Brian dans une sombre histoire d’amour au coeur de l’Amérique profonde. Un film noir à souhait, tirant vers le glauque et le bizarre, qui ne laissera personne indifférent.
Sommaire
C’est quoi ?
Alors qu’elle mène une vie morne de gérante de salle de sport dans un coin perdu et isolé des Etats-Unis, Lou voit sa vie basculer lorsqu’elle fait la connaissance de Jackie. Culturiste ambitieuse, qui rêve de muscles et de victoires, cette dernière bouscule complètement son quotidien, faisant chavirer son coeur comme jamais auparavant. Mais alors que les deux femmes tombent éperdument amoureuses l’une de l’autre, un enchaînement de mauvais choix et de malchance va les entraîner dans une terrible spirale de violence, dont personne ne sortira indemne.
Y’a qui ?
Nouvelle réalisation de Rose Glass, qui s’est précédemment fait remarquer avec le film Saint Maud, Love Lies Bleeding jouit d’un casting de choix porté par Kristen Stewart et Katy O’Brian. La douceur et mélancolie de la star de Twilight se mêle ainsi au tempérament brut, authentique et sauvage de l’actrice vue dans The Mandalorian, offrant un duo aussi hypnotique que sensuel. A leurs côtés, on retrouve également Dave Franco (Insaisissables), Jena Malone (Hunger Games), Ed Harris (Westworld) et Anna Baryshnikov (Dickinson), tous modelés à l’image d’une Amérique profonde, où ennui, misère et amertume gangrènent les coeurs et les esprits.
C’est un peu comme…
Ancré dans une petite bourgade triste, où tout semble emprunt à la tristesse et au désenchantement, Love Lies Bleeding présente un pan cafardeux des Etats-Unis, propice au plus grand des désespoirs. Les premières minutes du film donnent d’ailleurs le ton, puisque l’on découvre la délicate Kristen Stewart les mains dans les toilettes, en train d’essayer de ramener à la vie des sanitaires en plein burnout…
Entre l’air saturé de transpiration qu’elle respire dans sa salle de sport, les remarques désobligeantes de certains clients et la lumière vacillante des néons, la vie de Lou ne semble être qu’un égout sans fond, sans perspective d’ouverture vers le bonheur. Autour d’elle, tout paraît sale, putride ou mortifère, allant du vieux gangster entomologue à la jeune femme au sourire gris, en passant par le mari infidèle, lubrique et violent. C’est comme si l’âme de la ville s’était éteinte et, avec elle, celle de ses habitants…
Terne, pesante, suffocante, c’est une ambiance bien connue des fans de films néo-noirs que nous propose Rose Glass dans Love Lies Bleeding. Une atmosphère glaçante de morosité, qui va subitement se réchauffer un peu à l’arrivée de la pétillante Jackie, qui débarque dans ce trou à rats des rêves et des idéaux plein la tête. Fort des interprétations percutantes des deux actrices vedettes, le duo formé par Lou et sa jolie bodybuildeuse va alors porter l’histoire à un autre niveau, abandonnant le patelin maussade pour mettre en lumière une romance vibrante de sincérité.
Mais très vite, le peu de ciel qui s’était dégagé va redevenir sombre à nouveau. A l’image d’un Under the Silver Lake qui voyait son héros plonger dans les pires bas-fonds de Los Angeles pour retrouver son amour disparu, Jackie va se retrouver happée par une folle spirale de violence. Un cycle tragique et destructeur qu’elle n’a jamais souhaité, mais dans lequel elle s’est engagée malgré tout.
Au fur et à mesure de la descente aux enfers de Jackie, le film va également sombrer dans le bizarre. Fantastique ? Psychédélique ? Love Lies Bleeding se laisse aller sur des chemins étranges et terrifiants, où l’excès est bienvenu au détriment de l’intrigue, qui se noie parfois dans un surplus de délires psychotiques. Certaines scènes hallucinées peuvent d’ailleurs rappeler les violences et autres déviances de Titane de Julia Ducournau, qui multipliait les moments chocs, voire écoeurants, laissant souvent la porte ouverte à l’interprétation.
L’idylle entre Lou et Jackie connaît ainsi des instants de félicité, où les deux actrices irradient de présence et de fragilité, mais également des moments de folie, qui laissent les personnages perplexes et les spectateurs sans voix. Un thriller OVNI donc, qui oscille entre portrait lugubre d’un pays spleenétique, romance effarouchée et surréalisme nauséeux.
Le détail qui change tout ?
Si Jackie est bel et bien une héroïne de fiction, son interprète Katy O’Brian lui ressemble plus qu’on ne pourrait penser. D’abord spécialisée dans les arts martiaux, cette dernière s’est lancée dans le culturisme dans sa jeunesse, alors qu’elle venait d’obtenir son diplôme de coach sportive. Elle a ensuite participé à plusieurs concours de bodybuilding dans les années 2010, toutefois, la jeune femme a préféré s’éloigner de cette discipline, se refusant à prendre des stéroïdes pour faire gonfler ses muscles. Une manière de fonctionner similaire à celle de son personnage dans Love Lies Bleeding, qui ne fait donc que les rapprocher encore un peu plus.
Découvrez Love Lies Bleeding au cinéma dès le mercredi 12 juin 2024.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction