Lost in the night : Ester Expósito, “J’essaye toujours de mettre un peu de moi dans mes personnages”
Publié le Par Marion Le Coq
A l’occasion de la sortie dans les salles obscures du long-métrage d’Amat Escalante, Lost in the night, la rédaction de Serieously a eu le plaisir de s’entretenir avec Ester Expósito qui campe le rôle hypnotisant de Mónica Aldama. Rencontre.
Présenté au Festival de Cannes en mai 2023, le dernier film du cinéaste mexicain Amat Escalante arrive enfin dans les salles de cinéma françaises. Lost in the night est un thriller dramatique qui suit le jeune Emiliano bien déterminé à retrouver la trace de sa mère, ancienne activiste écologiste, disparue quelques années auparavant. Sa quête de la vérité va le mener jusqu’à la riche famille influente Aldama.
L’actrice Ester Expósito, révélée à la scène internationale dans la série de Netflix Elite, grâce au rôle de Carla Rosón Caleruega, campe dans Lost in the night Mónica Aldama, une influenceuse et fille d’une célèbre chanteuse. Un personnage tout en nuances dont nous parle son interprète.
Qu’est-ce qui vous a d’abord séduit dans ce projet ?
Ce que j’ai préféré, je pense, c’est le script et mon personnage. Je suis tombée amoureuse d’elle dès que j’ai lu le scénario. C’est un personnage avec beaucoup de contradictions, très complexe et qui a survécu à un épisode traumatique et j’ai pris ça pour un challenge. Mais j’ai aussi adoré l’histoire, car ça parle de choses importantes et de lieux communs auxquels tout le monde peut s’identifier. Et bien sûr le fait que ce soit un film d’Amat Escalante, c’était une des grosses raisons pour moi de faire ce film car c’est un génie et je savais que ce serait une opportunité très spéciale.
Quelles ont été vos inspirations pour ce rôle ?
J’essaye toujours de mettre un peu de moi dans mes personnages pour leur donner vie. Mais dans ce cas précis Amat Escalante voulait que je regarde un film intitulé Possession, un long-métrage incroyable, et c’était très utile pour moi car Mónica a un côté sombre associé à la psychologie féminine et aux traumatismes liés à la féminité. Et j’ai trouvé beaucoup de points communs entre ce film [Possession, ndlr] et le personnage.
Vous mentionnez les traumatismes liés à la féminité et dans Lost in the night votre personnage, Mónica, est d’ailleurs victime d’une agression sexuelle. Pensez-vous qu’il est important d’aborder ce genre de sujets au cinéma ?
Je pense que c’est très important de parler des violences sexuelles dans le cinéma car ça peut être un moyen de les éviter mais aussi de mettre l’accent sur l’agression elle-même et l’agresseur plutôt que sur la victime. Les histoires qui parlent de ça, en respectant la victime, sont vraiment utiles. Il faut arrêter de prétendre que cela n’existe pas sinon il ne peut pas y avoir de progrès ou d’avancées pour les éviter ou pour que justice soit faite.
En parlant de justice, dans le film Mónica veut connaître la vérité autant qu’Emiliano, pensez-vous que ce désir de justice est inhérent à la jeune génération ?
Oui je pense qu’il y a une certaine forme de rébellion qui vient avec la jeunesse, mais pas juste aujourd’hui, cela a toujours été le cas. C’est plus lié à l’âge et cette époque où tu as le sentiment de pouvoir accomplir n’importe quoi et tu veux changer le monde et te rebeller. Mais je pense qu’il y a des gens dans ce monde qui ont un plus gros sens de la justice que d’autres et que dans ce film, c’est le cas d’Emiliano et Monica.
Dans Lost in the night, votre personnage Mónica a une relation plutôt malsaine avec les réseaux sociaux. Pensez-vous qu’il est important de montrer les mauvais côtés de ces plateformes et la façon dont elles peuvent avoir une influence néfaste ? Pourquoi ?
Oui ça peut être assez dangereux… Il y a évidemment du bon, par exemple on peut communiquer, avoir une communauté qui nous envoie de l’amour et du soutien ou encore suivre notre carrière et toute cette partie-là est incroyable. Mais ils peuvent aussi être très addictifs et ne représentent pas la vraie vie.
C’est une chose que j’essaye toujours de dire et de rappeler aux gens, que les réseaux sociaux ne sont pas la réalité et que ce n’est pas censé l’être. C’est un endroit où on montre une toute petite part de qui on est. Les meilleures parties de la vie, vous n’allez pas les trouver sur les réseaux sociaux, vous allez les vivre et les expérimenter. Et c’est la même chose pour les pires moments. Donc oui, il faut faire attention et je pense que tout le monde, moi y compris, devrait essayer de se déconnecter un peu et de faire des périodes de détox des smartphones.
Découvrez Lost in the night dès ce mercredi 4 octobre au cinéma.
Marion Le Coq
Journaliste