Little Birds, Juno Temple : « Être érotique est hors de notre contrôle, c’est le corps qui prend le pas sur le cerveau »

Librement adaptée des nouvelles érotiques d'Anaïs Nin, Little Birds c'est l'arrivée au Maroc de Lucy, une américaine prête à retrouver son futur mari. Pourtant, ce qui promettait d'être un rêve éveillé va tourner au cauchemar. Entre détachement, errance, désirs et libertés sexuelles, Lucy va se découvrir comme elle ne s'est jamais connue. Rencontre avec Juno Temple.

Little Birds, c’est la matérialisation visuelle de l’érotisme d’Anaïs Nin. À Tanger en 1955, à l’aube de l’indépendance, les esprits sont échauffés, les corps libres et les Hommes nourris de désir. C’est dans cette spirale érotico-fascinante que Lucy (Juno Temple, que l’on a vue dans Dirty John) débarque. Elle, qui vient pour retrouver son futur époux (Hugh Skinner) va très vite déchanter, dans une réalité à l’opposé du conte de fée qu’elle s’est mentalement façonné. Et pour cause, elle va découvrir que son parfait futur époux fréquente secrètement d’autres hommes. Là-bas, elle fera la connaissance de ce qui deviendra une précieuse alliée : Cherifa Lamour (Yumma Marwan), qui va la guider sur le chemin de la redécouverte aussi bien humaine que sexuelle. Une fresque fascinante dont nous a parlé Juno Temple, l’héroïne. Rencontre.

Comment décririez vous Little Birds à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de la série ?

Juno Temple : Je pense que pour moi, Little Birds se décrirait comme une émotion, comme le souvenir d’une émotion que vous ignorez posséder. C’est un bon début, non ? Je pense que c’est un voyage pour deux femmes totalement différentes qui ne réalisent pas l’impact qu’elles peuvent avoir l’une sur l’autre quand elles se rencontrent pour la première fois. C’est un voyage aussi délicat que fondamental.

Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce projet ?

Ce qui m’a séduite ? Mon dieu, qu’est-ce qui ne m’a pas séduite ? (rires) Je pense qu’on rencontre Lucy au début de l’épisode 1, alors qu’elle sort de quelque chose d’institutionnel et qu’elle entre dans une nouvelle vie. Elle s’envole pour le Maroc en se disant qu’elle sera une femme parfaite avec une vie parfaite, mais réalise à son arrivée que ce n’est pas le conte de fée qui lui était promis. Elle a longtemps été contrainte de n’être séduite par rien alors qu’elle peut en fait être séduite par une pomme dans une cuisine où de la pelouse dans le jardin ! Elle est en réalité incroyablement intéressée et séduite par tout ce qui l’entoure.
Dès que l’on fait sa connaissance dans la série, son intérêt se réveille, surtout quand elle arrive à Tanger. Elle est happée par les odeurs, les goûts, la nourriture, les tissus, les fêtes, la capacité des gens à parler des non-dits, car, vous savez, tout ce qui est sexuel doit être gardé derrière des portes bien fermée ! Elle est ainsi, au fur et à mesure que la série avance, séduite par tout ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’elle soit charmée par elle-même quand elle découvre qu’elle a du pouvoir.

Quel a été le plus gros challenge pour donner vie à Lucy ?

Honnêtement, en tant qu’actrice, le plus gros challenge a été de raconter cette histoire extraordinaire en seulement 6 heures (il y a 6 épisodes d’environ 1 heure chaque, Ndlr) et on a tout tourné comme des séquences. Il fallait donc retenir exactement où chaque chose se situait. Vous savez, quand on tourne la scène 17 de l’épisode 6 puis la scène 2 de l’épisode 4, il faut se souvenir exactement de ce que ça signifie. Le script était très organisé avec plein de couleurs et de notes. C’est ça, la difficulté. De se retrouver avec des annotations, des morceaux de scotch rose avec la mention « tu croises ton mari avec un autre homme », alors que ça représente un énorme changement pour Lucy !

La série est adaptée des nouvelles érotiques d’Anaïs Nin. Ça parle énormément de désir, de sexualité et de liberté. Est-ce que c’est quelque chose qui a été difficile à explorer pour vous ?

Non ! (rires) Non, pas du tout ! J’ai lu Anaïs Nin quand j’avais 17 ans et je me rappelle l’avoir lu dans un avion qui reliait Londres à Los Angeles tout en pensant « Wow, je suis un peu excitée ». Et je pense qu’à 17 ans j’avais conscience que je ne savais pas vraiment si c’était étrange de se sentir excitée par ces histoires qui ont un truc à la fois grotesque, fascinant, inconnu et dangereux. C’était comme, je ne sais pas…renifler la sueur de tes aisselles et ne pas détester ce que tu sens, vous voyez ce que je veux dire ? C’est comme explorer son propre corps et les choses qu’il est capable de créer.

La sexualité et être sexy chez une femme, c’est quelque chose que nous contrôlons. Être érotique est hors de notre contrôle, c’est le corps qui prend le pas sur le cerveau et le cerveau doit rattraper son petit retard (…) Lire Anaïs Nin à la fin de mon adolescente a été une chose incroyable. Jouer dans Little Birds plus tard dans ma vie m’a semblé être vraiment intéressant. J’ai été si emballée par ces étranges, merveilleuses et curieuses histoires !

La série peut-elle avoir une saison 2 ?

En réalité, je ne sais pas. Personne n’a évoqué cette possibilité. Aimeriez-vous voir une seconde saison ? Je me demande ce qu’on devrait faire. Laisser tout comme ça ou découvrir ce qu’il se passe après…

Sur quoi travaillez vous désormais ?

Je suis actuellement à Londres pour tourner la seconde saison de cette série d’AppleTV+, Ted Lasso. Et après, qui sait ? On peut tous se réveiller le lendemain avec de nouveaux plans, non ?

Les 6 épisodes de Little Birds sont disponibles sur STARZPLAY depuis le 14 février