Liés pour la vie : Laëtitia Milot, « Apprendre à diriger le cheval, ça a été un travail énorme » (INTERVIEW)

Liés pour la vie : Laëtitia Milot, « Apprendre à diriger le cheval, ça a été un travail énorme » (INTERVIEW)

Adapté du roman éponyme de Laëtitia Milot, le téléfilm Liés pour la vie est diffusé ce lundi 7 juin sur TF1. L’occasion pour Serieously d’échanger avec l’auteure et actrice sur ce drame plein d’émotion.

Alors qu’elle se prépare pour les Jeux Olympiques, Lucie (Laëtitia Milot), une cavalière de haut niveau, est victime d’un grave accident de moto qui la laisse paraplégique. Son univers bascule alors du jour au lendemain, lorsqu’elle réalise que ses rêves de gloire et de médailles se sont envolés avec ses jambes. Déterminée à se reconstruire, la jeune femme entame ainsi un nouveau pan de son existence. Elle rencontre un homme séduisant, Marc (François Vincentelli), dont elle va rapidement se rapprocher et va aussi découvrir de nouvelles sensations et perspectives d’avenir. Ce qu’elle ignore en revanche, c’est que Marc est également le conducteur qui l’a renversée et a brisé sa vie…

Liés pour la vie est l’adaptation du livre éponyme dont vous êtes l’auteure. Qu’est-ce qui vous a conduite à écrire cette histoire-là ? Pourquoi avoir choisi le thème du handicap ?

Il y a quelques années, avant d’écrire Liés pour la vie, je regardais les Jeux Olympiques et les Paralympiques. J’ai alors assisté à une sublime scène lorsqu’un cavalier a remporté une médaille. Il était pris de beaucoup d’émotion et il m’a émue. S’il y avait un mot encore plus fort qu’athlète pour qualifier ces sportifs-là, je le dirais. Parce que vous savez, diriger un cheval, ne serait-ce que pour une personne valide, ce n’est pas évident, alors le faire sans l’usage de ses jambes, d’un bras ou avec un tout autre handicap, c’est tout simplement surhumain. Vraiment !

Liés pour la vie Laetitia Milot
© TF1

Et là, vous pouvez vous rendre compte de la complicité que peut avoir le cheval avec son cavalier. Beaucoup de choses passent par l’émotion, le ressenti, la voix, par le peu de membres qui bougent et c’est magique. C’est ce que j’ai voulu retranscrire. J’ai souhaité aborder le thème de l’alcoolisme aussi et des ravages que cela peut causer, notamment l’ivresse au volant. Ca peut détruire des vies et il faut juste en être conscients. Après, j’ai fait un mélange avec le pardon, la culpabilité et la résilience. Des sujets forts qui nous permettent d’avancer.

Comment avez-vous été amenée à vous intéresser aux Jeux Paralympiques, qui sont encore très peu regardés par des spectateurs valides ?

J’ai eu des proches malheureusement non valides, qui m’ont aussi beaucoup inspirée pour la leçon de vie que l’on tire de ce film et de ce livre. Pour ce qui a trait au courage, à la force et à la détermination, je me suis forcément un peu basée sur leur caractère. En revanche, le paralympique, c’est quelque chose que je regarde depuis des années, mais c’est effectivement peut-être parce que j’ai grandi avec eux que ça m’a toujours autant intéressée.

Au moment où vous avez écrit le livre, vous imaginiez-vous déjà dans la peau de Lucie ?

Non, pas du tout. Je n’aime pas m’imaginer en adaptation. Quand j’écris, je visualise les scènes dans ma tête, mes personnages vivent, mais je ne pense pas à l’adaptation. Je n’ai pas envie de me projeter là-dedans et d’être déçue ensuite si ça ne se fait pas.

Liés pour la vie Laetitia Milot
© TF1

Quelle différence y-a-t-il entre le fait de jouer un personnage que l’on a écrit soi-même avec un personnage qui a été écrit par quelqu’un d’autre ?

On est totalement incarné ! (rires) On connaît le personnage plus que par cœur, puisqu’on l’a créé. Lucie, c’est moi qui l’ai inventée, c’est mon bébé ! (rires) On a vraiment une autre implication, un ressenti qui s’étend au-delà de l’interprétation. Dans Liés pour la vie, j’étais Lucie. Et quand j’étais sur le tournage, ça m’est arrivé plein de fois de me pincer. Je me demandais si je n’étais pas en train de rêver, si c’était bien réel. C’était tellement magique ! Je n’ai même pas de mots pour décrire tout ce qu’il se passait dans ma tête.

Étant à la fois auteure du livre et actrice, à quel point vous êtes-vous impliquée dans la création du téléfilm ?

Au niveau de l’histoire, j’ai travaillé main dans la main avec Merlin et TF1. Tant que le scénario ne plaisait pas aux trois, on continuait et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a fallu plus de deux ans d’écriture. On est finalement arrivés à un résultat qui convenait à tout le monde. L’auteure a su me cerner, me comprendre. Elle a bien pris en compte ce que je voulais mettre en avant dans le téléfilm, car par rapport au roman, il y avait bien sûr des sacrifices à faire. Ensuite, il y a eu une implication physique très intense pendant un mois. Ça a été un travail acharné, je n’ai pas compté mes heures. Ça a été un challenge, un défi que je ne pensais pas arriver à relever et que j’ai finalement su surmonter.

Liés pour la vie Laetitia Milot
© TF1

Justement, étiez-vous déjà familière avec le milieu de l’équitation ou avez-vous dû apprendre à monter à cheval pour le téléfilm ?

Non, j’allais juste donner des carottes aux chevaux, c’est tout (rires). J’étais déjà montée à cheval pour faire des petites balades. Le genre de promenades où l’on tient juste le pommeau (rires). Mais là, apprendre diriger le cheval, ça a été un travail énorme. Rien que pour passer du trot au galop, il m’a fallu deux semaines. Ensuite, il ne me restait donc que deux semaines pour être plus à l’aise avec le galop. J’avais très peur en fait, j’avais très très peur ! Donc ça, ça a été un gros challenge. Ensuite, j’ai dû apprendre à monter non valide. Et ça, c’est pareil, c’était une catastrophe. Le cheval ne bougeait pas (rires).

J’ai travaillé avec un cascadeur, qui devenu paraplégique, et c’est lui qui m’a appris à monter sur le cheval. Il a d’ailleurs partagé avec moi les émotions qu’il avait ressenties la première fois qu’il était remonté à cheval après son accident. J’ai été très émue par son histoire. Il m’a prêté sa selle et j’étais très honorée de pouvoir m’en servir. Il m’a également dit : « Tant que tu n’obtiens pas cette fusion avec ton cheval, ça va être compliqué ». Et au départ, ça a effectivement été très compliqué.

Comment avez-vous réussi à trouver une connexion avec le cheval ?

Ca ne marchait pas et je suis même rentrée chez moi en pleurs. Mon mari m’a rassurée et m’a dit que je trouverais forcément une solution. Et il avait raison ! La solution, ça a été d’acheter des carottes (rires). Tout le monde s’est moqué de moi ! Mais je suis allée voir Saphir, je lui ai donné des carottes et je lui ai parlé les yeux dans les yeux. Je lui ai expliqué ma vision du cheval et ce que je voulais mettre en avant dans le film. Et ce jour-là, il y a eu un déclic. Une fusion s’est créée. Il a appris à faire confiance à la débutante que j’étais et j’ai appris à faire confiance au professionnel qu’il était lui. Quand je suis montée sur son dos, il s’est passé un truc, dans la voix, dans l’émotion. Ce que je ressentais pendant les scènes, c’était dingue !

Liés pour la vie Laetitia Milot
© TF1

Comment vous êtes-vous préparée à jouer une personne paraplégique ?

J’avais reçu un fauteuil à la maison, donc ça faisait un mois et demi que je travaillais chez moi déjà. C’était un fauteuil sportif et dès que je me penchais en arrière, je tombais. Donc j’ai fait quelques chutes au début (rires). Il a fallu que je l’apprivoise. Et ensuite, j’ai été en contact avec des personnes handicapées qui m’ont effectivement aidée à comprendre les gestes et les déplacements.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

J’ai un projet sur M6, Pour te retrouver. Ce sont des parents qui se déchirent par rapport à leur fils qui est autiste. On voit plein de flashbacks sur pourquoi ils se sont déchirés, pourquoi ils en sont arrivés là et pourquoi ils a disparu. C’est un très joli film aussi. Et ensuite, sur France 3, Le Squat avec Line Renaud. C’est une comédie sociale, beaucoup plus légère.

Découvrez aussi notre interview Tu préfères avec Laëtitia Milot.

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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