Libre : comment Bruno Sulak est-il vraiment mort ?
Publié le Par Alexia Malige
Nouveau film de Mélanie Laurent, Libre arrive ce vendredi 1er novembre sur la plateforme Prime Video. Le long-métrage retrace la vie du célèbre gentleman braqueur Bruno Sulak, qui a opéré dans différentes villes de l’Hexagone dans les années 80. Une existence passée à 100 à l’heure et riche en rebondissements, qui s’est malheureusement achevée de manière tragique en 1985. Mais que lui est-il vraiment arrivé ? Focus.
Le Arsène Lupin des années 80, c’était lui. Né en Algérie en 1955, d’un père originaire de Pologne, Bruno Sulak a grandi à Marseille avant de s’engager dans la Légion à l’âge de 20 ans. Toutefois, cette carrière ne lui correspond pas et son manque de discipline et sérieux le conduira à être considéré comme un déserteur quelques années plus tard. C’est alors à ce moment-là qu’il va se lancer dans les braquages de supermarchés.
Le film Libre, porté par Lucas Bravo (Emily in Paris, Ticket to Paradise) et Léa Luce Busato, raconte ainsi son histoire à partir de ces années-là, lorsque Bruno et sa bande commencent à se faire connaître des services de police, multipliant les casses dans des magasins alimentaires. Plus que les vols en eux-mêmes, c’est la méthode qui interpelle les enquêteurs, qui ont rarement affaire à ce genre de gentleman cambrioleur. Pour cause, Bruno Sulak se fait remarquer par son élégance, ses bonnes manières et ses « coups » sans violence. Pour lui, il s’agit simplement de prendre de l’argent aux plus riches, mais sans jamais faire de mal à qui que ce soit.
Par la suite, ce dernier impressionne également par ses évasions spectaculaires. Il s’échappe de prison la première fois en sciant les barreaux de la fenêtre de sa cellule, puis revient quelque temps plus tard libérer son co-détenu Jean-Louis Segreto. Des années après, alors qu’il a à nouveau été interpelé, il profite d’un transfert en train pour glisser entre les mains des policiers, continuant ainsi à forger sa légende.
En prenant de l’expérience, Sulak se lance dans un second temps dans le braquage de bijouteries, devenant alors l’un des grands noms du banditisme français. Pendant des années, il jouera donc au jeu du chat et de la souris avec les policiers, qui seront à la fois charmés par sa personnalité séduisante et exaspérés par ses ruses et idées ingénieuses. La partie prendra néanmoins fin en 1984, lors de sa dernière arrestation. Conduit à la prison de Fleury-Mérogis, il y décèdera quelques mois plus tard, laissant planer un mystère éternel sur les circonstances de sa mort.
La mort de Bruno Sulak, une énigme jamais résolue
Si la réalisatrice Mélanie Laurent a fait le choix de montrer Bruno Sulak se faire rouer de coups par les gardiens de prison avant d’être défenestré par ces derniers, les événements ayant conduit à la mort du braqueur sont toujours restés très flous.
Dans la nuit du 17 au 18 mars 1985, le jeune homme, alors âgé de 29 ans, avait décidé de s’enfuir, ayant élaboré un plan avec la complicité du sous-directeur de l’établissement et d’un surveillant. Or, les choses ne se seraient pas déroulées comme prévu. Bien qu’il ait réussi à rejoindre un bâtiment administratif qui se trouvait près de la sortie, Bruno Sulak aurait été repéré et, en voulant échapper aux gardiens, il serait tombé ou aurait sauté d’une fenêtre du deuxième étage. Blessé grièvement, il a ensuite été admis en urgence à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, où il est décédé plusieurs jours plus tard, dans la nuit du 28 au 29 mars.
« Il y avait plein de choses qui n’étaient pas claires »
Interrogé par Serieously dans le cadre de la promotion de Libre, le comédien Lucas Bravo, qui incarne Bruno Sulak à l’écran, est revenu plus en détail sur le choix scénaristique très fort qui a été fait pour la fin du film. « C’était quand même important pour nous de prendre un parti sans pointer du doigt. C’est pas un film anti-flics ou quoi que ce soit », a-t-il d’abord tenu à préciser. « Je trouve que justement ça met en valeur la beauté du code de conduite qu’il y avait à l’époque entre les flics et les voyous. Yvan a fait un travail formidable dans ce sens là », a-t-il ajouté, louant le rôle d’Yvan Attal, qui campe le policier George Moréas dans le long-métrage, dont la relation amicale avec le braqueur est plutôt touchante. Toutefois, les rapports étranges sur le décès de Bruno Sulak ont amené les auteurs à opter pour ce dénouement tragique, insinuant une mise à mort volontaire de la part des gardiens de prison.
« C’est vrai que oui, il y a plein de choses qui n’étaient pas claires, notamment dans la façon dont son visage était complètement défiguré, il n’avait pas les stigmates d’une chute et ça semblait étrange qu’il se jette de la fenêtre comme ça. Et en plus, sa famille n’a pas eu le droit de lui rendre visite pendant une semaine à l’hôpital, car il n’a pas succombé à sa chute, il a succombé à ses blessures après coup. Il y a plein de choses qui n’étaient pas claires, donc on a pris le parti de suggérer qu’il s’était fait rouer de coups et qu’on s’était un peu débarrassé de lui ».
Bien que les proches du jeune voleur aient essayé de faire entendre leur voix dans cette affaire, la lumière n’a finalement jamais été faite sur les derniers instants de Bruno Sulak, maintenant le doute dans les esprits. Etait-ce un accident ? Un suicide ? Ou un assassinat ? Impossible désormais d’établir une réponse avec certitude.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction