Les Combattantes : Alexandre Laurent, « On avait envie que la série soit grandiose » (INTERVIEW)
Publié le Par Eliott Azoulai
À l’occasion du lancement de la mini-série événement Les Combattantes, ce lundi 19 septembre 2022 sur TF1, la rédac de Serieously a rencontré le réalisateur Alexandre Laurent (Le Secret d’Élise, Le Bazar de la Charité) pour un entretien exclusif.
Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler sur Les Combattantes ?
Alexandre Laurent : On était en train de finir Le Bazar de la Charité, c’était le lendemain de la soirée du Grand Rex, Iris (Bucher, la productrice) m’avait parlé des Combattantes et cette soirée était tellement magique que j’avais envie d’enchaîner sur un projet aussi grand, voire plus grand. Donc il y a eu l’envie de revivre une expérience aussi folle, c’était la première motivation. Après, dans le projet lui-même, il y a aussi eu la chance de pouvoir poser son oeil sur une période de l’histoire de France aussi majeure que la guerre 1914-1918.
En tant que réalisateur, le fantasme de pouvoir faire un film de guerre est assez rare de nos jours en fiction. Et pourquoi un film de guerre ? Je trouve que la guerre exacerbe nos sentiments et montre l’horreur mais aussi toute l’humanité dont l’être humain fait preuve pour se dresser contre l’horreur. C’est l’histoire de nos quatre combattantes. Je trouvais que c’était vecteur d’émotions, de challenges, d’images, de pleurs, d’explosions, d’aventure humaine, tout ce mélange.
Vous avez travaillé en 2019 sur Le Bazar de la Charité, avec trois des actrices principales des Combattantes. Si vous deviez comparer les deux séries, quelles sont selon vous les principales différences et les plus gros points communs entre elles ?
Le plus gros point commun saute aux yeux, il s’agit de nos trois héroïnes qui sont le vecteur de l’histoire. Il y a aussi le sujet de cette anthologie, qui traite du droit de la femme dans l’histoire de France (en 1897 pour Le Bazar de la Charité et en 1914-1918 pour Les Combattantes), donc l’émergence du féminisme et du droit de la femme. Ce sont vraiment les sujets communs aux deux projets.
Au niveau des différences, on peut dire que les personnages se croisent plus dans Les Combattantes. Dans Le Bazar, on avait un épisode clé au début où ils vivaient tous l’incendie et après leurs histoires étaient séparées. Les univers se croisaient assez peu contrairement aux Combattantes, où il y a plus d’interactions entre les héroïnes. Nous avons également davantage développé les personnages secondaires qui sont plus complexes, plus riches et se croisent également plus. Ils ont tous des trajectoires folles, et je trouve qu’on a vraiment plus creusé leur psychologie aussi. J’ai passé beaucoup de temps à essayer de modeler chaque personnage.
Si vous deviez utiliser trois mots pour décrire la série Les Combattantes, que diriez-vous ?
Humanité, énergie et ambition. Humanité parce qu’on traite de ça. Je trouve que tous nos personnages font preuve d’une grande humanité. Il y a de l’entraide, de la sororité, et on voit vraiment tous les efforts que l’être humain fait pour aider son prochain. Énergie, parce que comme dans la fabrication et comme nos héroïnes dans l’histoire, on a dû en avoir besoin. Nos héroïnes sont très énergiques, elles se démènent pour les autres et pour essayer de se sortir de galères. Il nous a également fallu beaucoup d’énergie lors du tournage pour porter le projet, tourner, le monter, etc. Et ambition, parce qu’on avait envie que ce soit grandiose, à la hauteur des moyens donnés, à la hauteur de l’histoire de France, à la hauteur de la guerre 14-18. On a un devoir de mémoire.
Quel a été votre meilleur souvenir sur le tournage ?
Tout a été fou. Ça a été un kif avec tout le monde. Mais à un moment, dans ce tournage dantesque où on a eu des extérieurs à gaver, des figurants, des explosions, les couvents remplis de blessés et de bonnes soeurs, il y a eu un truc qui s’appelle l’intérieur de la maison Dewitt où on traite l’histoire de Caroline, de Charles et d’Éléonore. Ça a duré deux semaines, c’était un peu hors du temps. C’était en région parisienne mais c’était un peu trop loin pour rentrer chez soi en fin de journée. Donc pour la première fois j’étais à l’hôtel avec les acteurs – normalement je suis dans un gîte quand on est dans les Vosges, ou je rentre chez moi le soir quand on est en région parisienne, mais je coupe quoi. Là, j’étais avec les acteurs et le soir on buvait des verres ensemble en lisant les séquences du lendemain. Travailler le scénario avec Grégoire Colin, Sandrine Bonnaire, c’était hors du temps, une petite pause. Puis Sandrine Bonnaire quoi !
Quels ont été les plus gros défis à relever sur le tournage ?
Le finir. Le fait d’avoir participé à l’écriture aussi m’a mis une pression supplémentaire, parce que je me suis engagé à ce que ce soit prêt en deux ans, deux ans et demi. J’avais un contrat moral et professionnel. Il fallait vraiment mener ce projet à bien. Il y a eu beaucoup d’angoisses et beaucoup de kifs. C’est un bel accomplissement en tant que réalisateur.
Il y a eu Le Bazar de la Charité, maintenant Les Combattantes. Une troisième mini-série est-elle prévue ? Et si oui, quelle période de l’Histoire de France aimeriez-vous retracer ?
Un troisième opus est prévu. Iris a eu une petite idée, elle m’en avait déjà parlé il y a un an, un an et demi, et on en a reparlé il y a un mois. Pour l’instant ça cogite autour de la révolution culturelle en France. Mais ce n’est pas acté, c’est en réflexion. Et puis après, pourquoi pas aller dans le futur ? Ça c’est mon fantasme, Iris ne le sait même pas. Ce serait une belle façon, je trouve, de conclure l’anthologie.
Retrouvez la série Les Combattantes tous les lundis, à partir du 19 septembre, à 21h10 sur TF1.
Eliott Azoulai
Journaliste