« Il s’est mis à me haïr ! » : pourquoi Jacques Villeret en voulait au réalisateur du Dîner de Cons ?

Sorti en 1998, Le Dîner de Cons reste une comédie inoubliable, et indissociable de la performance et du génie de Jacques Villeret. Mais saviez-vous que le plus célèbre des François Pignon avait failli ne pas accepter de jouer dans le film à la suite d’un conflit avec son réalisateur ? Serieously vous explique tout.

Personne n’a oublié Le Dîner de Cons, et cela pour beaucoup de raisons. Parmi elles, il y a évidemment Jacques Villeret. Inoubliable dans le rôle de François Pignon, le comédien a permis à ce personnage, et au film, de s’ancrer dans nos vies et de devenir mémorable et tout simplement culte.

Le Dîner de Cons : les conflits liés à l’adaptation au cinéma

Une comédie sortie en 1998, réalisée par Francis Veber, adaptée de sa propre pièce mise en scène par Pierre Mondy. Dans celle-ci, Jacques Villeret incarnait déjà le rôle du « con » qui se retrouve face à Brochant, campé de son côté par Claude Brasseur sur les planches, avant que Thierry Lhermitte ne reprenne son rôle à l’écran.

Si ces changements dans le casting ont suscité quelques frictions en coulisses, notamment du côté de Gérard Hernandez qui a eu beaucoup de mal à avaler avoir été remplacé par Daniel Prévost dans le costume du contrôleur fiscal Lucien Cheval, d’autres tensions existaient avant même que le film ne soit tourné. Eh oui, c’est assez difficile à croire, mais Jacques Villeret a bien failli ne jamais tourner dans l’adaptation cinématographique du Dîner de Cons, et cela parce qu’il en voulait énormément à Francis Veber.

Francis Veber a écarté Jacques Villeret de La Chèvre cause de Lino Ventura

C’est Francis Veber lui-même qui est de nombreuses fois revenu sur cette histoire qui l’a marquée, entre lui et Jacques Villeret. Pour mieux la comprendre, il faut revenir à la fin des années 70, début des années 80. À cette époque, Veber a l’idée de réaliser ce qui deviendra La Chèvre, et pense à Lino Ventura pour porter son film, et aussi le coproduire. « J’ai dit à Lino [Ventura] qui avait joué L’Emmerdeur : ‘J’ai envie qu’on échappe aux studios, qu’on coproduise le film tous les deux.’ Il me dit : ‘D’accord, 70% pour moi, 30% pour toi.’ Moi j’étais prêt à tout, c’était lui la star« , s’est souvenu le cinéaste dans le documentaire Juste une mise au point, datant de 2019.

Un projet qui partait plutôt bien, mais qui s’est confronté au caractère de Lino Ventura : « Je lui donne le scénario à lire, et je lui dis que j’ai un acteur pour jouer le malchanceux, c’est [Jacques] Villeret. Il me dit ‘J’en veux pas !‘ » C’est ce refus catégorique de Lino Ventura qui sera le point de départ du froissement entre Villeret et Veber. « Je perds Villeret qui m’en veut à mort, parce qu’il avait lu le scénario et croyez-moi, il avait vu la pépite. Je l’ai appelé moi-même, parce que je trouvais que c’était à moi de lui dire. Il s’est mis à me haïr !« , s’est souvenu le réalisateur.

Jacques Villeret a bien failli ne jamais jouer François Pignon dans le film !

Lino Ventura s’est finalement rapproché de Gaumont pour être rémunéré, mais est entré en conflit avec le producteur historique de la maison, Alain Poiré, et Francis Veber s’est ainsi retrouvé sans acteurs pour tourner La Chèvre. S’il a finalement réussi à trouver un tandem de choc, composé de Pierre Richard et Gérard Depardieu, Veber a dû présenter platement ses excuses à Jacques Villeret qui était, à raison, très peiné et vexé.

Un peu plus de 10 ans plus tard, en 1993, Francis Veber se lance alors dans l’écriture de la pièce Le Dîner de Cons, et pense évidemment à Jacques Villeret pour le rôle de François Pignon. Si le comédien accepte, il reste affecté par son expérience manquée au cinéma avec le scénariste, et mettra donc beaucoup de temps à lui dire « oui » pour reprendre son rôle dans l’adaptation sur grand écran.

Après avoir repoussé le scénario durant de longues semaines, Jacques Villeret accepte finalement de jouer dans le long-métrage sorti en 1998. La suite, on la connaît : plus de 9 millions de spectateurs en salles, trois César dont celui du Meilleur acteur pour Jacques Villeret, et des scènes et répliques devenues culte et que l’on ne se lasse pas de voir et revoir, même près de 30 ans après.