Le Corniaud : pourquoi Louis de Funès et Bourvil ne s’entendaient-ils pas sur le tournage ?
Publié le Par Mathilde Fontaine
Le Corniaud est l’une des comédies françaises culte par excellence. Et si vous pensiez tout connaître du film de Gérard Oury, vous ne saviez peut-être pas que, sur le tournage, le torchon a bien failli brûler entre Louis de Funès et Bourvil. Serieously vous raconte !
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Au panthéon des films culte français, on retrouve bien évidemment Le Corniaud. Devenu l’un des grands classiques des comédies tricolores, le long-métrage réalisé par Gérard Oury est sorti en 1965 et déclenche, aujourd’hui encore, les rires des spectateurs. Si beaucoup connaissent ses répliques et son intrigue par cœur, personne ne se lasse de le revoir malgré ses nombreuses rediffusions. Pourtant, certaines histoires de coulisses de cet incontournable du grand écran restent méconnues du grand public.
Louis de Funès, bien moins drôle à la ville qu’à la scène
On le sait bien, Louis de Funès était loin d’être aussi gentil qu’il n’y paraissait. Celui qui est encore considéré comme l’un des acteurs préférés des Français et reste une inspirations pour des générations de comédiens, avait en effet un caractère bien à lui qu’il n’hésitait pas à faire exploser sur les plateaux de tournage. Et si l’on sait qu’en revanche, Bourvil était célèbre pour sa gentillesse, il a subi les foudres de son acolyte.
Retour en arrière. En 1965, Gérard Oury décide donc de réunir à l’affiche Bourvil et Louis de Funès pour un film inspiré du démantèlement de la French Connection, et plus particulièrement de l’arrestation d’un présentateur de la télévision française aux États-Unis, à bord d’une voiture contenant pas moins de 50 kg de drogue. Inspiré par ce rebondissement qui a fait la Une des journaux au début des années 60, le cinéaste confère un twist humoristique à l’histoire pour donner naissance à la comédie que l’on connaît aujourd’hui. Oui, mais voilà, le tournage du Corniaud a bien failli tourner au vinaigre à cause du tempérament de Louis de Funès.
Le Corniaud : d’un accident de voiture…
À l’époque encore peu reconnu, car n’ayant pas encore explosé dans les succès que sont Le Corniaud, Le Gendarme de Saint-Tropez ou La Grande Vadrouille, Louis de Funès est censé camper le rôle – à l’époque secondaire – de Léopold Saroyan. Celui-ci fait face au héros du film, Antoine Maréchal, interprété par Bourvil. Alors que le tournage démarre, le fils de l’un des techniciens emprunte la Jaguar que Saroyan doit conduire dans le long-métrage, mais l’abîme après un accident.
En réparation, la voiture force donc l’équipe du film à revoir le planning de tournage en se concentrant sur les séquences tournées avec Bourvil au détriment de celles que devait faire Louis de Funès à bord de son bolide. Alors que ce dernier doit patienter durant la réparation de la carrosserie de la fameuse Jaguar, et que Gérard Oury met donc, en attendant, en boîte les scènes avec Bourvil, De Funès décide soudain de venir voir les rushes de ces premières semaines.
… à une crise de nerfs de Louis de Funès
Forcé d’organiser une projection en urgence, le réalisateur du Corniaud montre alors 5 heures d’images au cours desquelles il n’y a quasiment que Bourvil à l’écran. De quoi provoquer la rage de Louis de Funès qui a explosé de colère et de jalousie, et est ainsi, dès le lendemain, arrivé sur le plateau en ayant coché toutes ses scènes et toutes celles de Bourvil sur son scénario, afin de les comparer. Entamant pendant 24h une « grève du masque » – le fait d’incarner son rôle au minimum, en se tenant strictement à ce qui est écrit – Louis de Funès a ensuite eu gain de cause.
À la suite de cette crise qui a bien failli ruiner le film et les relations entre les deux acteurs principaux, Gérard Oury réécrit Le Corniaud pour y ajouter deux scènes mémorables et dans lesquelles le talent de de Funès peut briller : celle de la réparation de la voiture dans le garage, et celle du culturiste sous la douche.
Comment Bourvil a apaisé la colère de Louis de Funès dans Le Corniaud
Bien loin de se vexer du comportement de son partenaire de jeu, et soucieux de vouloir apaiser les choses, Bourvil a par la suite demandé à ce que le nom de Louis de Funès apparaisse lui aussi en haut de l’affiche du Corniaud. Un geste qui a fait oublier sa mauvaise humeur à ce dernier, et dont il s’est toujours souvenu.
Quelques années plus tard, en 1976, Louis de Funès a en effet reproduit l’action de Bourvil en faisant de même à l’égard de Coluche, dont il a exigé que son nom soit à côté du sien sur l’affiche de L’Aile ou la Cuisse. Tout est bien qui finit bien !
Mathilde Fontaine
Rédactrice en chef - Journaliste
Rédactrice en chef de Serieously, Mathilde est toujours à l'affut d'une sortie cinéma ou d'une nouveauté séries, sans oublier de regarder en boucle des classiques du grand et du petit écran.