Last Week Tonight, entretien avec John Oliver : "Quand les pays me demandent d'évoquer leurs élections, c'est pour partager leur douleur"

Last Week Tonight, entretien avec John Oliver : « Quand les pays me demandent d’évoquer leurs élections, c’est pour partager leur douleur »

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La saison 9 de l’émission Last Week Tonight de John Oliver débarque ce dimanche 20 février aux Etats-Unis et trois jours plus tard en France sur OCS. L’occasion pour Serieously de le rencontrer lors d’une table ronde.

Nous avons les élections présidentielles cette année au Brésil, allez-vous en parler cette saison ?

John Oliver : C’est très, très, peu probable que nous n’évoquions pas les élections au Brésil, sous une forme ou une autre. Tout me paraît intéressant, et si je ne veux pas faire de promesse, je ne nous imagine pas ne pas du tout en parler dans nos émissions cette année.

Quel a été votre plus grand défi dans le fait de revenir tourner en studio ?

John Oliver : Il n’y en avait pas, le vrai défi ces dernières années a été de ne pas y être. C’est un énorme soulagement de revenir. Ce qu’à fait toute l’équipe cette année et demi passée a été incroyable, être capable de produire l’émission chaque semaine dans les conditions qu’on connaît, c’était impressionnant. Et donc avec ce retour en studio, on peut enfin revoir les choses en grand et mettre en place des trucs que nous ne pouvions plus faire.

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Allez-vous également couvrir l’élection présidentielle en France ?

John Oliver : Je pense, oui. C’est drôle parce que quand des pays me disent ‘s’il vous plaît, parlez de nos élections‘ ce n’est jamais parce qu’ils pensent que les choses s’annoncent géniales, ce n’est jamais ‘s’il vous plaît, parlez de nos élections parce qu’on a vraiment de super candidats‘, mais plutôt ‘s’il vous plaît, partagez notre douleur au reste du monde.’

Votre émission aurait-elle la même structure et résonance si elle avait été faite il y a 20 ou 30 ans ? 

John Oliver : Je pense oui, parce qu’on travaille si dur pour couvrir des histoires avec précision. Donc nous sommes très rigoureux là-dessus, parce que ce n’est pas facile de naviguer entre toutes les fake news qui peuvent sortir chaque jour. Et même si elles n’étaient pas présentes, ou moins présentes, dans les années 90 ou 80, je ne vois pas d’autres manières de faire notre émission. Sa fondation même et tout le travail qu’on fait serait le même quelque soit l’époque. 

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Est-ce que les critiques changent votre façon de faire l’émission ?

John Oliver : On fait toujours la distinction entre les critiques de bonne et de mauvaise foi. On écoute et on apprend des critiques de bonne foi, qu’elles soient positives ou négatives, et on essaye d’ignorer les critiques pleines de mauvaise foi. Donc je ne pense pas que fondamentalement les critiques des gens changent notre façon de faire, mais il y en a certaines qu’on peut prendre en compte.

Il y a quelques années Trey Parker, le créateur de South Park, a dit que Donald Trump a rendu les choses compliqué pour la comédie et la satire, parce que le monde est devenu beaucoup trop absurde, et je voulais savoir si pour vous c’est aussi devenu plus difficile de faire de la satire ?

John Oliver : Je pense qu’en général oui, il a rendu les choses compliquées, parce qu’avec Donald Trump les choses étaient déjà ridicules. On ne pouvait pas prendre un sujet sérieux et le rendre ridicule, il le faisait lui-même. Donc il faut trouver d’autres moyens de raconter nos histoires, et il y a d’autres actualités qu’on peut tourner en dérision. Mais avec ces politiques, comme Trump ou même Boris Johnson, il faut faire attention à ne pas trop se concentrer sur les choses idiotes qu’ils peuvent dire, et regarder plus loin les choses épouvantables qu’ils font. C’est le vrai défi. Il faut faire attention à ne pas faire ce travail à leur place, et se concentrer sur ce qui compte le moins.

Romain Cheyron

Romain Cheyron

Journaliste

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