Youtubeur à succès franco-japonais, Louis-San s’est imposé sur le devant de la plateforme grâce à ses vidéos humoristiques et/ou explicatives sur le Japon et ses coutumes. Passionné de mangas depuis son plus jeune âge, le youtubeur est devenu ambassadeur du nouveau titre très attendu : Kaiju n°8. Dans une interview inédite, Louis-San nous explique sa vision du manga, mais également pourquoi il a choisi Kaiju n°8.
Les kaiju sont d’effroyables monstres géants qui surgissent de nulle part pour attaquer la population. Au Japon, ces apparitions font désormais partie du quotidien. Enfant, Kafka Hibino rêvait d’intégrer les Forces de Défense pour combattre ces terribles ennemis, mais après de nombreux échecs à l’examen d’entrée, ce trentenaire travaille à nettoyer les rues de leurs encombrants cadavres. Jusqu’au jour où une mystérieuse créature s’introduit dans son organisme et le métamorphose en une entité surpuissante mi-humaine, mi-kaiju. Son nouveau nom de code : « Kaiju n° 8 » !
Depuis quand es tu fan de mangas ?
Ça a commencé lorsque mes parents m’ont offert quand j’étais petit le tome 36 de Dragon Ball. Et en réalité c’est pas un si mauvais tome pour commencer. C’est juste que pour moi le héros c’était complètement Gohan.
En tant que franco-japonais, as-tu pu réellement identifier une différence entre la communauté otaku française et japonaise ?
Oh oui clairement ! Je pense qu’en France on prend le manga et surtout les débats mangas beaucoup trop au sérieux. À ma connaissance il n’y a pas autant de chaîne YouTube d’explications et de théories sur les mangas au Japon. C’est vraiment quelque chose qui existe beaucoup plus en dehors du Japon. En revanche, pour ce qui est des goodies et des offres autour des licences de mangas, il y a pas photo, il y en a beaucoup plus au Japon.
Penses-tu que l’histoire du manga devrait davantage être mise en lumière au public otaku français ?
C’est vrai que si on dit aujourd’hui au public français qu’en réalité le manga était mal vu au Japon il y a 30 ans, certains seraient surpris. Après, plus que l’histoire, c’est surtout l’univers de la création du manga qui devrait plus être mis en avant.
Que représente le manga pour les Japonais ? Et à l’inverse, représente-t-il la même chose pour les Français ?
Ça dépend tellement des gens (Rires). Comme je le disais, il y a quelques dizaines d’années, c’était mal vu. Aujourd’hui ce n’est clairement plus le cas. Certains mangakas sont considérés comme étant des demi-dieux, on ne connaît pas leur visage. La moindre interview est plus contrôlée que n’importe quelle prise de parole du premier ministre japonais. Pour les Français je dirais que ça représente quelque chose de différent pour chacun. Personnellement pour moi c’est l’évasion et l’imaginaire.
Quand t’es-tu rendu compte que le manga prenait une grande ampleur en France ?
Quand mon pote populaire à l’école et fan de foot a commencé à s’intéresser à qui était Naruto.
Les Japonais se rendent-ils comptent de la popularité du manga en France ?
Non clairement, ils sont à chaque fois surpris. C’en est presque même vexant au bout d’un moment. J’aimerais bien que le Japon se rende un peu plus compte de ce qu’il se passe pour leurs œuvres au-delà des frontières de l’archipel nippone.
Les Français passent-ils à côté de beaucoup de messages cachés à travers les mangas ? Par exemple, penses-tu que les Français savent ce qu’est un kaiju ?
Oh oui terriblement ! Il y a énormément de symboliques japonaises dans les mangas. Par exemple quand on voit un personnage qui représente le n°4 on sait qu’il va se passer quelque chose. Sachant que le chiffre 4 représente la mort au Japon. Le 4ème pilote dans Evangelion, le 4ème espada dans Bleach, etc… Sans compter les références au folklore et aux religions au Japon, les références au shintoïsme, avec Amaterasu, Susanoo, etc… Pour ce qui est du kaiju, les Français, je pense et je l’espère, commencent à savoir ce que c’est. Entre Godzilla, Pacific Rim et maintenant Kaiju n°8, ça commence à rentrer dans les consciences collectives.
Penses-tu que Kaiju N°8 est un manga novateur dans le shônen ? Si oui, quelles sont ses particularités ?
En fait c’est fou comment il utilise tout ce qu’on connaît déjà des recettes du shonen nekketsu pour produire quelque chose de fantastique. La grosse particularité c’est que le héros n’est pas un gamin qui est rempli de rêves. C’est le contraire, c’est un trentenaire qui a vu ses rêves et ses ambitions détruits. Aujourd’hui, pour être dans le Jump, les mangakas sont obligés de respecter une recette classique. C’est après plusieurs dizaines de chapitres qu’on les laisse prendre des libertés et affirmer leur style. Et en ce moment Kaiju n°8 arrive doucement à cette phase où il va pouvoir pleinement révéler son potentiel.
Comment en es-tu arrivé à devenir ambassadeur du manga, était-ce un coup de cœur ?
Oh oui clairement ! J’ai adoré dès le premier chapitre du manga au Japon. Déjà, rien que le fait que même les éditeurs japonais n’y croyaient pas au départ me plaît bien. C’est fréquent qu’un manga cartonne en France plus qu’au Japon mais le contraire est plus rare je trouve. Je pense que j’ai tweeté très très tôt sur ce manga. Et je crois très fort à son succès. J’avais déjà parlé du titre à l’été 2020 sur twitter et à mon agent. Donc je pense que le temps (et plein d’autres choses) ont fait le reste.
Enfin, penses-tu et espères-tu que le manga français finira par se faire une place ?
Espérer ? Oui très clairement. Après, de ce que je vois, je trouve que le manga français essaye trop vite de s’affranchir des codes. Il faudrait peut-être passer plus de temps à faire des mangas plus « classiques » dans leur histoire pour gagner la confiance du public pour après s’essayer à des choses plus novatrices. En tout cas c’est ça pour moi, la nouvelle stratégie du Jump.