Kaamelott : quelle est la véritable histoire de Karadoc dans la légende arthurienne ?
Publié le Par Alexia Malige
Désormais inscrit dans la mémoire collective comme un bon vivant peu finaud en raison de son rôle dans Kaamelott, Karadoc est avant tout un héros inspiré de la légende arthurienne. Une figure iconique de la table ronde, qui ne pourrait être plus éloignée du personnage campé par Jean-Christophe Hembert dans la série d’Alexandre Astier.
« La joie de vivre et le jambon, il n’y a pas 36 recettes du bonheur ! » Cette belle leçon de vie nous vient tout droit de Karadoc de Vannes, chevalier de la table ronde et meilleur ami de Perceval dans la série Kaamelott. Un personnage gourmand au fin palais, qui excelle en connaissances gastronomiques et redouble de médiocrité dans tous les autres domaines. Egoïste, idiot et prétentieux, ce dernier n’est pour ainsi dire, pas ce qu’on pourrait appeler aimable, mais forme toutefois un duo drôle et attachant avec son compère de toujours, le chevalier de Galles.
Entre répliques désopilantes et bêtise exaspérante, le héros incarné par Jean-Christophe Hembert à l’écran a su s’imposer comme l’une des pièces maîtresses du programme créé par Alexandre Astier. Un pilier irremplaçable et inimitable, qui est donc bien évidemment revenu en 2021 dans le film Kaamelott : Premier Volet.
Cependant, si le profil simplet et outrecuidant de Karadoc a laissé une marque indélébile dans l’esprit des spectateurs de Kaamelott, le véritable Caradoc, tel que décrit dans la légende arthurienne, était très différent de ce que les fans du show d’heroic-fantasy connaissent de lui.
L’histoire surprenante de Caradoc au bras court
Bien que de multiples ouvrages évoquent les aventures de Caradoc, le récit du personnage reste assez flou. Plusieurs histoires se recoupent cependant et permettent alors de dégager un semblant de trame, pour le moins particulière. Ainsi, le père putatif de Caradoc, qui s’appelait également Caradoc de Vannes, aurait épousé une femme prénommée Isaive de Carhaix, une nièce du roi Arthur.
Cette dernière, toutefois, avait jeté son dévolu sur un enchanteur du nom de Eliavrès, qui partageait également son désir. Doté de puissants pouvoirs, il aurait alors placé des animaux – une levrette, une truie et une jument – dans le lit de Caradoc pendant trois nuits consécutives, l’envoûtant pour qu’il pense qu’il s’agissait de sa femme. Pendant ce temps, Isaive et Eliavrès ont consumé leur amour, donnant ensuite naissance à un petit garçon, qui fût également prénommé Caradoc.
Une fois adulte, Caradoc, qui avait pour ambition de marcher dans les pas de son père et de devenir chevalier, a passé l’épreuve de la décapitation à la cour d’Arthur. C’est-à-dire qu’un homme l’a défié de le décapiter, le challenge étant que s’il réussissait à survivre, alors il le décapiterait à son tour. Or, celui qui lui imposa cette épreuve était Eliavrès. En bon enchanteur, ce dernier réussit donc sans mal à replacer sa tête sur sa nuque, mais refusa de prendre la tête de Caradoc et lui annonça qu’il était son père biologie.
Après cette mésaventure, le jeune Caradoc alla trouver son père pour tout lui raconter. Le roi de Vannes, furieux d’avoir été dupé par sa femme, la fit mettre en prison, puis se vengea de l’enchanteur. Il le força à coucher avec une levrette, une truie et une jument, résultant en la naissance de trois créatures monstrueuses : un lévrier Guinolac, un sanglier Tortain et un poulain dit Levagor (ou Loriagor).
Par la suite, la reine Isaive décida de punir son fils d’avoir dénoncé son crime. Elle l’amena à ouvrir une armoire, de laquelle surgit un serpent qui se fixa au bras de Caradoc. L’un des amis du chevalier, essaya donc de l’aider et exigea un remède de la part de la reine.
On le plongea donc dans une cuve de vinaigre, puis on en plaça une autre, remplie de lait, juste à côté. Dans celle-ci se tenait une jeune femme nue, qui exposait ses seins près du bord. Attiré par la poitrine de cette dernière, le reptile sauta sur elle, mais Caradoc lui trancha la tête avant qu’il ne puisse l’atteindre. Malheureusement, dans la précipitation, il trancha également le mamelon de la demoiselle, qui le remplaça plus tard par une boucle d’écu d’or.
Peu de temps après, Caradoc épousa la jeune fille et devint le roi de Vannes à la mort de son père. En revanche, en raison de la blessure infligée par le serpent, son bras s’était raccourci, ce qui lui valu le nom de Briebras, qui signifie « au bras court ».
Le personnage complètement revisité pour Kaamelott
Le Caradoc des livres n’a donc finalement pas grand chose à voir avec le Karadoc de la série Kaamelott, qui n’a pas vraiment vécu d’histoires incroyables au cours de sa vie. Tout au long du programme, diffusé sur M6, ce dernier a simplement multiplié les séjours à la taverne et les quêtes inutiles avec le Seigneur Perceval. Même sa relation avec sa femme n’a jamais était fabuleuse, le chevalier n’hésitant d’ailleurs pas une seconde à effectuer un échange d’épouses avec Arthur.
Alexandre Astier s’est donc beaucoup amusé avec le personnage, comme il a pu le faire avec Perceval, dont la légende était pourtant bien plus flatteuse. S’appropriant complètement l’univers moyen-âgeux d’Arthur Pendragon et la quête du Graal, il s’est donc complètement détaché de la véritable histoire pour créer une série drôle et décalée, très librement inspirée de faits historiques. Dépossédé de sa gloire, Karadoc a d’ailleurs perdu son C pour un K et s’est transformé en bon vivant benêt, toujours prêt à sortir sa fourchette, mais jamais son épée.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction