« Je m’en fous », « une façon réductrice de voir les choses » : quand Jean-Pierre Bacri (Didier) fustigeait ceux qui l’accusaient de toujours « faire la gueule »
Publié le Par Eliott Azoulai

Visage incontournable du cinéma français, Jean-Pierre Bacri, qui nous a quittés en 2021, était réputé pour son air bougon à l’écran. L’acteur de Didier n’a d’ailleurs pas hésité à répondre à tous ceux qui lui reprochaient de toujours « faire la gueule » dans ses films. Découvrez ses déclarations.
Un Air de Famille, Didier, On connaît la chanson, Le Goût des Autres, Le Sens de la Fête… Tant de films qui ont fait le succès et la renommée de Jean-Pierre Bacri, devenu une figure marquante du cinéma français. À ce statut lui était souvent associé – et parfois reproché – son air bougon à l’écran comme à la ville. Mais alors, qu’en pensait le comédien ?
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« Je m’en fous qu’on dise que je fais la gueule » Jean-Pierre Bacri

Avant sa disparition le 18 janvier 2021, Jean-Pierre Bacri s’est exprimé à plusieurs reprises dans les médias sur la réputation qu’il pouvait avoir, à savoir de toujours « faire la gueule ». Interrogé par Le Figaro en 2017, au moment de la sortie du film Le Sens de la Fête, l’acteur avouait que se faire aimer du spectateur n’était pas sa « préoccupation première » lorsqu’il jouait un rôle. Pour cause, il expliquait : « Je joue le personnage, s’il est antipathique, tant pis. Je viens d’en jouer un très antipathique dans le dernier film que nous avons fait, Agnès (Jaoui) et moi (Place publique) : un animateur de télévision sur le déclin qui se sent vieillir. C’est un personnage abject, j’assume ».
Puis, à la question « Ne craignez-vous pas que le public se dise, ‘Bacri va encore fait la gueule’ ? », il répondait : « Je m’en fous ! À chaque fois, on me dit, ‘Vous êtes toujours bougon, etc.’ Je ne sais pas quoi répondre, parce que selon moi, je n’interprète pas toujours des bougons ».
« C’est une étiquette » selon l’acteur de Didier

Dans une autre interview, accordée cette fois-ci à Première en 2014 pour La Vie très privée de Monsieur Sim, Jean-Pierre Bacri revenait sur « l’image du personnage ronchon et dépressif » qui pouvait lui coller à la peau.
« C’est une étiquette, déclarait le comédien. On me dit en l’occurrence que c’est un personnage assez nouveau pour moi, mais je n’ai pas trop envie de me justifier. Quand vous me parlez de ‘dépressif’, pour le coup ça me déprime. C’est une façon réductrice de voir les choses. Chacun se construit une identité en fonction d’une angoisse existentielle partagée par tous. Donc, jouer des dépressifs, pour moi ça ne veut rien dire. Je vais vers des choses humaines qui font écho en moi. Je n’ai aucune envie de servir des histoires conventionnelles où tout le monde va très bien ».
« Bien sûr que je fais la gueule ! » Jean-Pierre Bacri

En tout cas, Jean-Pierre Bacri n’avait aucun mal à assumer de « faire la gueule », à la fois en tant que comédien et en tant que personne. Lors d’un entretien avec Le Monde en 2011, il expliquait : « Un sourire, ça a de la valeur. A celui qui me l’arrache, je donne quelque chose de bon et de vrai. Alors on dit souvent que je fais la gueule. Mais oui ! Bien sûr que je fais la gueule ! Et je vais continuer à la faire ! Quand je n’ai rien à dire et aucune raison de sourire, je fais la gueule. Je fais ma gueule. C’est-à-dire, j’ai cette tête ».

Eliott Azoulai
Journaliste
Passionné par les séries depuis ma plus tendre enfance, je voue un culte à Desperate Housewives, Ugly Betty et Dynastie. Je suis également très friand de comédies françaises, comme Nos Jours Heureux et Le Dîner de Cons, de musique pop et de tout ce qui touche de près ou de loin à la Star Academy.