Euphoria : Hunter Schafer et Barbie Ferreira, « la série va vous faire réfléchir » (Interview)
Publié le Mise à jour le Par Marion Le Coq
La nouvelle teen série Euphoria arrive le 17 juin en US+24 sur OCS. La rédac de Serieously a eu la chance de rencontrer une grande partie du cast. Découvrez alors notre interview de Barbie Ferreira (Kat Hernandez) et Hunter Schafer (Jules Vaughn).
Dans les années 90, les séries ressemblaient à Beverly Hills et Dawson, et maintenant on a Euphoria. Selon vous, qu’est-ce que cela dit de la nouvelle génération ?
Barbie Ferreira : C’est une réflexion sur la vie adolescente avec les circonstances actuelles, qui sont très différentes de celles d’il y a 20 ans. Et je pense aussi que les gens vont avoir ce côté nostalgique de l’adolescence en regardant Euphoria en se disant « ah oui c’est comme ça que ça se passait ». Avec internet, le climat social et tout, ça influe sur les adolescents, la façon dont ils vivent et les décisions qu’ils prennent. Je pense que c’est un bon miroir de ce qu’il se passe et que les gens vont s’y reconnaître.
Quand vous avez lu le script pour la première fois, vous êtes-vous dites, « oh oui, c’est à ça que ressemble la vie adolescente » ?
Hunter Schafer : Je sais que je n’ai pas eu la même expérience que tous les personnages de la série. Mais l’énergie et le tempo de la série sont très semblables à la façon dont tout se déroule très vite maintenant, surtout quand on est jeune et qu’on passe du temps sur les réseaux sociaux.
Selon vous, comment internet et les réseaux sociaux affectent-ils les comportements ?
Hunter Schafer : Je pense que la majorité de ce que l’on voit est une dichotomie entre la vraie vie et cette autre vie qui se passe sur internet. Par exemple, mon personnage [Jules, ndlr] a une sorte de routine et a l’habitude de rencontrer des hommes via une appli de rencontres et elle vit une sorte de double vie à travers cette habitude.
Barbie Ferreira : Je pense que la multitude d’informations à laquelle on a accès à n’importe quel moment, le fait de pouvoir voir tout et n’importe quoi en faisant une recherche Google, c’est très différent… J’ai 22 ans et j’ai connu la vie un tout petit peu avant l’ère des réseaux sociaux et après, et ça a changé beaucoup de choses notamment la façon dont les gens interagissent, la façon dont on se voit les uns les autres, c’est Instagram d’abord et la personne ensuite. Et je pense qu’on ne connaîtra pas vraiment les conséquences de tout ça avant qu’on en soit au prochain niveau de la technologie.
Quel message aimeriez-vous que le public retienne d’Euphoria ?
Barbie Ferreira : Je pense que les gens vont voir beaucoup de mauvaises décisions, de noirceur, et c’est parce que nous sommes le produit de notre société. Les gens vont se reconnaître par rapport au fait que dans le monde actuel, il est facilement possible de faire de mauvais choix, et il y a une très bonne explication sur pourquoi ils agissent de la sorte. Ce n’est pas juste parce que ce sont de mauvaises personnes, mais simplement à cause de la façon dont on interagit aujourd’hui, ce à quoi ressemble le monde, le climat politique actuel… Tout ça fait que les gens pètent les plombs. Et je pense que la série montre qu’il y a toujours une raison pour laquelle les gens font ce qu’ils font.
Hunter Schafer : En particulier avec le passé de chaque personnage, lorsque c’est mis en parallèle avec ce qu’ils font maintenant. La série vous donne accès à plusieurs points de vue dans le temps pour eux et je pense que c’est très important. Je ne pense pas qu’il y ait UN point essentiel, mais juste l’envie que le public ressente quelque chose et qu’il ait de l’empathie pour les personnages.
Barbie Ferreira : Ça va ouvrir des conversations, c’est sûr. La série ne mâche pas le travail, elle laisse à réfléchir et c’est là toute l’importance.
Hunter Schafer, j’ai lu une interview à votre sujet pour W Magazine dans laquelle vous disiez avoir l’impression d’être utilisée comme « un symbole » dans le monde de la mode. Avez-vous eu le même sentiment en acceptant le rôle de Jules ?
Hunter Schafer : C’était l’une de mes inquiétudes. Ça l’est toujours quand tu travailles dans une industrie où tu utilises ton corps comme produit. Mais l’une des choses que je préfère avec cette série est que ce n’est pas le sujet. C’est à propos d’une expérience bien spécifique que traverse cette fille et comment cette partie de sa vie peut affecter sa prise de décisions. Ce n’est pas toute son histoire. Elle est plein de choses. Je ne pense pas qu’elle doive représenter toute une communauté.
Barbie Ferreira, vous avez toujours été une activiste dans le mouvement Body Positive. Comment avez-vous alors perçu votre rôle dans la série ?
Barbie Ferreira : Je pense que ce qui est si spécial avec la série, c’est que ça raconte l’histoire d’une fille plus grosse mais sans que cela soit au cœur de son intrigue. C’est ce qui est bien avec cette série, nous sommes tous des gens différents, mais toutes ces différences ne sont pas le focus, on vit tous nos vies. Par exemple ce n’est pas juste moi jouant la meilleure amie loufoque ou le rôle stéréotypé de la grosse. J’ai différentes facettes, des histoires d’amour, des scènes de sexe et toute sorte de scènes qu’on ne voit pas forcément pour une jeune fille ronde. C’est très cool, surtout quand ça montre que ça ne fait pas de vous quelqu’un de « moche », mais qu’on peut être magnifique et avoir des formes, même si Hollywood ne comprend pas encore ça…
Vous pensez que cette série est plus importante pour les adolescents ou pour les parents à regarder ?
Barbie Ferreira : Tout le monde. Je pense que ça va surprendre les gens. Les jeunes vont l’adorer et les gens plus âgés l’aimeront pour d’autres raisons. Ce sera peut-être un peu flippant pour eux mais j’aime ce qui fait peur… (rires).
Hunter Schafer : Je n’ai pas vraiment envie qu’une tranche d’âge la regarde plus qu’une autre. Je pense que tout le monde peut en tirer quelque chose.
Barbie Ferreira : C’est une teen série mais ce n’est pas simplifié et je pense que tout le monde pourra l’apprécier et être touché.
Propos recueillis par Marion Le Coq
Marion Le Coq
Journaliste