Elvis : le nouveau film de Baz Luhrmann solide comme un rock
Publié le Par Alexia Malige
Après dix ans d’absence dans les salles obscures, Baz Luhrmann signe un retour triomphant au cinéma en racontant Elvis Presley. Un nouveau film biopic sur le chanteur phénomène, que le réalisateur australien offre au spectateurs avec grandiloquence et fantaisie. Un spectacle grandiose, clinquant et envoûtant, qui déchaîne les mélodies et enchaîne les coeurs.
Oublié Gatsby le magnifique, place à Elvis le flamboyant. Baz Luhrmann jette les années 20, les coupes de champagne et le charleston, mais garde l’extravagant, la démesure et le fantasque. Fidèle à lui-même, l’Australien propose un cinéma dynamique et tourbillonnant, où la surcharge se mêle au délicat et de délirant à l’extraordinaire. Cette fois-ci, il n’est pourtant pas question de fiction. Il ne s’agit pas de l’adaptation d’un récit romanesque, mais bien de l’histoire de la vie d’un homme qui a laissé sur Terre une empreinte musicale et singulière. Plus que ça, même. Une signature indélébile, une révolution.
Des cheveux gominés, une voix de velours, un déhanché. Il n’en fallait pas beaucoup pour décrire Elvis Presley. Le chanteur se résumait en quelques mots, l’homme, lui, méritait un véritable roman. Et, c’est bien ce que lui offre le réalisateur de 59 ans à travers une fresque musicale touchante et déroutante qui rend ainsi hommage au King avec force, finesse et émotion.
Un Roi peut en cacher un autre
Nul besoin de strass et de paillettes pour comprendre pourquoi Elvis était le Roi. Dès les premières minutes du film, alors qu’il n’est encore qu’un adolescent tremblant et passionné, son talent crève les yeux. Le sien, bien sûr, mais également celui d’Austin Butler. A 30 ans, l’acteur américain a su choisir son film pour se révéler au grand public. Le rôle est beau, fort, populaire, mais dangereux également. Se glisser dans la peau du Roi du rock demande du cran ainsi qu’un brin de folie et, à l’évidence, le comédien en a à revendre. Désireux de livrer la meilleure performance possible devant la caméra, le jeune homme a travaillé longtemps. Beaucoup. Enormément. Pendant deux ans, il n’a pas quitté Elvis et s’est consacré à lui.
En écoutant enregistrements et chansons, en regardant films et interviews, Austin Butler s’est transformé. Il est devenu cette légende de la scène et de la musique qui a surpris et bouleversé l’Amérique des années 50, confrontant le pays entier à une extravagance novatrice et à une manière de penser qui l’était tout autant. Avec une prestance indiscutable et une voix grave et sensuelle, l’étonnant Californien fait frissonner la salle. Il se charge lui-même d’interpréter les morceaux dans le film et ne se laisse pas déstabiliser par la taille du défi, au contraire, il se joue de lui. Le résultat en est bluffant de sincérité, tant dans les prestations sur scène que dans les moments d’intimité. Austin Butler incarne un Elvis sensible, tendre et touchant, mais également un artiste ardent et lumineux. Les deux faces d’une pièce qui permettent de dresser un portrait vibrant du musicien, tout en révélant une nouvelle étoile de Hollywood. Baz Luhrmann a réussi son coup, ou plutôt ses deux coups en un.
Un choc des titans
Alors qu’Austin Butler gigote et se transcende à la lumière des projecteurs, Tom Hanks, lui, attend tapi dans l’ombre, prêt à lui voler la vedette à tout moment. Impossible de reconnaître le célèbre acteur sous les nombreuses prothèses et couches de maquillage, il est métamorphosé, méconnaissable. Même sa voix est différente, donnant vibrations et rythme nouveaux à ses dialogues. A 65 ans, il nous surprend toujours. Dans la peau du colonel Tom Parker, il impose, ou plutôt confirme, sa position d’interprète de talent. Une valeur sûre de l’industrie du popcorn, qui a, semble-t-il, encore des choses à prouver. Mystérieux, reptilien et sombre, le manager du chanteur apporte alors la part d’ombre nécessaire à un film étincelant et coloré. Un côté énigmatique, mais également angoissant. Plus la carrière d’Elvis s’envole, plus l’impressionnant impresario le maintient au sol. Il le manipule, le contrôle, le détruit à petit feu et en fait un ange déchu aux ailes coupées qui n’ont jamais eues l’occasion de brûler.
La relation des deux hommes est donc au coeur de l’histoire, mais le film présente aussi les grandes femmes de la vie d’Elvis Presley. Sa mère, Gladys, d’abord, puis son grand amour, Priscilla, ensuite. Des héroïnes qui ont marqué la vie du justicier à la guitare. A travers leur regard, on le découvre alors sous un jour différent. Plus vulnérable, plus doux, plus fragile.
Une aventure sur la route de Memphis
Des premiers concerts du jeune prodige à sa lente descente aux enfers, le long-métrage explore ainsi une vaste période de la vie de l’artiste, narrant ses aventures avec une nostalgie contemporaine. La plongée dans les années 50, 60 et 70 est bien réelle, mais Baz Luhrmann ne se laisse jamais totalement emporter par le passé. Le cinéaste aime insuffler un vent de modernité à l’ancien et n’hésite donc pas à intégrer des morceaux plus récents à la bande originale. Le fil conducteur suit bien des airs de rock’n’roll enflammés, mais il n’empêche que des sons de hip-hop viennent de temps à autre dynamiter le rythme bien installé. Elvis savait réconcilier les communautés autour de la musique, Baz Luhrmann unit, lui, les différentes générations autour de son film. Il nous prouve ainsi que peu importe l’horizon, l’inclinaison ou l’âge, on a tous en nous quelque chose du Tennessee.
Découvrez Elvis dès le 22 juin au cinéma.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction