Don’t Look Up : un pari cosmique lunaire pour un Adam McKay plein de gravité
Publié le Par Alexia Malige
Satire enragée et casting étoilé, Adam McKay offre une comédie noire particulièrement drôle et inspirée sur fond d’apocalypse avec Don’t Look Up. Un film à l’humour corrosif et tranchant, qui vient dresser un portrait alarmant d’une société frivole et autocentrée.
Dans l’espace, personne ne vous entend crier. Eh bien sur la Terre non plus, selon Adam McKay. Avec Don’t Look Up, le réalisateur américain, à qui l’on doit The Big Short et Vice, s’attaque à un genre nouveau, le film catastrophe et ce, avec un style bien à lui. Pas la peine de dynamiter la planète bleue à coup d’effets spéciaux survoltés pour montrer que l’humanité se meurt. Il suffit pour cela d’un casting 5 étoiles, ainsi que d’une bonne dose de cynisme et d’impertinence. Le résultat en est tout aussi surprenant et peut-être même plus percutant.
En jouant de dérision et de situations particulièrement décalées, le cinéaste de 53 ans raconte l’histoire de deux astronomes inconnus, qui tentent de prévenir le monde entier sur une apocalypse prochaine, après avoir découvert une immense comète prête à entrer en collision avec la Terre. Et alors que cette information devrait générer une vague de panique au sein de la population, personne ne semble y prêter attention. Les politiques s’en moquent, les médias enterrent la nouvelle et les gens n’y accordent tout simplement aucun intérêt. Le Dr. Randall Mindy (Leonardo DiCaprio) et son étudiante Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) se sentent donc comme les passagers du Nostromo, condamnés à mourir dans le silence.
Une dangereuse constellation d’astres puissants dans Don’t Look Up
A travers ce scénario catastrophe, Adam McKay alerte sur la crise écologique actuelle et en profite pour rire des travers de la société d’aujourd’hui. Dans Don’t Look Up, les politiciens arrivistes et superficiels sont tellement occupés à tirer des plans sur la comète pour booster leur carrière qu’ils en oublient le véritable sens de leur vocation. Chaque décision est prise en corrélation avec leur courbe de popularité et ne dépend plus ni de la logique, ni de la justice ni du bon sens. Meryl Streep incarne ainsi avec brio une Présidente américaine complètement à côté de la plaque et obnubilée par son image de marque au détriment de la nation. Ce rôle relativement déjanté va alors comme un gant à la star hollywoodienne, qui semble beaucoup s’amuser à former ce duo insupportable avec le comédien Jonah Hill. On sent donc ici la lassitude du cinéaste, confronté à une politique chaotique depuis des années, qui ne parvient plus à faire confiance aux promesses et aux discours qu’on lui sert.
Avec une écriture piquante et surréaliste, Adam McKay pointe également du doigt les dérives des multinationales géantes et superpuissantes, désormais investies dans tous les domaines. A travers le personnage de Peter Isherwell, campé par un Mark Rylance réllement impressionnant, le film montre notamment comment l’influence des grandes entreprises peut devenir une véritable menace pour le monde, contraint de placer son destin entre leurs mains dans l’espoir que tout ira bien.
Critique d’une société dans la lune
Par le biais de deux présentateurs télé hypocrites et faux incarnés par Cate Blanchett et Tyler Perry, les médias en prennent également pour leur grade, jugés d’un œil sévère pour leur manière de choisir et détourner les informations. Les sujets de fond ont désormais tendance à être relégués au second plan, voire au troisième ou quatrième, afin de laisser la place aux thématiques sexy. Peu importe la bêtise du message véhiculé, pourvu qu’il soit glamour !
Quant au commun des mortels, il paie simplement le prix fort de sa plongée vertigineuse dans les méandres des réseaux sociaux, en quête d’une perfection fantasmée et illusoire. Les gens ne sont plus capables de traiter une information si elle n’est pas partagée par les starlettes à la mode du moment. Leurs centres d’intérêt se sont d’ailleurs altérés au point d’être réduits aux stories et tweets des célébrités, les enfermant ainsi dans une bulle 2.0. dont ils ne parviennent plus à s’extraire. Et si le film apparaît comme une comédie survoltée, le bilan qu’il dresse est catastrophique et empreint d’une véritable gravité. Randall et Kate ne demandent pourtant pas la lune, mais simplement d’ouvrir les yeux.
Retrouvez Don’t Look Up sur la plateforme Netflix à partir de ce vendredi 24 décembre.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction