Disney : pourquoi toutes les princesses ont-elles perdu leur mère ?
Publié le Par Alexia Malige
Le monde enchanté a beau être joyeux et coloré, la plupart des films d’animation Disney possèdent leur part d’ombre et de noirceur. Il n’aura d’ailleurs échappé à personne que les princesses ont quasiment toutes perdu leur mère, grandissant alors auprès de leur père ou d’un tiers. Mais pourquoi avoir choisi un destin familial aussi tragique pour les héroïnes ? On vous explique tout.
Blanche-Neige, Cendrillon, Pocahontas, Belle, Jasmine, Ariel, toutes ces princesses imaginées par les studios Disney ont un point commun : elles ont grandi sans leur mère. Et si l’on ne voit pas leur mort à l’écran, cela n’en reste pas moins un élément traumatisant de la vie des héroïnes, qui a eu un impact déterminant sur leur évolution en tant que femmes. Face à ces intrigues souvent très tristes, les fans de la maison aux grandes oreilles se sont donc souvent demandé pourquoi les scénaristes offraient toujours de tels drames familiaux aux princesses. Une question à laquelle a répondu le réalisateur et producteur Don Hahn à l’occasion d’un entretien avec le magazine Glamour.
Un outil scénaristique utile
Interrogé sur les raisons qui poussent souvent les auteurs à priver les douces princesses Disney de leur maman, Don Hahn a d’abord donné une explication logique, qui permet de livrer une histoire complexe et poignante en un temps réduit. « L’une des raisons est purement pratique parce que la durée des films est généralement de 80 ou 90 minutes et les longs métrages de Disney parlent du passage à l’âge adulte. Ils mettent en lumière ce jour dans votre vie où vous êtes contraint d’accepter d’avoir des responsabilités. Simba s’enfuit de chez lui, mais il doit revenir. En résumé, il est beaucoup plus rapide de faire grandir les personnages quand vous retirez les parents de l’équation. La mère de Bambi se fait tuer, donc il est forcé de grandir. Belle n’a que son père, mais il se perd, donc elle doit se responsabiliser ».
Ainsi, faire mourir les parents des personnages n’est qu’une façon plus simple et rapide de mener ces derniers vers le chemin de l’indépendance. Une fois seuls et marqués par le décès d’un proche, ils sont amenés à gagner en maturité et en autonomie et cela permet de les embarquer vers une histoire plus complexe et inspirante pour les jeunes spectateurs.
Walt Disney hanté par ses démons jusque dans ses films
En plus d’avancer une utilité scénaristique, Don Hahn émet une autre théorie sur l’absence de la mère de nombreux personnages de Disney. Cette hypothèse, qui ne pourra jamais vraiment être vérifiée concerne directement la vie personnelle du célèbre fondateur des studios.
« Au début des années 40, Walt Disney […] a acheté une maison pour son père et sa mère », raconte-t-il. « Il a demandé aux employés des studios de venir réparer la chaudière, mais quand ses parents ont emménagé, il y a eu une fuite et sa mère est décédée. La gouvernante les a trouvés le lendemain matin et les a fait sortir sur la pelouse, à l’extérieur. Son père était malade et a été à l’hôpital, mais sa mère est morte. Il ne voulait jamais en parler car il se sentait responsable, car il avait trouvé le succès et leur avait dit ‘Laissez-moi vous acheter une maison’. C’est le rêve de tout enfant de pouvoir offrir une maison à ses parents et par un étrange coup du destin – qui n’était pas de sa faute – les employés du studio ne savaient pas ce qu’ils faisaient ».
Après le drame, Walt Disney a souvent éliminé les mères des histoires de ses films et cela a donc conduit son entourage à émettre une théorie quant à ses choix scénaristiques. « Je ne suis pas psychologue, mais il était vraiment hanté par cela. Cette idée selon laquelle il a participé à la mort de sa mère était vraiment tragique ».
Les situations familiales des personnages, et notamment des princesses, ne sont ainsi par le fruit du hasard, mais découlent bien de réelles réflexions. Des réflexions motivées par la volonté d’offrir une intrigue et une évolution pertinentes aux héroïnes, mais également d’apaiser légèrement la souffrance de Walt Disney, qui pouvait difficilement travailler sur des histoires impliquant des mamans après ce qu’il avait vécu.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction