Disney : pourquoi les parents meurent-ils ou sont toujours absents dans les films d’animation ?
Publié le Mise à jour le Par Romain Cheyron
Les films classiques Disney sont des trésors pour plusieurs générations, emblématiques pour enfants et parents. Pourtant, leurs histoires sont loin d’être heureuses, malgré les très nombreuses chanson enjouées et entraînantes. Un point commun lie la plupart de ces longs-métrages : la mort ou l’absence des parents. D’où ces terribles drames viennent-ils ? On vous explique.
Depuis 1937 et l’arrivée de Blanche-Neige et les Sept Nains, le tout premier film d’animation classique signé Disney, le studio fondé par Walt Disney et Roy O. Disney propose des histoires mignonnes aux premiers abords, mais pourtant teintés de véritables drames : la perte d’un ou de plusieurs parents. Qu’ils soient absents ou morts, les pères et mères des films Disney sont victimes de destins bien sombres.
Evidemment, nombre des films d’animation classiques de Disney sont adaptés de contes des frères Grimm (pour Blanche-Neige et les Sept Nains), d’histoires de Charles Perrault (pour Cendrillon) ou encore de Felix Salten (pour Bambi), mais quand on cherche à adapter une histoire, il n’est pas forcément obligatoire de la suivre à la lettre. Pour autant, il a été décidé dès le départ d’offrir un destin tragique aux parents et de ne pas les sauver dans les films.
Disney ou l’art de faire souffrir ses héros et héroïnes
Mais pourquoi tant de haine ? Pourquoi faire vivre tant de malheurs aux pauvres héros et héroïnes des classiques Disney ? Pourquoi Bambi doit-elle voir sa mère mourir, tuée par un chasseur ou Simba être témoin de de la mort de Mufasa, piégé par Scar ?
Don Hahn, qui a produit de nombreux films Disney, en commençant par La Petite Sirène, premier classique a avoir été nommé à l’Oscar du meilleur film, ou encore Le Roi Lion, s’est confié sur cette question dans une interview de 2014. Et pour lui, il y a deux raisons qui expliquent ce phénomène.
« Ce n’est pas un secret de famille, juste une tragédie dont il est difficile de parler. »
Il raconte : « La première raison est pratique : nos films durent entre 80 et 90 minutes, et parlent du fait de grandir. C’est le jour le plus important dans la vie de nos personnages, celui où ils doivent faire face à leurs responsabilités. Quand Mufasa est mort, Simba part de la maison mais doit revenir. Il est plus rapide de faire grandir les personnages après qu’ils aient perdu leurs parents. La mère de Bambi a été tuée, il a été obligé de grandir. Belle n’a que son père, mais il s’est perdu, donc elle doit se débrouiller par elle-même. »
La deuxième raison est bien plus intime et personnelle et touche directement Walt Disney, comme il le confie : « Au début des années 40, il a acheté une maison pour sa mère et son père. Le lendemain de leur emménagement, une fuite de gaz dans le four a eu des conséquences tragiques. Ses parents ont été trouvés inertes par la femme de ménage, qui les a sorti dans le jardin. Sa mère est décédée sur le coup et son père a été emmené à l’hôpital. Il n’a jamais voulu en parler car il se sentait personnellement responsable de sa mort, c’est lui qui a acheté la maison. Je ne suis pas psychologue, mais je sais qu’il était vraiment hanté par cela, l’idée qu’il était associé à la mort de sa mère. Ce n’est pas un secret de famille, juste une tragédie dont il est difficile de parler. Cela aide à mieux comprendre Walt, et à l’humaniser. »
C’est donc pour cela, par exemple, que les parents d’Elsa et Anna meurent dans La Reine des Neiges, que Quasimodo et Aladdin se retrouvent sans mère, que Tiana de La Princesse et la Grenouille et Li Shang de Mulan doivent grandir sans père. Et ce n’est pas la mort de Walt Disney en 1966 (juste avant la sortie du Livre de la Jungle), qui a ralenti ou arrêté ce trope. Encore aujourd’hui, les jeunes héros et héroïnes doivent affronter les obstacles de la vie sans parents, mais il peuvent compter sur une belle amitié qui se créer avec d’autres personnages tout au long de leurs aventures.
Romain Cheyron
Journaliste