Comment je suis devenu super-héros : Douglas Attal, « c’est un terrain parfait pour faire un film de super-héros en France » (INTERVIEW)
Publié le Par Amandine Rouhaud
Ce vendredi 9 juillet, Netflix accueille une nouvelle création française dans son catalogue, le film Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal. Porté par Pio Marmaï, Leïla Bekthi, Benoit Poelvoorde, Swann Arlaud et Vimala Pons, le film offre à la France l’une des premières productions de super-héros. À cette occasion, Serieously s’est entretenu avec Douglas Attal, le réalisateur. Rencontre.
Comment je suis devenu super-héros, c’est l’histoire du lieutenant Moreau (Pio Marmaï), missionné d’enquêter sur d’étranges événements qui surviennent. Alors que les super-héros sont monnaie courante, une drogue qui permet d’avoir des pouvoirs dans un temps limité circule sous les manteaux. Le lieutenant doit unir ses forces avec Schaltzmann (Vimala Pons) pour démanteler ce réseau qui sévit. Les deux vont être épaulés par Callista et Monté (Leïla Bekthi et Benoit Poelvoorde), deux anciens super-héros qui vont réenfiler leur costume. Tout ceci ne va générer chez Moreau qu’une vague venue du passé, qu’il n’est pas prêt à embrasser…
Passer derrière la caméra, c’est quelque chose que vous aviez envie de faire depuis très longtemps ?
Douglas Attal : J’aimais bien le cinéma avant mais vers mes 12-13 ans, je me suis rendu compte que j’avais vraiment envie de faire ça. Le gros déclic a été de voir Sixième sens en salles, où j’ai pris une claque monumentale en 1999/2000. Quand j’ai vu ce film, je me suis dit que j’avais envie de raconter des histoires du même genre. Des histoires à la fois extraordinaires avec des choses fantastiques, des choses haletantes qui vous prennent autant aux tripes qu’elles sont émouvantes et profondes.
C’est comme ça que les super-héros sont arrivés à vous ?
En fait, avant même d’avoir envie de faire du cinéma, je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit avec le dessin animé Batman des années 90. Ça a été ma porte d’entrée dans le genre super-héros. Après je suis tombé dans les comics, dans les BD, je lisais tout ce qui me tombait sous la main, je mettais tout mon argent de poche là-dedans.
Ça m’a toujours plu et j’imaginais pas forcément faire un film de super-héros au départ comme premier film, ça me semblait impossible et puis finalement c’est la lecture du roman de Gérald Bronner, Comment je suis devenu super-héros, qui a été un déclic. J’y ai vu un terrain parfait pour faire un film de super-héros en France. C’est un récit très intime, très proche des personnages, humble et je me suis lancé là-dedans tout de suite.
Ce roman, ça été une évidence à la première lecture ?
Ouais, une évidence ! J’y ai vu à la fois des références communes avec l’auteur, j’ai bien vu qu’il avait lu toutes les BD que j’avais lues aussi, mais également sur le ton particulier, qui un peu mélancolique. C’est une forme de désenchantement dans l’univers qu’il dépeignait, cet univers un peu désenchanté m’a beaucoup touché. Quand j’ai rencontré l’auteur ça a aussi été une évidence, on s’est très bien entendus, il a très bien compris ce que je voulais faire et c’est un peu devenu un rêve à deux de voir son bouquin adapté au cinéma.
Il a donc beaucoup travaillé avec vous pour l’adaptation ?
Il a collaboré sur toutes les étapes. A l’écriture, même quand on a beaucoup changé l’intrigue, il a été de très bon conseil, il a donné plein d’idées et de choses qu’il avait écartées pour son livre puisque la place n’est pas illimitée. Ca a été vraiment un travail de collaboration super avec lui !
Est-ce que d’autres milieux ont pu vous influencer pour réaliser ce film ?
Le polar, j’ai essayé de revoir beaucoup de polars français pendant la prépa ! J’avais envie d’avoir ces personnages du quotidien, ces moments d’enquête comme on peut voir dans pas mal de très bons films français comme Le petit lieutenant de Xavier Beauvois ou Polisse de Maïwenn où on est vraiment sur des moments de vie des personnages, ces petits moments entre les scènes d’action. J’ai essayé de cultiver ces moments de vie, donc pour ça j’ai été vachement inspiré par pas mal de films policiers qu’on a ici, en France, qui sont tous aussi réussis les uns que les autres.
Le cinéma français n’est pas connu pour ses productions de super-héros. Quels ont été les challenges pour vous de réaliser ce film français, en France, à Paris ?
Le premier challenge a déjà été de convaincre que j’étais capable de le faire. Comme vous le dites, c’est un genre inédit et on a cette idée préconçue que c’est un genre qui appartient aux Américains. C’est en partie vrai mais on a aussi une histoire de personnages qui s’apparentent aux super-héros, comme Fantomas, qui est une sorte de super-vilain avant l’heure.
Mais ça a aussi été de convaincre qu’on savait faire des effets spéciaux de qualité. Ça, ça a finalement été un vrai challenge même si j’avais la conviction qu’en France on avait des équipes qui savaient très bien faire tout ça. D’ailleurs ces talents français vont souvent à l’étranger pour faire des films à effets spéciaux.
Avec la situation actuelle, la sortie a été reculée. Avez-vous rencontré d’autres difficultés ?
Comme j’ai passé finalement beaucoup de temps sur l’écriture, le film a pris du temps à se monter, il y a des moments où on s’est dits qu’on n’allait pas y arriver. Le tournage a été une vraie libération, il y a eu des petites choses à gérer qui étaient très compliquées mais le tournage est arrivé comme une sorte de libération. Donc j’ai essayé de prendre tous les challenges avec détente, j’ai eu l’impression que toutes les difficultés étaient finalement derrière moi.
Votre film va sortir directement sur Netflix. Pensez-vous que c’est une chance ? Ou auriez-vous aimé voir ce film projeté dans les salles de cinéma ?
Je le vois comme un truc hyper positif pour le film de toucher autant de monde. Il va être traduit en 15 langues, sous-titré en 30. Il va toucher des millions d’utilisateurs de Netflix dans le monde. Je suis assez content de la visibilité que ça peut donner au film, puis je trouve que les plateformes aujourd’hui sont un magnifique terrain de jeu et permettent plein de choses. Je suis très content de cette issue-là et je trouve que c’est quelque chose de très positif.
Vous pensez déjà à la suite ?
Oui ! J’y pense beaucoup ! J’ai plein d’idées ! Comme il y a eu pleins de versions du scénario j’ai dû en écarter et il y a certaines idées que j’ai envie d’utiliser pour une éventuelle suite.
Comment je suis devenu un super-héros pourrait avoir une vraie suite, donc ?
J’aimerais beaucoup retrouver ces personnages qui aussi, avec tout ce temps, font vachement partie de moi. J’ai pas envie de les quitter là quand le film va sortir le 9 juillet.
Comment je suis devenu super-héros de Douglas Attal, avec Pio Marmaï, Leïla Bekhti, Vimala Pons, Benoit Poelvoorde et Swann Arlaud, disponible dès le 9 juillet sur Netflix.
Amandine Rouhaud
Journaliste