Ceux qui avaient 10 raisons de croire que Friends sera toujours une série bienveillante
Publié le Mise à jour le Par Allison Josepha
Que vous portiez les triplés de votre frère, que votre ex-épouse vous ait quitté pour une autre femme, que votre père soit “meneuse de revue” à Las Vegas, que votre petit ami ait 20 ans de plus que vous ou que vous ayez simplement tout lâché pour suivre vos rêves... I’ll be there for you.
Loin de nous l’idée de se refuser à l’opinion récente des Millenials ou d’offrir une immunité à la série culte des années 90, mais avouons-le, on s’imaginait mal devoir, un jour, prendre le temps de défendre Friends. Alors excusez-nous l’impolitesse, mais on va tenter de faire bref. C’est pas si facile de disculper un innocent.
Blamez Ross, Monica, Chandler, Joey, Rachel et Phoebe pour leur incroyable flemmardise, leur dépendance affective mutuelle et leurs crises existentielles, mais épargnez-les d’un jugement hâtif sur leur manque d’ouverture d’esprit.
Friends n’est pas une grande histoire de tolérance mais une douce aventure sur l’acceptation de soi et des autres.
Pour se caler sur le « nouveau politiquement correct », les scénarios ont évolué et vous présentent des personnages dénués d’à priori, de préjugés ou d’idées reçues… Une bonne chose pour une génération qui s’attêle à prôner respect et égalité ! Une mauvaise pour montrer qu’il suffit parfois d’aller à la rencontre des autres pour changer d’avis et grandir.
Si la série n’est pas parfaite, elle ouvre une tribune composée de 6 individus, positionnés à égalité, aux opinions et aux parcours si différents, que vous êtes encore aujourd’hui incapable de choisir votre préféré.
Plus important, derrière la sitcom si souvent récompensée, se cache un message universel qui a touché les générations du monde entier… Riez de tout ! Et surtout de vous-même.
Saison 1 – Celui qui avait un papa et deux mamans
Dès la première saison, La série feel good des années 90 s’est empressée de mettre le sujet de l’homosexualité en avant dans un contexte particulièrement progressiste pour l’époque. Avec humour et douceur, Marta Kauffman et David Crane développent les personnages, indépendants et sans clichés, de Carol et Susan, et offre à Ross de découvrir les joies de la parentalité… à trois. Ne comptez pas sur nous pour dire au petit Ben qu’il est le digne descendant d’un horrible intolérant.
Saison 2 – Celles qui se mariaient
Au cours de la saison 2, Friends met en évidence le deuxième mariage lesbien du paysage audiovisuel avec l’union de Carol et Susan. En 1995, une révolution gay se met en place et la série NBC prend fièrement partie. Le personnage de Phoebe est d’ailleurs « hantée par l’âme d’une vieille dame » qui tourne en ridicule les idées conservatrices d’ancienne génération.
On en profite aussi pour vous rappeler que Ross, le grand méchant homophobe, convie tous ses amis au mariage de son ex-femme. Tout le monde ne serait pas capable d’en faire autant…
Saison 3 – Celle qui avait entretenu une relation avec un homme de l’âge de son père
Après une idylle parfaitement assumée avec Richard, un homme plus âgé qu’elle, Monica se remet difficilement de leur rupture. Une union acceptée par ses amis -et même par ses parents- qui l’aidera à évoluer. Mise en lumière avec autant d’humour que de recul, la diversité n’est pas uniquement question d’orientation sexuelle ou de couleur de peau.
Saison 4 – Ceux qui étaient égaux
De leurs carrières à leurs relations, dans l’univers de Friends, il n’y a pas de « mâle alpha » mais seulement des femmes indépendantes et powerful. Phoebe a un passé amoureux complètement libéré, Rachel s’assume en séductrice et si Joey est un Don Juan assumé, ses techniques de drague sont basiques et laissent rarement entrevoir autre chose qu’une belle aventure. How you doin’ ?
La série met même en évidence les doutes de Chandler et Ross sur leur pouvoir de séduction et leur incompréhension des femmes. Des âmes sensibles qui s’enticheront de Kathy, la patronne autoritaire de Rachel et d’Emily, deux femmes de caractères.
Saison 5 – Celle qui accouchait des triplés de son frère
Alors que le sujet fait encore débat 20 ans plus tard, Friends n’a pas hésité, dès la saison 4, à mettre les pieds dans le plat en plaçant le personnage le plus loufoque de la série dans une position sans précédent. Le petit frère de Phoebe, follement amoureux d’une femme plus âgée que lui, demande à sa soeur de porter ses enfants. La gestation pour autrui est, à nouveau, traitée avec humour, tendresse et sans jugement.
Saison 6 – Celle qui n’était pas stupide parce qu’elle était « fat »
Le body-shaming ne doit pas être minimisé et est malheureusement impuni dans Friends, Mea Culpa… Isolées, les critiques à l’égard de Monica semblent incroyablement culpabilisantes, seulement, elles restent des vannes de potes. De Chandler ou Ross et leurs passés de weirdo/geek à Rachel et ses manières de gosse de riche, personne n’est épargné !
Un autre débat a été ouvert mettant en évident une Monica « fat » présentée comme stupide, naïve et désespérée. Si la Monica des épisodes de Thanksgiving apparait idiote, c’est simplement parce qu’elle est censée avoir 17 ans -Elle n’est d’ailleurs pas plus futée après avoir perdu du poids-. Notez aussi qu’aucun autre personnage ne brille par son intelligence ou sa réussite amoureuse, ni à cette époque, ni dans le double épisode « The One That Could Have Been ».
Saison 7 – Celui qui avait deux mamans
Les commentaires « homophobes » de Chandler au cours des saisons sont à prendre avec autant d’auto-dérision que le personnage est sarcastique. Avec Mr Bing, tout le monde en prend pour son grade ! Après 7 saisons à exprimer son manque affectif -bien plus que son intolérance-, Chandler rejoindra Monica devant l’autel accompagné de ses deux parents. Ouh le vilain traditionaliste !
Saison 8 – Celle qui avait des parents séparés
Si le sujet ne mérite pas d’être jugé comme moderne, la série n’a eu de cesse d’offrir les schémas familiaux les moins traditionnels. Emma est née hors mariage et la garde partagée entre Ross et Rachel ne semble être un débat pour aucun des amis. Pas plus, d’ailleurs, que la part que prend Ross dans l’éducation de sa fille.
Dans la saison suivante, l’attitude de Ross face au baby-sitter de sa fille a choqué la jeune génération. Pourtant alors que ces propos sont difficilement défendables, ils sont critiqués par ses amis et personne ne trouve la réponse à la comparaison « Un mec nounou ? C’est comme si une femme voulait être… ». L’épisode se conclut sur un Ross Geller qui fond en larmes et confesse être guidé par des valeurs « idiotes » transmises par son père. Verifiez par vous-même, saison 9, épisode 12.
Saison 9 – Celle qui subvenait aux besoins du « ménage »
L’un des plus beaux couples de Friends -si ce n’est le meilleur-, est une digne représentation d’un couple moderne où chacun est à égalité. Dans la saison 9, alors que Chandler tente un changement de carrière, c’est Monica qui subvient aux besoins de leur foyer et encore une fois, aucun débat n’est fait autour de ça.
Saison 10 – Ceux qui étaient « colorless »
Sur le sujet de la diversité des « minorités » représentées, Friends n’a malheureusement pas été précurseur. Si le débat, déjà ouvert par le rappeur Jay-Z, est valide, on pense, naïvement peut-être, que la série était « sans couleur ».
L’argument peut paraître facile mais à l’exception des origines italiennes de Joey et de la confession religieuse des Geller, les showrunners semblent avoir fait le choix de mettre de côté ces questions pour que chacun s’approprie les personnages. Vous étiez-vous d’ailleurs déjà demandé de qui descendaient Rachel, Phoebe ou Chandler ? Vous n’en avez jamais eu besoin pour vous sentir proches d’eux.
Que vous le sachiez ou non, vous êtes Monica, Chandler, Ross, Phoebe, Rachel et Joey. Même un peu.
Millenials, croyez bien que vos ainés n’avaient qu’une seule hâte, vous laisser découvrir 10 saisons, 236 épisodes et 5192 minutes d’amitié, de rire, d’emmerdes, d’amour, de tolérance, de complicité, de doutes, de liberté, de solidarité, d’erreurs et de leçons de vie.
Sérieusement,
Allison Josepha
Co-fondatrice - Responsable pôle communication