Bullet Train : 5 questions au réalisateur David Leitch [Interview]
Publié le Par Alexia Malige
Film d’action décalé adapté du roman de Kōtarō Isaka, Bullet Train réunit Brad Pitt, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry et Joey King dans un train pour une aventure à grande vitesse. A l’occasion de la sortie du film ce 3 août 2022, Serieously a eu la chance d’échanger avec le réalisateur David Leitch. Rencontre.
Comment est né le projet ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans le roman de Kōtarō Isaka ?
J’ai été amené sur ce projet par ma femme et associée Kelly McCormick, qui avait parlé avec Sony. Ils avaient déjà adapté le livre avec Zak Olkewicz, qui avait écrit le scénario. Kelly l’a lu et m’a dit : « C’est vraiment quelque chose de spécial, les personnages sont dingues et il y a aussi une trame philosophique sur le destin et la chance, tu devrais le faire ». Donc, j’ai dit oui, puis j’ai commencé à lire et j’ai trouvé que Zak avait fait un super travail en inscrivant l’histoire dans un univers plus international pour le grand écran. On a particulièrement discuté de la manière dont on allait mettre sept sociopathes dans un train en les rendant assez humains pour que les gens veuillent les suivre pendant deux heures. C’est sur cette question-là que j’ai principalement collaboré avec Zak, car pour le reste, c’est surtout lui qui a fait le job.
Tourner un film d’action dans un train est un challenge très difficile à relever. Comment avez-vous travaillé avec vos équipes ?
J’ai été cascadeur pendant une grande partie de ma vie et j’ai une super équipe de chorégraphes rattachée à ma société de production. Nous avons donc travaillé main dans la main, en considérant le train comme une sorte de puzzle. Il faut composer avec le fait d’être confiné dans un petit espace et c’est pourquoi nous avons énormément parlé et travaillé avec l’équipe des décors afin de créer des wagons avec différentes spécificités. Il y a ainsi la voiture Momomon avec des accessoires pour enfants, il y a la voiture silence dans laquelle nous avons réalisé une scène de combat sans un bruit, puis il y a la voiture restaurant où la scène de combat comprend des bouteilles, des plateaux, etc. Parfois, vous vous donnez pour mission de résoudre un puzzle et cela vous rend plus créatif finalement.
Bien que Bullet Train soit adapté d’un roman, avez-vous eu d’autres influences et inspirations pour réaliser le film ? Les personnages de Citron et Mandarine ne sont pas sans rappeler le duo de Vincent et Jules dans Pulp Fiction…
Quand j’ai lu le script et même le roman, de nombreux éléments m’ont effectivement fait penser à ces personnages-là. Pulp Fiction a clairement été une influence, tout comme True Romance avec ses couleurs vives. Je me suis également inspiré de l’animation japonaise, car je voulais une photographie audacieuse et graphique, sans compter les films de Jackie Chan sur lesquels je me suis appuyé en termes de scènes de combat.
Vous connaissez Brad Pitt depuis longtemps, vous avez été sa doublure cascade à plusieurs reprises, mais c’est la première fois que vous le dirigez dans un film. Comment avez-vous travaillé ensemble ?
Mon travail en tant que réalisateur passe avant tout par la collaboration. J’ai adoré le script et on dit souvent qu’on fait un film trois fois. Vous le faites une première fois en l’écrivant, puis une deuxième fois en exécutant le script au moment du tournage, mais il y a toutes sortes de choses inattendues qui naissent de la collaboration avec des acteurs comme Brad. Il a une inspiration, on essaie différentes choses, Citron (Brian Tyree Henry) et Mandarine (Aaron Taylor-Johnson) improvisent, donc tout cela évolue et prend une nouvelle tournure. Puis, vous réalisez le film une dernière fois au moment de la phase montage et assemblez toutes ces choses merveilleuses qui sont nées grâce à l’ensemble de l’équipe.
Bullet Train évoque souvent la question de chance et de fatalité. Avez-vous vécu des événements inattendus sur le tournage, qui vous ont d’abord semblé malchanceux, puis se sont finalement révélés incroyables ?
Je n’ai pas l’anecdote en tête, mais je sais que cela s’est produit. Quand on fait un film, ça arrive forcément. Vous écrivez le scénario et vous le voyez comme la Bible, puis en tournage, quelque chose se passe mal, les acteurs parviennent à s’adapter et livrent une performance étonnante. On se dit alors : « Oh mon dieu, rien ne s’est passé comme prévu, mais j’ai gagné une scène fabuleuse ». C’est vraiment une métaphore sur le fait de réaliser un film. Le destin peut vous offrir une meilleure option, mais pour cela, il faut rester calme.
Découvrez Bullet Train au cinéma à partir de ce mercredi 3 août.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction