Borsalino : pourquoi Jean-Paul Belmondo et Alain Delon se détestaient-ils après le tournage du film ?
Publié le Par Clémence Ducas
Il arrive que certaines paires d’acteurs ne s’entendent pas grandement pendant la production d’un film ou d’une série. Mais dans le cas de Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, un conflit s’est créé uniquement après le tournage de Borsalino. Mais alors, quelle est la raison de leur embrouille, qui a fini au tribunal ?
L’ego rapporte gros. Avec près de 5 millions d’entrées en France, Borsalino est devenu l’un des films français les plus célèbres des années 70. Et pour cause, un casting prestigieux…et un scandale qui s’en est suivi ! Un film avec les deux plus grandes stars du cinéma de l’époque annonce logiquement une réussite certaine. Avoir Jean-Paul Belmondo et Alain Delon en tête d’affiche anticipait déjà le succès que le film a eu. Et si le casting et le synopsis très vendeurs ont contribué à une partie de la publicité du film, celle-ci a surtout été alimentée par une soudaine embrouille, survenue juste après la sortie du film. Mais alors qu’est-ce qui a poussé les deux acteurs à se disputer bien après le tournage de Borsalino ? On vous explique.
Les deux acteurs s’entendaient bien au départ
Dans ce policier franco-italien basé sur l’histoire de Marseille dans les années 30, Bébel interprète François Capella aux côtés d’Alain Delon dans le rôle de Roch Siffredi. C’est d’ailleurs le Félin lui-même qui a eu l’idée de créer cette adaptation du roman Bandits à Marseille d’Eugène Soccomano, au grand écran. Devenant ainsi producteur du film, Alain Delon a souhaité attribuer le deuxième rôle principal à Jean-Paul Belmondo, ainsi que la réalisation au réalisateur Jacques Deray, qu’il connaissait déjà grâce au tournage de La Piscine (1969).
C’est ainsi que l’acteur d’Un Singe en Hiver signe le contrat et rejoint le tournage de Borsalino aux côtés de Delon. Par la suite, les deux comédiens resteront professionnels durant toute la durée de la production. Jusqu’à ce qu’arrive la sortie du film en salles.
Jean-Paul Belmondo a envoyé Alain Delon au tribunal
Qui dit casting de prestige, dit parfois conflit d’orgueil. Il suffit d’un rien pour que de vieilles tensions refassent surface… même d’un petit mot ! Alain Delon étant producteur, il aurait fini par remplacer « Adel Productions présente » par « Alain Delon présente » sur l’affiche du film. En voyant ce changement conséquent, Jean-Paul Belmondo ne l’accepte pas. Celui-ci n’apparaît alors qu’une fois, tandis que son partenaire revient deux fois. Pourtant, cette modification n’ayant pas été spécifiée sur les contrats (les deux acteurs étant censés avoir le même temps d’écran dans le film), un conflit entre les deux survient, alors que le film fait déjà son début dans les salles obscures. D’abord frustré, Belmondo évitera l’avant-première du projet, ainsi que son ancien collègue, jusqu’à pousser l’affaire un peu plus loin.
Dépassant la barrière personnelle, l’acteur du Professionnel finit par amener cette affaire devant la justice. Bien après que Borsalino soit retiré des écrans, il faudra attendre deux ans avant que la cour ne donne son verdict, en juin 1972. Résultat : Belmondo sort vainqueur en plus de faire passer l’accord du retrait immédiat de toutes les affiches du film.
Une histoire qui finit bien
Après cette querelle judiciaire, on pourrait croire qu’Alain Delon en soit sorti rancunier. Eh bien, pas le moins du monde ! Quelques années plus tard, les deux comédiens se retrouvent devant la caméra à l’occasion du film de Patrice Leconte, Une chance sur deux (1998). Malgré les tabloïds mensongers, les deux acteurs sont toujours restés professionnels et amis, sur les plateaux de tournage, comme à l’extérieur.
Quelques années après la sortie du film, Alain Delon se déplacera lors de la remise de la légion d’honneur à Jean-Paul Belmondo. Après la mort de ce dernier en 2021, l’acteur du Jaguar a rendu un hommage émouvant à son ami défunt. « Je suis bouleversé » avait-il partagé à l’antenne de Europe 1 en ajoutant, « Cela faisait 60 ans qu’on se connaissait, qu’on travaillait ensemble. Nous avons été tellement proches l’un de l’autre, et ça m’a bouleversé« . Finalement, leur conflit n’a été que de courte durée. Sur le long terme, leur amitié est restée plus forte que la notoriété, et on est heureux qu’ils soient restés aussi proches jusqu’à la fin.
Clémence Ducas