Blonde : cinquante nuances d’horreur pour l’enfant chérie d’Hollywood

Blonde : cinquante nuances d’horreur pour l’enfant chérie d’Hollywood

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C’est une tempête horrifique qui s’abat sur Hollywood en ce début d’automne avec Blonde, le film d’Andrew Dominik, basé sur la biographie fictive de Marilyn Monroe par Joyce Carol Oates. Un cauchemar de strass et de paillettes porté par une Ana de Armas saisissante, qui revisite avec fracas la vie tumultueuse de l’emblématique icône du cinéma. 

« Les hommes sont faux, ambitieux, vaniteux, égoïstes et le meilleur ne vaut pas le diable, c’est bien triste. » Les mots de George Sand se suffiraient à eux-mêmes pour résumer Blonde, fresque sordide et suffocante qui raconte Marilyn Monroe avec une noirceur effroyable. De son enfance misérable à sa disparition tragique, le long-métrage dresse un portrait désenchanté de la princesse de Hollywood, dépeinte ici comme une belle pièce de viande, jetée dans la cage aux lions. Un morceau de chair tendre convoité par les mâles les plus féroces de Los Angeles, assez puissants pour ne faire qu’une bouchée de leur proie. 

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© Netflix

Entre ses formes généreuses, sa chevelure d’or et sa bouche pulpeuse, Norma Jeane Mortenson n’avait aucune chance. Aucune chance de pouvoir s’échapper de ce long et douloureux périple qui l’a conduite tout droit à l’abattoir doré de la gloire. De jeune femme innocente et rêveuse, la jolie Californienne est vite devenue la dinde de la farce, divertissant un tapis de prédateurs qui n’avaient d’autre dessein que celui de la manger toute crue. 

La monstruosité dénoncée par le sublime

Si le film Blonde se présente comme un cauchemar interminable, Andrew Dominik (Mindhunter) a choisi de mettre en valeur la laideur du monde par la beauté de l’image. Avec son directeur de la photographie, Chayse Irvin, le réalisateur australo-néo-zélandais a conçu une œuvre à l’esthétique irréprochable, filmant chaque atrocité vécue par son héroïne avec la même splendeur que ses moments de grâce. Ce contraste frappant fait alors ressortir l’abject et l’abominable avec une force décuplée, qui rend certaines scènes particulièrement difficiles à regarder. 

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© Netflix

Alternant entre couleur et noir et blanc, l’histoire oscille entre courts instants de bonheur et de cruauté, tous maquillés avec la même précision. En ressort un produit final à l’allure terriblement superficielle, qui a finalement bien plus à dire que ce que son apparence laisse imaginer. Un bel hommage à Marilyn, en somme.

Un esprit embrouillé, un scénario qui l’est tout autant

Loin d’être un biopic réaliste et fidèle à la vie de Marilyn Monroe, Blonde est basé sur le roman éponyme de Joyce Carol Oates. L’histoire s’inspire donc bien de l’existence de la célèbre comédienne, mais a été librement interprétée et déformée par l’écrivaine. Le film s’intéresse ainsi aux différentes relations de la jeune femme, de son mariage avec Joe DiMaggio (Bobby Cannavale) à celui avec Arthur Miller (Adrien Brody), en passant par sa romance scandaleuse avec Charles Spencer (Xavier Samuel), fils de Charlie Chaplin et Eddy Junior (Evan Williams), fils d’Edward G. Robinson. Andrew Dominik explore ici les secrets supposés de la star en prenant des risques, mais joue aussi dangereusement avec les ellipses et les faits passés sous silence. 

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© Netflix

Profitant de l’esprit perturbé de l’héroïne pour justifier la direction chaotique du scénario, le long-métrage se révèle parfois difficile à suivre, desservi par un excès de mystères inutiles. La chronologie embrumée entraîne d’ailleurs une certaine confusion par rapport à l’intrigue et les différentes questions en suspens laissent un goût d’inachevé. En 2h45, le film multiplie donc les occasions de nous perdre, se raccrochant à ses scènes les plus choquantes et insupportables pour ranimer régulièrement notre attention vacillante.

Happy Blow Job Mister President !

Violences conjugales, violences sexuelles, violences gynécologiques, Blonde ne nous épargne rien. De son enfance à sa mort, la Norma Jeane de Ana de Armas traverse des épreuves épouvantables, retranscrites à l’écran par des scènes terriblement longues et irrespirables. Une série d’horreurs incarnée avec courage et profondeur par l’actrice cubaine de 34 ans, qui livre probablement ici la meilleure performance de sa carrière. 

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© Netflix

Toute l’étendue de son talent réside peut-être même dans son regard lors de l’effroyable scène de fellation avec John Fitzgerald Kennedy, montré ici en train d’user de son statut pour obtenir des faveurs sexuelles. A l’évidence, le Président préfère les blondes et n’a pas besoin de sept ans de réflexion pour faire mettre celle qu’il a choisie à genoux. Filmé en gros plan et rehaussé par un bouleversant dialogue intérieur, ce tableau immonde donne ainsi une idée plutôt authentique de ce genre de situation, malheureusement subie par Marilyn, mais aussi par des millions de femmes à travers le monde. Est-ce dérangeant à regarder ? Incommodant à observer ? Absolument. En ce sens, Andrew Dominik ne fait pas simplement dans le sulfureux pour choquer, mais offre une vraie représentation aux femmes brutalisées par des hommes sans foi ni loi.

A travers Marilyn, il raconte la souffrance, souvent taboue, liée à la beauté, au sexe et à la célébrité et montre comment une flamme, aussi lumineuse et brûlante soit-elle, ne peut pas résister face au vent misogyne qui souffle sur le monde.  

Alexia Malige

Alexia Malige

Journaliste - Secrétaire de rédaction

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