Lola Dewaere et Sara Mortensen : « Avec Astrid et Raphaëlle, on a voulu prouver qu’on est tous exceptionnels »
Publié le Mise à jour le Par Clément Rodriguez
Serieously a eu l'occasion d'interviewer Sara Mortensen et Lola Dewaere à l'occasion de la diffusion de la série Astrid et Raphaëlle, actuellement sur France 2. Leur réaction suite aux audiences, la plongée dans le caractère de leur personnage, les secrets de tournage, les deux actrices nous disent tout !
Est-ce que vous saviez déjà que le pilote diffusé en avril dernier pouvait aboutir sur une série ?
Lola Dewaere : On sait tous que quand un pilote sort sur n’importe quelle chaîne, cela pourrait déboucher sur une série. Déjà en amont, il y a déjà des choses qui sont prises en main pour éventuellement aller très vite ensuite si c’est un succès.
Sara Mortensen : Quand on a eu le scénario, on n’avait pas envie de s’arrêter au bout de vingt jours de tournage. Ce sont des personnages qui peuvent être développés sous tellement d’angles.
Quelle a été votre réaction en voyant les audiences du pilote, qui a réuni 5 millions de téléspectateurs ?
Sara Mortensen : On est toujours content, ça fait toujours plaisir. On préfère qu’il y ait 5 millions de personnes devant la télé plutôt que 2. Ça ne m’appartient pas, mais j’étais très heureuse. Si ça fonctionnait, ça voulait dire qu’on continuait, et c’est la même chose aujourd’hui.
Lola Dewaere : Je suis assez nulle, je ne me rends pas compte de l’audimat. Pour moi, ce n’était pas beaucoup et je boudais un peu. Et les gens m’ont dit « tu ne te rends pas compte. » J’ai commencé à me rendre compte du succès quand de beaux papiers sont sortis sur la série. Moi, l’audimat, ça ne me fait pas vibrer parce que je n’ai pas trop les références.
« Notre évolution ne se fait pas très vite, mais comme dans la vie«
Astrid est très ordonnée, Raphaëlle très bordélique. Personnellement, de quel personnage vous rapprochez-vous le plus ?
Lola Dewaere : Je suis complètement Raphaëlle, c’est à peine un rôle de composition, j’ai juste eu à apprendre à tenir un pistolet ! C’est un personnage qui se rapproche de mon caractère avec des valeurs certaines, de la droiture, mais qui est capable de braver tous les interdits pour rendre justice à une personne ou à une enquête. C’est pour ça qu’on dit qu’elle est border, elle n’hésite pas à franchir les limites. Mais elle réfléchit beaucoup, et c’est en ça que ça se passe plutôt bien avec Astrid parce que la “rigidité” d’un autiste Asperger n’est pas si loin des principes de droiture de Raphaëlle. Elles sont différentes mais pas si éloignées que ça.
Sara Mortensen : Je peux être super-ordonnée et organisée pour des trucs, et over bordélique pour d’autres. Je serais un bon mix entre Astrid et Raphaëlle. Mais moi, je n’ai jamais oublié d’aller chercher mon fils à l’école (rires). Raphaëlle fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a. Elle a un boulot de dingue, un ex qui lui prend la tête, son fils au milieu. On peut comprendre qu’elle ait des bugs sur les horaires de l’école. Je ne pense pas que ça fasse d’elle une maman horrible.
La vie de famille de Raphaëlle n’est pas beaucoup développée au début de la série, à l’inverse de celle d’Astrid qu’on voit enfant. Est-ce que c’est parce que ce n’est pas le propos de la série ?
Sara Mortensen : Dans le pilote, on avait accès à la vie privée de Raphaëlle, son appartement, sa famille, on avait accès à sa vie de flic et sa vie à côté. Astrid, elle, était extrêmement énigmatique parce qu’on ne savait rien sur elle, à part les quelques flash-backs. Là, on en apprend plus sur son passé pour comprendre pourquoi elle en est là aujourd’hui, pourquoi elle travaille à la documentation criminelle. Au fur et à mesure, Raphaëlle va en savoir plus sur le passé d’Astrid. Tout ça se rééquilibre, on avait besoin d’apporter des réponses au passé d’Astrid.
Lola Dewaere : Les deux familles vont être abordées dans les épisodes suivants. C’est dans l’évolution de la série. Les auteurs ne voulaient pas attaquer ça tout de suite. Il fallait rappeler que c’était des enquêtes policières. Ils ne voulaient pas que ce soit trop personnel tout de suite. Avec une autiste Asperger, notre évolution ne se fait pas très vite, mais comme dans la vie. On ne pouvait pas tout de suite planter le décor avec la tangente autiste Asperger d’Astrid, c’est une évolution.
« Ce n’est pas Boule et Bill dans une maison hantée«
Est-ce que vous diriez que c’est une série familiale malgré quelques enquêtes noires, sur une maison hantée par exemple ?
Sara Mortensen : Je pense que c’est une série que beaucoup peuvent regarder mais ça reste un polar. C’est une série qui essaye d’avoir des enquêtes différentes, donc il faut trouver des intrigues nouvelles, des enquêtes inédites et originales, et la manière de les traiter à travers Astrid et ses casse-tête, c’est assez différent. Il y a la volonté d’avoir une vraie patte, une réalisation particulière. Il y a aussi un message qui est assez large, que les gens se rendent compte que la différence est une qualité et pas quelque chose dont on doit avoir peur.
Lola Dewaere : On est beaucoup moins frileux aujourd’hui qu’on ne l’était hier. Ça peut rester une série familiale, c’est vrai qu’on voit une maison hantée mais seulement dans les deux premiers épisodes, ça plante un peu le décor. Ce n’est pas Boule et Bill dans une maison hantée, il y a un peu de noirceur (rires). Mais les enfants sont préparés à tellement de choses aujourd’hui que ce n’est pas quelque chose que je leur interdirais.
Sara, pour le personnage d’Astrid, est-ce que vous développez plus d’aspects de sa personnalité que dans le pilote ?
Sara Mortensen : J’ai tout travaillé, encore plus en profondeur. J’ai dû faire des choix artistiques, par rapport au scénario, et aussi “autistiques” qui devaient être définis. Je ne pouvais pas arriver en saison 1 et faire des traits différents, ou en effacer certains par rapport au pilote. Ce qui a évidemment changé, c’est tout ce à quoi Astrid est confrontée. Elle est extrêmement organisée, elle ne sait pas ce que c’est que l’imprévu ou la spontanéité. Tout ce qu’elle vit est à l’inverse de ce qu’elle a vécu jusque-là. Elle suit Raphaëlle qui est hyper instinctive et impulsive, donc j’ai dû travailler sur tout ça, sur la façon dont elle réagit face à toutes ces nouvelles choses qui se passent. Et elle a aussi une évolution tout au long de la saison 1, multipliant les imprévus et les interactions sociales. Si, au bout de l’épisode 3, elle fait la bise, elle fait quoi en saison 12 ? (rires) Il faut lui laisser le temps d’évoluer, elle a tous les codes à apprendre.
« Je ne pense pas qu’on soit porteur de message«
Astrid est fan de casse-tête. Est-ce c’est une chose qui vous obsède aussi?
Sara Mortensen : C’est son intérêt spécifique, en fait. Ce sont des domaines dans lesquels les autistes Asperger excellent. Moi, je n’ai pas de passion qui me fascine au point de tout savoir de A à Z, et surtout pas les casse-tête. Figurez-vous que j’ai tout appris, j’ai passé des heures à les apprendre. Entre chaque prise, quand quelqu’un se plantait dans le texte, je refaisais tous les mouvements pour me remettre au bon endroit. J’ai appris tous mes casse-tête et tous mes tangram. J’ai même appris le Rubik’s Cube, c’est pour vous dire !
Est-ce que vous trouvez que la série a vocation à faire passer un message ?
Lola Dewaere : On est là pour divertir les gens, je trouve ça prétentieux de dire qu’on est là pour porter un message. Avec le fait qu’on se penche sur le cas des autistes qui sont des gens tout aussi exceptionnels que les neurotypiques, on a voulu prouver qu’on est tous exceptionnels. Sans aucune prétention, je ne pense pas qu’on soit porteur de message. Ça va peut-être intéresser les gens. Avec Sara, on veut faire comprendre aux gens que ce n’est pas une maladie, c’est une différence. Quand on lit des choses qui se sont passées dans les années 70 avec des autistes, il y a quand même eu une belle évolution et je serais contente si les gens se rendent compte.
Clément Rodriguez
clement@serieously.com
Je suis le fils spirituel de Jake Peralta (Brooklyn 99) & Roland (Plus Belle La Vie).
En ce moment, mon Snack&Chill idéal c'est des madeleines et du chocolat chaud devant Desperate Housewives.