Alerte Rouge : une bête de film pop et régressif à ne pas manquer
Publié le Mise à jour le Par Alexia Malige
Après avoir enchanté les spectateurs du monde entier avec son court-métrage Bao, Domee Shi présente son tout premier film d’animation, inspiré de son adolescence. Un retour dans les années 2000 plein d’émotion (et de réflexion), qui fait d’Alerte Rouge le nouveau bijou Pixar à ne pas manquer !
Alerte Rouge ! Bête de scène en approche ! Jeune fille modèle de 13 ans, Meï doit apprendre à concilier l’image d’enfant parfaite qu’elle désire renvoyer à sa mère avec celle d’adolescente en plein chaos émotionnel. La puberté la gagne, les hormones chamboulent ses humeurs et les premières histoires d’amour frappent à son coeur. Elle n’est plus la petite fille d’autrefois, mais n’est pas encore une femme non plus.
Meï est en transition et cette période de tous les changements la terrifie autant qu’elle ne l’enthousiasme. Sa vie de collégienne est bien remplie et alors qu’elle pense avoir son existence parfaitement en main, un événement surnaturel va soudainement venir bouleverser ses certitudes. Et pour cause, un beau matin, l’adolescente se réveille dans la peau d’un panda roux géant. Un panda roux qui apparaît lorsqu’elle perd le contrôle de ses émotions et disparaît lorsqu’elle parvient à retrouver la maîtrise d’elle-même. Cette drôle de malédiction va donc être la source de grandes interrogations, mais également de croissance et de réflexion.
Les années 2000 reprennent du poil de la bête
Adieu les smartphones, bonjour les téléphones à clapets. Domee Shi abandonne les maudites 20s pour revenir dans l’âge tendre des 2000. Tamagotchis, barrettes et boys bands, Alerte Rouge nous replonge dans une autre époque, où être adolescent impliquait davantage de posters, concerts et passion et relevait moins des likes et notifications. Ce côté pop et régressif gagne immédiatement le coeur et lorsque les première notes de « Nobody Like U » arrivent aux oreilles, c’est notre âme de fan girl qui s’éveille.
Les trois chansons inédites composées par Billie Eilish et Finneas O’Connell pour le film sont aussi légères qu’entrainantes et retranscrivent parfaitement l’atmosphère rétro-cool de l’époque. Entre ces titres entêtants, la bande-originale de Ludwig Göransson et l’esthétique aux couleurs vives, le voyage dans le passé est une réussite totale. Attention toutefois à ne pas trop se laisser gagner par la nostalgie au risque de trouver le retour à la réalité pénible et sans saveur.
L’adolescence passée au peigne fin
Tandis que Mei vit sa meilleure vie entre résultats scolaires impeccables, bande de copines soudée et bonne entente avec ses parents, mère nature lui livre brutalement un petit paquet explosif : la puberté sous forme de panda roux. Entre la grande taille, les poils et le sentiment d’être affreusement mal dans son corps, Mei voit rouge ! Et lorsque sa mère pense l’aider au mieux en la surprotégeant et en lui apportant des serviettes hygiéniques devant toute sa classe, c’est le drame !
Cependant, étant particulièrement intelligente et déterminée à traverser cette épreuve la tête haute, l’adolescente va passer de rouge de honte à bête de scène. Une manière bien à elle de dompter l’animal, qui va lui permettre de trouver sa véritable voix. La réalisatrice approche ainsi la puberté avec beaucoup de tendresse et d’empathie et livre alors un film touchant, pertinent et très original.
Son panda, son choix !
Si la métaphore du panda roux sert avant tout à illustrer le passage par la puberté, avec tous les bouleversements gênants que cela entraîne, l’animal est également utilisé pour parler de l’évolution de la condition féminine à travers les âges. Mei apprend ainsi à vivre avec son panda, l’apprivoise et parvient même à en faire un atout. Elle accepte ce nouveau côté d’elle-même, alors même que sa mère, sa grand-mère et ses tantes ont vécu l’expérience très différemment.
Domee Shi transmet donc ici quelques messages puissants en montrant l’étendue des droits et libertés que les femmes ont gagné depuis un siècle, en mettant en perspective le présent débridé de Mei avec le passé réprimé de ses aînées. Et si la jeune fille est heureuse de pouvoir disposer de ce monde ouvert qui s’offre à elle, elle n’en oublie par pour autant de faire entendre sa voix, afin de continuer à faire tomber les barrières qui la privent encore de certaines libertés. En d’autres termes : son panda, son choix.
Alerte Rouge est disponible sur la plateforme Disney+ et en DVD, Blu-ray, 4K et VOD.
Alexia Malige
Journaliste - Secrétaire de rédaction