10 films français qui ont fait scandale au moment de leur sortie au cinéma

10 films français qui ont fait scandale au moment de leur sortie au cinéma

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Au moment de leur sortie dans les salles obscures, plusieurs films français, au cours de ces dernières décennies, ont créé la polémique. Si certains ont fini par rencontrer un beau succès au cinéma, ce n’est pas le cas d’autres, qui souffrent encore de leur(s) scandale(s). La preuve par dix.

Le Père Noël est une ordure

Pierre, Felix, Zezette et Therese dans Le Père Noël est une ordure
© CCFC

Avant de devenir la comédie des fêtes de fin d’année par excellence, Le Père Noël est une ordure était en réalité bien loin d’obtenir ce statut. Pourquoi ? À l’époque, le titre du film était jugé trop provocateur et il ne fallait surtout pas entacher la réputation de la figure légendaire du père Noël, qui doit uniquement être synonyme de joie et bonne humeur. Après de longues discussions, Jean-Marie Poiré, le réalisateur, a décidé de garder cette appellation. C’est d’ailleurs pour cette même raison que la RATP et la SNCF ont refusé de soutenir la promotion et la campagne d’affichage du long-métrage en 1982. Les firmes estimaient que le titre était une « atteinte à un mythe enfantin ».

Le film Irréversible

Image du film Irréversible
© Mars Films

En 2002, Irréversible de Gaspard Noé est présenté au Festival de Cannes en compétition officielle. Les yeux du monde cinéphile étaient alors rivés sur le deuxième long projet du réalisateur italo-argentin mettant en scène Monica Bellucci, Vincent Cassel et Albert Dupontel. Mais pendant la séance, alors que le film est en cours de projection, des spectateurs quittent la salle, en criant au scandale. La raison de leur départ soudain ? La violence crue représentée dans le drame psychologique.

Pendant neuf longues minutes, cette histoire en toile d’araignée montre le viol d’Alex (Bellucci) dans un passage souterrain. La caméra s’attarde sur cet acte épouvantable, avant de continuer son chemin. Les réactions des spectateurs qui ont quitté la salle sont unanimes, selon Le Parisien : « C’est une horreur« , « En 25 ans de métier, je n’ai jamais vu ça !« , « Le cinéma, ce n’est pas ça« , ou encore « Vous n’auriez jamais dû faire un film comme ça, » comme l’a scandé une spectatrice à l’équipe.

Aujourd’hui, tout visionnage d’Irréversible reste compliqué, surtout pour un public non-averti. Toutefois, Monica Bellucci, la principale concernée, a pris la parole à de nombreuses reprises pour rassurer le peuple. Au micro du Journal du dimanche, l’actrice avait affirmé que grâce aux répétitions, elle n’appréhendait pas le tournage de la scène du viol, et qu’il s’agissait pour elle plus d’une « chorégraphie » que d’une agression simplement pour choquer.

Le scandale derrière Le Dernier Tango à Paris expliqué

Le Dernier Tango à Paris, film
© United Artists

Pour camper le personnage de Jeanne aux côtés de l’iconique Marlon Brando dans Le Dernier Tango à Paris, le cinéaste Bernardo Bertolucci cherchait une jeune comédienne. C’est ainsi qu’il jette son dévolu sur une certaine Maria Schneider, âgée de seulement 19 ans. L’occasion rêvée pour la jeune actrice en devenir d’enfin percer dans le septième art. Le film raconte l’histoire d’une passion charnelle et obsessionnelle entre Paul, un quadragénaire aux pensées suicidaires, et Jeanne, une femme qui pourrait presque passer pour une adolescente. Régulièrement, pour maintenir leur relation, le couple se donne rendez-vous dans l’appartement parisien que loue l’Américain pour passer la nuit ensemble.

Une scène de sodomie en particulier heurte les spectateurs et l’actrice Maria Schneider. Dans une pièce vide, Paul, plaque avec force sa partenaire au sol. Au même moment, il se saisit de beurre pour une pénétration et le quadragénaire viole Jeanne. Il se trouve qu’en réalité, Maria Schneider n’était pas au courant de cette séquence, puisqu’elle a été ajoutée au dernier moment par Marlon Brando et Bernardo Bertolucci. Le duo n’avait donc pas le consentement de l’actrice pour tourner une telle scène. Les deux hommes n’ont pas prévenu la comédienne, car ils voulaient une vraie réaction de sa part, que sa rage soit authentique et qu’elle verse de vraies larmes. En 1978, Maria Schneider s’est exprimée à Paris Match : « Les spectateurs n’ont pas besoin de savoir que la petite Maria, après le tournage de la fameuse « scène du beurre », a été se cacher au fond de sa loge et a pleuré toute la nuit comme une enfant« . Le réalisateur a reconnu, après les faits, qu’il s’agissait bien d’un viol.

La réputation du film a à jamais été entachée par ce scandale. En raison de sa banalisation du viol, de nombreux exploitants de salles refusent de (re)passer Le Dernier Tango à Paris lors de rétrospectives et des milliers de spectateurs refusent de le regarder. En décembre 2024, la Cinémathèque française a annulé la projection du long-métrage suite aux remarques et aux demandes des internautes et du public. L’histoire de Maria Schneider et ce scandale ont été racontés dans le biopic Maria de Jessica Palud avec Anamaria Vartolomei (Le Comte de Monte-Cristo) dans le rôle-titre, sorti l’année dernière.

Eiffel

Eiffel
© Pathé

À sa sortie en 2021, Eiffel de Martin Bourboulon a fait couler beaucoup d’encre. La raison ? La différence d’âge importante entre les acteurs principaux, Romain Duris et Emma Mackay, pourtant totalement inutile au scénario. Romain Duris, né en 1974, incarne Gustave Eiffel dans sa cinquantaine. Un choix de casting cohérent puisque l’ingénieur était à cette même période de sa vie durant sa construction. De son côté, Emma Mackay, née en 1996, interprète Adrienne Bourgès. Dans la vraie vie, l’amante de l’architecte n’avait qu’une douzaine d’années de moins que lui, donc loin des 22 ans séparant les comédiens.

Sur la Toile, les utilisateurs ont critiqué ce casting, qu’ils ont jugé comme étant de l’âgisme et une énième tentative d’invisibiliser les actrices plus âgées en renforçant l’idée qu’une jeune femme tombe toujours sous le charme d’un homme plus vieux et « mature ».

Agathe Cléry

Valérie Lemercier dans Agathe Cléry
© Pathé Distribution

Dans Agathe Cléry, Valérie Lemercier prête ses traits à Agathe, une directrice marketing spécialisée dans la production de cosmétiques réservés aux peaux claires. La cheffe est atteinte de la maladie d’Addison qui lui fonce la peau. Petit à petit, alors qu’elle est raciste, Agathe réalise qu’elle devient noire. Une partie du public a jugé le film raciste, stéréotypé et honteux. Valérie Lemercier est accusée de blackface, une pratique profondément raciste et discriminatoire envers la commune noire, qui renvoie aux heures les plus sombres de l’Histoire.

Titane

Titane film
© Diaphana Distribution

À l’instar d’Irréversible, Titane de Julia Ducournau a lui aussi fait scandale au Festival de Cannes. Le drame choque dans ce qu’il raconte et montre à l’écran. La violence est poussée à l’extrême dans le long-métrage, et c’est ce que les spectateurs ont dénoncé en sortant de la projection. Vomissements, évanouissements, étourdissements : les retours sur Titane ne sont pas glorieux. La réalisatrice n’a pas voulu limiter les scènes de body-horror et gores. Selon elle, il s’agissait simplement de la meilleure façon de dépeindre ce qu’elle voulait vraiment dire.

Des mois après sa première sur La Croisette, le film a tout de même rencontré un joli succès critique en France et à l’étranger. Même si aujourd’hui, Titane est toujours lié à ce scandale, l’image du film n’a pas été pour autant profanée.

Pourquoi Pas de vagues a fait scandale ?

Francois Civil dans Pas de vagues
© Ad Vitam Distribution

En début d’année 2024, Pas de vagues, réalisé par Teddy Lussi-Modeste, a ravagé Internet avant même sa sortie au cinéma. Dès la publication de la bande-annonce, les internautes ont critiqué les propos du film, son sujet, sa mise en scène, son réalisateur et son acteur principal, François Civil. Pourquoi ? Le long-métrage est accusé d’invisibliser, encore une fois, le harcèlement que peuvent subir les jeunes femmes dans le milieu scolaire.

À la manière de La Chasse de Thomas Vinterberg, Pas de Vagues raconte l’histoire d’un professeur (François Civil) accusé à tort par une de ses élèves de harcèlement sexuel à son égard. Julien va donc passer l’entièreté du film à clamer son innocence, sans jamais remettre en question son comportement problématique et son attitude qui ne ressemble pas à celle d’un professeur, envers ses élèves. Certains utilisateurs sur X qualifient même le film d’une « offensive directe contre le mouvement MeToo » ou encore d’insulte pour les vraies victimes qui portent plainte.

Jeanne du Barry

maiwenn-et-johnny-depp-film-jeanne-du-barry
© Stéphanie Branchu / Why Not Productions / Le Pacte

Jeanne du Barry, le film d’ouverture du Festival de Cannes 2023, a scandalisé la presse et le public lors de sa projection spéciale, pour deux raisons. La première est liée à Maïwenn, la réalisatrice, accusée d’avoir agressé le journaliste français Edwy Plenel. Des faits qu’elle a par la suite reconnus sur le plateau de Quotidien. Mais ce n’est pas tout. D’après les rumeurs, Maïwenn et Johnny Depp, qui incarne Louis XV dans le drame périodique, entretenaient une relation très tendue sur le tournage. « C’était intense, parfois tumultueux, mais je suis rodée. Comme avec toutes les stars de ce calibre, qui plus est habitées comme lui, il y a de formidables avantages et des inconvénients » avait confié la star de Polisse à Harper’s Bazaar en 2023.

Choisir Johnny Depp pour incarner le rôle principal a posé problème au public, qui ne comprenait pas comment, après tous ses procès médiatiques, l’acteur de Pirates des Caraïbes pouvait encore être embauché par des réalisateurs et producteurs. Jeanne du Barry a souffert de ces scandales et n’a cumulé que 13 millions de dollars au box-office mondial, contre un budget s’élevant à plus de 20 millions d’euros.

La Vie d’Adèle : Chapitres 1 et 2

Image du film La Vie d'Adele
© Wild Bunch Distribution

Le tournage de La Vie d’Adèle a été compliqué, pour les techniciens comme pour les actrices, qui devaient sans cesse répéter les scènes de sexe. À sa sortie au cinéma, certains spectateurs ont été outrés par les séquences mettant en scène les jeunes Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux en plein acte.

« A la fin de la journée, Abdellatif Kechiche était fou de rage parce que je marchais vers Adèle en riant un peu, après avoir marché l’une vers l’autre pour cette scène toute la journée. Il est devenu fou, a lancé le moniteur au milieu de la rue« , avait alors affirmé Léa Seydoux au micro du Parisien. Après leur expérience, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux ont déclaré à Daily Beast qu’elles ne travailleraient plus jamais avec le réalisateur : « Abdellatif Kechiche est un génie, mais il est torturé« . Depuis que les actrices ont pris la parole, des milliers de spectateurs refusent de voir le film, pour ne pas tomber dans le sadisme et le voyeurisme.

Les Aventures de Rabbi Jacob

Les Aventures de RabbiJacob
© SNC

Les Aventures de Rabbi Jacob a failli ne jamais voir le jour en raison de la polémique qui l’a accompagné. Alors que la comédie avec Louis de Funès est programmée pour une sortie dans les salles le 18 octobre 1973, la guerre de Kippour ou guerre du Ramadan, éclate une dizaine de jours avant. Les producteurs ont donc préféré décaler la sortie, pour qu’elle ne coïncide pas avec le conflit opposant Israël à l’Égypte et la Syrie. Sortir un film avec un catholique, un juif et un musulman alors qu’une guerre opposant ces religions se déroule au Moyen-Orient était mal vu. Malgré les craintes de l’équipe sur un éventuel attentat qui pourrait se dérouler pendant les projections, Gérard Oury a maintenu la date de sortie.

Danielle Cravenne, dont le mari Georges Cravenne était chargé de la promotion du long-métrage, voulait à tout prix que la comédie ne sorte pas au cinéma parce qu’elle estimait que le film soutenait Israël. Danielle Cravenne est allée jusqu’à détourner un avion et menacer de le faire exploser pour revendiquer ses idées et interdire la diffusion de l’oeuvre en France. Finalement, le manque de carburant provoque l’arrêt prématuré du Boeing sur terre, et Cravenne est abattue par les forces de l’ordre.

Drifa Maza

Drifa Maza

Journaliste

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